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Invité | HELLOW GOZENOUNEY, MOUHAHAHAHA~
*Musique de la team Rocket en cours*
Je suis de retour Pour critiquer ton parcours Afin de parler de ton oeuvre et soutenir ton projet Afin de préserver l'édition des mauvaises idées Afin d'écraser les défauts de ton travail acharné Afin d'avoir l'occasion de te rabaisser (Et pour le coup c'est même pas vrai)
CELESTE ASHURA
Le hérisson cyan plus rapide que le temps Réfère toi à mes mots ou tu vas manger tes dents!
MIAM OUI TES DENTS!
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Aniway. (Teuheu, j'parle comme Melvin now)
Au hasard du forum, je tombe sur une réécriture des chroniques de l'ARK, l'oeuvre de ce cher Alex "Gozen" Mexicain (toi, en l’occurrence); réécriture que j'attendais avec impatience depuis que j'avais décroché de ta première mouture, un pastiche entre roman d'aventure, personnages inégaux, style dysarmonique autant que sarcastique mais, surtout, univers assez original et bien foutu compris entre la fantasy, la science fiction, les délires cosmique, la satyre du monde terrestre, l'humour vaseux et la mythologie fichtrement bien foutu.
Bref, même si celons moi c'étais énormément perfectible à tout les niveaux mais qu'il y avait quand même un boulot assez colossal derrière, force est de constaté que, bah, j'my été attaché à ce petit monde. J'avais beau avoir décroché à cause des défauts que je t'avais déjà communiqués, j'avais gardés en tète cet univers en espérant une VRAI réécriture bien plus complètes, et prié pour qu'elle arrive un jour sous un quelconque format.
Et là.
Et LA.
Motherfucker, elle y est. Elle est là. Elle est belle, elle est longue, elle est novatrice, elle sent bon le sable chaud. Le REMAKE, que dis-je, le REEBOOT TOTAL des chroniques de l'ARK et de son univers, la consécration, la QUINTESSENCE DE TON ART ET...
Ouais, non, en fait. C'est pas parfait, c'est PAS LOIN d’être parfait, mais ça l'est pas. Et, tu sais quoi? Je vais te faire une fleur. Je vais expédier les défauts vite fait, histoire de te donner quelques coup de marteau histoire de te porter au nues par la suite, ça me fera moins mal au coeur et comme ça tu pourras plus dire que je suis méchant, blablabla, toussa. Même si, tels que je connais nos relations, objectivement t'en à un peu rien à branler que je te tape un peu dessus, si?
Aniway: premier défaut majeur, le premier que j'ai noté, le RYTHME. Et, je pense, avec le recul, que c'est ça qui m'avait fait décroché de la première version de l'ARK, même s'il y à une amélioration palpable à ce niveau là, parce que les nombreuses qualités de la mouture 2013 trompent un peu cette impression de... Je sais pas... Que ça va assez vite. Et que certaines phases sont mal finies, cassées, qu'on prend pas assez le temps sur certaines choses. J'aurait aimé qu'on passe plus de temps à décrire le quotidien de Jon avant l'embrouille avec Ralph. Prendre le temps de découvrir beaucoup plus lentement, qu'on en sache plus, avec plus de parcimonie; par exemple, les dialogues, et d'une manière plus globale la relation, entre Laura et Jon sont trop rapides, pas assez expressifs, explicités, et on vois difficilement comment on est passé de "une fille de ma classe" à "je te trouve magnifique"; d'une manière générale, le personnage de Laura est dévoilé vachement rapidement pour quelqu'un que tu présentais comme mystérieux et froid. Comme Vlad, j'aurai aimé que tu t'y attardes autant, au moins, que Melvin, ne serais-ce que par le biais des dialogues, comme tu l'as fait avec ce dernier (putain dieu que ce nouveau personnage est énorme). En fait, d'une manière générale tu vas trop vite: En deux chapitre, soit environ une demi heure de lecture, on à déjà un combat avec un gros cyborg dans la cours d'un lycée, qu'on aurait aimé découvrir un peu plus; et c'est d'autant plus marqué quand il s'agit des relations entre deux personnages, parce que je veux bien qu'il soit asocial mais de là à ce qu'on vois rien de son intériorité... D'une manière générale, RALENTIS.
C'est con, parce que non seulement ton univers et tes personnages sont juste parfaitement énormes (j'y reviendrais) mais ça te permettrai de corriger ton deuxième principal défaut: LES BLOCS. Que ce soit sur les infos sur ton univers qui sont des énormes paragraphes détaillés de manière presque encyclopédique ou des dialogues ou tout s’enchaîne très vite sans explications(ce qui est un point fort quand il s'agit de Melvin ou de Vlad, mais quand c'est Laura, encore une fois, les relations... Se créent sans aucune raison, du coup), la plupart des informations s’enchaînent sans transitions sous formes de blocs, ce qui donne l'impression que tu as écris les différentes "pièces" de ton récit en différé total, et que tu les as assemblé sans faire de fondus harmonieux. Ça donne l'impressions, d'ailleurs, que tu crée des personnages et des situations que pour faire une sorte de carnet de voyage dans un univers complètement fantasmagorique; impression déjà présente dans la première version, mais qui est ici renforcé par la qualité de l'univers présenté.
Et, sur cette transition complètement OMAGAD de beauté, on passe aux nombreux points forts.
Pour rester sur une ligne directrice... GOD, cet UNIVERS. Encore une fois, j'le dirais jamais assez: c'est juste GIGANTESQUE. Je sais pas combien de page d'encyclopédie t'as du écrire, mais GRAND ORION DE MERDE (oui parce que Orion c'est dieu, voilà, coucou, j'ai bien lu), Aether est un monde juste énormissime. Rien que sur l'explication de la magie, c'est complètement cosmique, la religion, je t'en parle même pas, et surtout, surtout, le plus gros point fort et la plus grosse amélioration depuis ton premier jet, c'est que le tout est COHERANT. Finis le temps ou tu plaçais une critique sur le système scolaire français au détour de la description de Bazzer, et que tu plaçais une petite loi cosmique sur la magie entre deux racket(un arbre temporel de vie avec deux esprit ayant le charisme d'une huître pendant que tu te fais tabasser par une brute, mais WTF): ici, le lycée enseigne la religion de Bazzer, la magie et la science se côtoient sans que JAMAIS ça ne fasse tache, tout est clairement imbriqué l'un dans l'autres, tout se fond parfaitement, et ne fais qu'enrichir la richesse d'un univers ou il est normal de pratiquer la magie dans un monde ou les cartables sont devenus dimensionnels et ou les lézards sont en gelées. C'est assez paradoxal d'ailleurs que des éléments aussi dysarmonique soit ainsi encastré parfaitement sans que ça ne choque, là ou la structure du récit est faite de blocs cassants le rythme, m'enfin... Ah oui, autres choses: Melvin qui parle anglais. Anglais. L'Anglais d'Angleterre. Qui n'existe pas, l’Angleterre. CQCD (C'est Quoi Ce Délire). M'enfin, je pinaille.
Melvin, d'ailleurs, qui es un PERSONNAGE (Transition de ouf!!! *musique des experts*) et qui est, comme tout les personnages, superbement RÉUSSI. On à plus ce problème part rapport à la première version, comme quoi tout les personnages s'exprimaient comme Gozen, par sarcasme et par humour vaseux dans un registre familier, voire paysan: chacun a son propre parlé (bien que j'ai tilté sur quelques familiarités Gozeniennes employées par le père de Laura des fois) et chacun a une personnalité et un caractère qui lui est propre. Tous ont une aura, un charisme, qui leurs sont dues. Personnellement, j'adore Melvin, off course, man; mais j'aime beaucoup le coté un peu princesse de Laura, l'inquiétant mystère de Tomoe (beaucoup, BEAUCOUP plus intéressante que dans la première mouture, parce que beaucoup plus ambiguë) ou encore, le MOTHERFUCKING changement total de Ralph, qui est passé de brute à deux balles de film de teenagers américains sans intérêt à cyborg ultra charismatique de la mort. Seul bémols, je l'ai évoqué plus haut, mais les relations entre eux sont parfois élypsées, notamment tout ce qui concerne Laura (j'en ai déjà parlé, donc fuckdat). Mais squ'un détail.
Un autres point qui s'est amélioré, parce que plus fin et paradoxalement plus présent, est L'HUMOUR, motherfucker. Ya des moments ou j'ai vraiment explosé de rire (genre "tu n'as qu'une chaussure", ça, c'étais fun, ou la fin du chapitre trois). C'est surtout parce qu'il est plus fin, moins vaseux, et mieux maîtrisé celons le personnage: Gozen et son décalage permanent, Frédéric et la surprotection de sa fille, et je ne parle même pas de Melvin, qui, putain, m'as fait me cogner la tète contre mon bureau deux ou trois fois ("tu es debout sur ton bureau et tout le monde te regarde", sans déconner, t'as pas remarqué ça?). Plus diversifié, mieux maîtrisé, bref, que du très très bon. Et le mieux, c'est que jamais ça ne tranche l'histoire: tout est parfaitement amené, maîtrisé, c'est pas juste histoire de placer une vanne au hasard, c'est IMBRIQUE dedans. Et elle est précisément là, l'amélioration.
Après je ne parlerai pas des fautes d'orthographes, des temps, des phrases qui n'en sont pas ou des trucs qui ont étés un peu oubliés (genre, le travail de postier des deux loulous qu'ils ont séchés pendant une semaine parce que FUCK DAT, j'apprend la magie temporelle), et je conclurai par quelques mots qui te feront maybe plaisir, maybe tu t'en foutra: une PUTAIN d'amélioration. Une MOTHERFUCKING maturation. Et une histoire que je suivrai, c'est clair et net. Et chaque chapitres, j'en parlerai.
Hate d’être dans la foret de Néolia.
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
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| Que de compliments, ça parait trop beau. Je vais vite fait reprendre tout ca (parce que oui c'est 4h du mat, quoi.) Après je ne parlerai pas des fautes d'orthographes, des temps, des phrases qui n'en sont pas ou des trucs qui ont étés un peu oubliés (genre, le travail de postier des deux loulous qu'ils ont séchés pendant une semaine parce que FUCK DAT, j'apprend la magie temporelle) Bon. Les phrases qui n'en sont pas, j'attends des exemples, à la rigueur. Les temps et les fautes d'orthographes sont évidemment présentes, parce que j'ai beau m'améliorer, j'ne suis pas un génie de l'ortho. Mais j'me suis amélioré, voilà =D et en c'qui concerne ta parenthèse : Bon le travail de postier je reconnais que j'ne suis pas allé plus loin, mais je n'avais pas vraiment quoi que ce soit à dire. J'te rapelle cependant avoir dit que Vlad avait terminé son contrat. Quant à Gozen ... Bah il a juste pas le choix, en fait. Et c'est Vlad qui, chez lui, reglera la question quand Gozen partira etudier ailleurs. Alors oui, le rythme est surement rapide. La relation entre Laura et Gozen semble rapide mais l'explication est parfaitement logique. Tu me forces à spoiler, mais je ne t'enlèverai pas cette image des yeux tant que tu n'auras pas compris ce point là (ne lire le spoiler que si l'on veut comprendre) : - Spoiler:
Jonathan est le fils du dieu de l'amour. Celui-ci a, je ne te dirai pas pourquoi, scellé ses sentiments et émotions pour qu'il puisse utiliser pleinement son pouvoir temporel, dont il est décrit dans l'Almanak qu'il est le seul Pouvoir totalement inflexible à l'Esprit. Gozen et Laura ont une relation normale, mais l'utilisation des pouvoirs temporels de Gozen affaiblit le sceau, et le rend instable. Son affiliation au dieu de l'amour, en cas de pouvoir trop utilisé (ici voir le contexte du chapitre, Gozen a stoppé le temps dans une zone par instinct, c'qu'il ne peut pas faire normalement), le jeune homme devient naturellement "Polyamoureux", et ses sentiments deviennent si fort qu'il se déclare à n'importe quelle fille présente dans son champ de vision. Ici, c'était Laura. Maybe l'aime t-il vraiment ? Mais qui te dit que cela va durer ? Sorti de ce contexte particulier, Gozen redevient absolument froid, et Laura aura vite fait de s'en apercevoir, et d'en souffrir. Quant à Vlad, tu ne sais rien, et je ne peux rien te dire, mais il faut que tu comprennes que je n'ai vraiment, vraiment rien dévoilé sur lui. Ce que tu as vu de Vlad ne peut être l'image que tu t'en es faite de lui, et c'est là toute la magie de l'Art : Faire croire qu'un personnage est moyen, pour affiner son potentiel au fil des pages. Je pense que tu peux comprendre.
Pour finir si Gozen est un personnage aussi flou, et s'il est aussi difficile d'entrer en lui (on s'comprend.) c'est justement et uniquement parce que ses sentiments/emotions sont SCELLES. Ceci indique qu'en tant que premiere personne, il ne peut pas parler de ce qu'il ne ressent pas. Et pour preuve, son seul geste d'amour, qui est peut-être un faux geste (l) envers Laura, le jeune homme l'a décrit comme une "souffrance" et s'est évanoui par la suite. A compter de ça, heureusement qu'il y a des personnages extremements ouverts comme Vlad et Melvin pour soutenir le tout.
La suite, maintenant. C'est con, parce que non seulement ton univers et tes personnages sont juste parfaitement énormes (j'y reviendrais) mais ça te permettrai de corriger ton deuxième principal défaut: LES BLOCS. Que ce soit sur les infos sur ton univers qui sont des énormes paragraphes détaillés de manière presque encyclopédique ou des dialogues ou tout s’enchaîne très vite sans explications(ce qui est un point fort quand il s'agit de Melvin ou de Vlad, mais quand c'est Laura, encore une fois, les relations... Se créent sans aucune raison, du coup), la plupart des informations s’enchaînent sans transitions sous formes de blocs, ce qui donne l'impression que tu as écris les différentes "pièces" de ton récit en différé total, et que tu les as assemblé sans faire de fondus harmonieux. Ça donne l'impressions, d'ailleurs, que tu crée des personnages et des situations que pour faire une sorte de carnet de voyage dans un univers complètement fantasmagorique; impression déjà présente dans la première version, mais qui est ici renforcé par la qualité de l'univers présenté. Bon alors voyons voir ... Je sais ce qui t'as donné cette impression, particulièrement : L'explication de Laura sur la psychomancie. C'est normal. Ce n'est pas nécessairement voulu, mais c'est normal. Pourquoi ? Parce que Laura est une analyste. Comme tu l'as dit, elle parait froide et est sans nul doute très intelligente, mais comme Gozen, il lui est compliqué de s'ouvrir et surtout d'expliquer les choses posément. Laura apprend dans les livres, et explique comme un livre. C'est sa personnalité d'Analyste, (personnalité d'ailleurs propre à Gozen) et c'est une caractéristique que tu retrouveras chez Light (le chef du Cercle de Rozenfield, tu verras bien) ou Izuma, le professeur de Gozen à l'académie. Cette académie sera fascinante, je le sais, mais tu verras d'autres blocs d'explications dans ce genre. Pourquoi ? Parce que ce sont des cours et je pense que nous sommes tous allés à l'école pour savoir comment fonctionne une explication de cours. Vlad et Melvin ne sont absolument pas Analystes (enfin Vlad si, mais il le cache bien.), et de ce fait, expliquent les choses plus rapidement, les expédient. D'un côté c'est aussi une bonne chose, car cela permet de faire le parralèle entre plusieurs personnages, et leurs facultés de reflexions. Ce simple fait met à bas les erreurs de l'ancien tome : Les personnages reflechissent différement. Le point de l'Individu est clairement montré. Je comprends ce que tu veux dire par "impression de création de personnages [tu connais la suite]" et je peux eventuellement te rejoindre sur ce point. Oui, des personnages spéciaux sont, cela arrive, conçus pour expliquer une notion importante à Gozen (Au lecteur ?) mais cela signifie t-il forcément qu'il n'a aucun background ? Absolument pas. Et bien au contraire, même : Comme tu l'as dit, et je t'en remercie, l'univers est gigantesque. Créer un personnage qui a son "quart d'heure de gloire" un temps dans un chapitre est simplement impossible. A quelques exceptions près, tout les gens qui ont rencontré Gozen, qui ont été nommés, et qui ont une fonction particuliere sont d'une maniere ou d'une autre ancrés dans le monde. Par ancrés dans le monde j'entends qu'ils ont une vie, des experiences, et des forces qui seront visibles au moins UNE AUTRE FOIS a un moment de la vie de Gozen. Par exemple : Frederic est le père de Laura. Littéralement, son rôle aurait dû s'en tenir là. Outrepassé son aide pour entrer à Rozenfield,Frederic fait typiquement parti de ces personnages que l'on ne revoit plus jamais, et dont on entendra plus parler. TYPIQUEMENT. Ici, ce n'est pas le cas. Frederic est un éminent archimage psychomancien, auteur de plusieurs thèses, et ancien membre du Cercle de Rozenfield. Son nom est célèbre, ses ouvrages et ses travaux sont reconnus, et il est l'homme le plus riche de Bazzer, passé Harano. Si Gozen devait ne plus jamais le revoir, il verrait forcément un jour son nom sur un dossier magique, sur la plaque du nom d'une rue, ou il entendrait parler de lui au détour d'une conversation de mages ... Ceci ne tient qu'a cela, mais c'est bien. Ca permets de rapeller au lecteur qu'un personnage n'est pas qu'une personnage crée pour aider le héros, mais une personne vivante dans un monde vivant. Et c'est tout ce que je recherche, pour tous les êtres que je crée et que je nomme. Je reviens sur le rythme. Je te l'accorde, le rythme est rapide. C'est un défaut que je ne peux pas entièrement pallier, c'est une faiblesse. Ceci dit, et pour spoiler encore un peu, sinon l'explication ne saura jamais être claire (spoiler) : - Spoiler:
Si tu te souviens, le premier premier tome 1 s'est passé en 3 semaines. Nous sommes d'accord, c'est TROP COURT. Je l'ai compris bien plus tard, et ce fut une des raisons de tout recommencer. Sache qu'ici, le tome 1 va se passer en un an. En plus d'un an, peut-être. Les études à Rozenfield, bien qu'elles seront écourtées par un évènement, les obligations magiques de Gozen vis à vis de sa clé, ses relations avec les personnages qu'il rencontrera, l'episode Pumpkin Hill ... Tout ceci est bien, bien plus long. Le premier premier tome aurait admis l'apprentissage de la magie temporelle avec frederic en une journée. Ici, cela a duré une semaine, et cela aurait duré plus longtemps si Harano n'avait pas trouvé ce qu'il se passait.
Pour terminer, je me permets de rajouter ceci, parce que je sens que je vais anticiper tes futures réactions (spoiler, et pour le coup, vraiment spoiler. Take care. n_n) : - Spoiler:
"Pourquoi on ne voit plus Melvin alors que c'etait ton personnage le mieux travaillé ?"
"Pourquoi Laura et Gozen redeviennent d'un coup Platonique sans aucune raison, et qu'elle s'interesse à un autre garçon ?"
"La venue de Harano est bien trop rapide."
"Les cours d'Izuma sont de gros blocs"
"Je trouve que certains persos ont quelques touches gozenesques dans leurs paroles"
"Armand (tu verras hein) est bien moins travaillé que les autres"
"Cette histoire de comité de délégués magiques hyper puissants me laisse de glace"
et d'autres.
alors . 1) L'académie est interdite aux éthérés, bitch. Melvin a une envellope humaine mais n'en est pas réellement un. Il y a deux humanités : L'Humanité primale, détruite et dont les rares survivants se sont terrés dans des îles, et l'humanité Askaärienne faite de gens normaux de la troisième ère de la mythologie de la planète. Melvin reviendra avec Pumpkin Hill.
2) Parce que Gozen n'arrive à "aimer" Laura qu'uniquement lorsque sa concentration de Mana est trop intense pour lui. Laura le comprends, en souffre, en pleure, et va flirter ailleurs parce qu'une tête de noeud va lui trouver de l'intérêt, comme le bouche trou qu'il est, et comme n'importe quelle pisseuse de 17 ans, qu'elle soit froide et mysterieuse, ou non : c'est une fille
3) Tant pis, c'était le meilleur moment de l'introduire. Leur relation est, de ce fait, bien plus complexe qu'un simple "koukou je t kidnappey" au chapitre 26 et "je te reverrai jamais mais j't'aime pas ta gueule." ... Ici, ca ne se passe juste PAS DU TOUT COMME CA et la complexité de la relation entre ces deux personnages se tissera à partir de Neolia, jusqu'à la fin de la série. Il s'agit de mon binôme préféré, entends le.
4) Normal. C'est un COURS. Un cours COMPLEXE sur la temporalité, et Dieu sait que parler sur un tiers de chapitre sur la base de la magie temporelle, dont tu inventes toi-même toutes les théories ca peut pas être dit ou fait autrement qu'en bloc. Il faut l'accepter.
5) Eeeeh ... Bah oui. C'est difficile à admettre mais, divinité mise de côté, Jonathan n'est pas le seul type sarcastique et fermé d'esprit. Y en a partout. Ce ne sont pas des "copies" comme tu le penses ... Juste des gens similaires. L'originalité à une limite, surtout quand on cumule plus de 300 personnages.
6) NON. Armand est FERME D ESPRIT. Armand est un kind of Sasuke "lol je veux etre le meilleur lol je deteste Gozen c un genie". Mais sa relation avec le garçon changera au fil des chapitres de Rozenfield. ATTENDS d'avoir tout lu pour placer un avis sur la conscience de quelqu'un, bon dieu. On ne peut pas attendre d'un perso bien exploité qu'il se dévoile totalement dès le premier paragraphe. Ce n'est pas du RP.
7) Alors je sais pas du tout pourquoi, mais celle-là, je l'attends à 10Km. Tu verras à Rozenfield qu'il existe un comité de délégués d'eleves magiciens, spécialisés dans une branche de magie, et relatifs à la sécurité des élèves. Ces personnes ont un grand background, et ca ne s'arrete pas LA. Ces personnes deviendront les futurs "Piliers d'Aether", de grands archimages renommés pour être "affiliés" a des dieux mineurs, et qui ont, en plus de leurs pouvoirs normaux, la capacité d'exploiter ceux du dieu qu'ils "Ecoutent", pour protéger les civils et faire avancer la recherche magique. Le Cercle fait partie de ces choses prévues pour évoluer sur de longues dates, que j'te laisserai clairement pas descendre au premier paragraphe, parce que tu trouveras ça trop "dysarmonique" ou "décalé".
Par ailleurs je termine sur le "dysarmonique" en explicitant bien une chose : Je reconnais, fatalement et absolument, que le premier tome avait énormement de choses dysarmoniques. Il était moyen, et je l'ai recommencé pour enlever tous les éléments qui me gênaient affreusement : Le cirque distorsion D., le chapitre Annexe et ce qui en suivait a la fin du tome, et bien d'autres choses encore. Cela dit, tu as dit toi-même, qu'ici : "Ce qui est dysarmonique arrive a etre IMBRIQUE." Bonjour, on apelle ça de l'harmonie. Deux éléments absolument décalés et contraires s'imbriquent s'ils sont faits pour. Cruelle ironie, n'est ce pas ? J'espère avoir répondu à tous tes arguments/toutes tes questions, et suis ouvert à tes réponses ;D |
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Link Feuille de personnage Objet(s):
Nombre de messages : 58002
| A chaque foi j'adore la fin de tes chapitres c'est éclatant. Bon sinon, je constate que là, tu as forgé un caractère à Vlad, qui est plus prononcé que lors de l'autre version de A.R.K., ce qui est bien, et j'ai vraiment bien aimé l'apparition de Orion qui finit par mordre Zen. Bon ça a un peu des allures de spider man pour l'apparition des pouvoirs, je pense que ce morceau est à reprendre c'est un peu wtf, néanmoins c'est vraiment "autre chose" par rapport à l'ancienne version.
Donc je continuerai la lecture en me disant que j'ai affaire à une autre histoire, mais tout aussi bien ! |
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Invité | ..... Vite fait? T'es sérieux? -_-"
Et sache que j'aurais pas posé la moitié de ces questions, hein, je suis pas aussi con que ça. Mais c'est vrai que j'avais pas vraiment compris l'histoire de Gozen et du verrou des sentiments, à la lecture de tes chapitres. C'est expliqué NULLE PART, ce qui donne une impression de rapidité et de mauvais traitement. C'est pas obligé que ce soit explicite; mais exprimer l'intériorité de ton personnage de temps à autres, même si elle est peu développé du à sa nature, ce ne serais pas de trop. Parce que même: ça reste un humain. Un Héros dans le sens grecs du terme, mais un Humain.
En fait, je vois bien que tout ce que tu fais et tout ce que tu intègres, tu fais l'effort que ça coule de source dans l'univers. Le problème, c'est que pour nous, lecteur, ce n'est pas toujours explicite; et quand on lit, on a pas véritablement d'accroche qui nous font nous demander "tiens, c'est vrai, pourquoi?", et on voit ça comme une mauvaise finalisation. Dans les fait, ce n'est pas le cas; mais ce serais bien d'avoir des indices; sans en dévoiler trop, mais par exemple, puisque tu racontes à la première personne, un peu de l'intériorité de Gozen dans des moments aussi bouleversants sentimentalement "normalement" et WTFesque pour lui, ce serais pas de refus pour pas nous laisser penser que c'est VRAIMENT une relation que se crée, mais quelques choses de pas trop véridique et qui te font te pauser des questions. Parce qu'on est pas dans ta tète, et on découvre seulement ce que tu veux bien nous donner. Et si ya des défauts, on arrête de lire. Parce qu'on est des connards exigeant. Enfin, là je te parle du format censé être finit: je sais pertinemment que ce n'es pas le cas. Mais le truc c'est que tu seras pas toujours là pour expliquer; et je crois que c'est la donnée la plus importante à prendre en compte quand on écrit.
C'est tout. J'attend la suite, now.
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Nombre de messages : 5870
| Hahaha ! Oui, ce DEVAIT être vite fait. x) Mais ça ne l'était pas, excuse moi.
Et je n'ai fait que des hypothèses en ce qui concerne les questions, hein. Je me suis basé sur les anciennes critiques, mais je ne vois pas comment t'expliquer plus clairement qu'il n'est pas possible pour Gozen d'expliquer la WTFitude d'une relation qui se crée. Tout ce que Gozen perçoit c'est de la souffrance, etc.
La question que le lecteur se pose, généralement, c'est "pourquoi d'un coup il l'aime woooh je pige pas". C'est la question que j'ai toujours eu -sauf toi- . C'la dit j'essairai de faire un effort, pour voir ce que ça donnera.
Allez, la suite !
Chapitre 5 : Je prends le thé avec le Mal.
Si la forêt de Néolia était aussi dangereuse, pourquoi diable n’avais-je pas décidé de la contourner, n’ayant aucune limite de temps imposée ? Cette question brûle vos lèvres, n’est-ce pas ?
Pour une seule raison : La forêt en elle-même n’était absolument pas dangereuse :
C’est ce qu’il y a autour qui était à craindre.
Pas fous, ces Néoliens : Ils comprirent rapidement que traverser la forêt était idéal pour relier certaines villes telles que Abondance ou Gaïa, voire Rozenfield, à Radical Highway ; Néanmoins les Gelyscieurs étant des créatures assez communes – et dangereuses – il était plus important de les éloigner de la route que de les abattre. S’il était possible de les abattre. Les mesures qui avaient été prises furent les suivantes : La forêt de Néolia était, en largeur, assez grande pour couvrir une grande partie du territoire. Composée de multiples entrées se déclinant en tant de sorties que de villages abordés. Tous rejoignaient Rozenfield, la préfecture, et les chemins de terre empruntés dans l’étendue verte étaient protégées par de grandes clôtures électriques.
Chauffant le moteur de mon véhicule, je fonçai à toute vitesse. Neolia Highway, telle que je l’appelais, était une route sinueuse et assez mal entretenue, de par les feuilles mortes et divers trous et graviers qui jonchaient le sol. Y rouler à deux roues était difficile, mais je sentais Laura fatiguer, et il était plus prudent de sortir d’ici que d’y rester, malgré les clôtures. La route n’était pas bien grande, et de temps en temps une voiture passait en sens inverse. Ce qui m’étonnait en Néolia était la beauté du lieu. Certes, une forêt était une forêt, mais le soleil ne passant que par certains trous laissés occasionnellement par le feuillage des immenses chênes, un rythme dansant avec la douce brise s’installait peu à peu, et balayait mon visage.
– Jonathan … C’est vraiment beau, a murmuré Laura. – Oui … Tu lis dans mes pensées. Une fois de plus. – Pardon. – Non, je m’en fiche. Je ne pense à rien, de toute manière. Je suis trop concentré sur la route. – Certes. Dis, Jonathan … Pour hier … – Elle serra sa poigne contre ma veste – Je m’excuse d’avoir pleuré. – On a tous ses moments de faiblesse. Mais je voudrais en revenir à notre conversation sur les rêves. Sans qu’elle n’aboutisse à une dispute, évidemment. – Oui ? – Qu’est-ce qu’un rêve, concrètement ? – Eh bien … Tu peux expliquer cela comme … Un but infranchissable mais motivant. L’archétype d’un rêve est, de prime abord, d’être inaccessible. Mais je crois qu’avec de la volonté, on peut réaliser même ses rêves les plus fous. – … Je n’ai rien à réaliser de la sorte. J’ai beau me creuser la tête … Je crois que rien ne me motive. Vlad et Melvin sont emplis de rêves par contre. Je crois que Tomoe ne rêve pas, non plus. – Tu n’en sais rien. C’est drôle … Quand j’y pense, j’associe généralement une personne sans but ou sans rêve à une machine. Une machine sans conscience, sans cœur. – Sans sentiment, ni émotion. – Oui … Mais depuis hier, j’ai admis que tu pouvais vivre sans rêve et être heureux malgré tout. Tu es heureux, toi ? – Non, pas spécialement. Enfin … Disons que rien ne me cause de problème, mais de là à dire que je suis pleinement heureux, ou même satisfait. Je m’excuse Laura, mais je n’arrive pas à accéder à de telles pensées. Dès que j’essaie d’appréhender un sentiment … – … – Je souffre. – … Je … comprends. – Dis … – Mh ? – C’est quoi, ton rêve à toi ? Qu’est ce qui te … te motive dans la vie ? – Mon rêve … J’ai honte. – Faut pas. J’ai bien assumé n’en avoir aucun. – Je voudrais parler à ma mère. – Pardon ? – Oui. Elle est morte lorsque j’étais enfant. J’ai décidé de devenir archi-mage pour transcender les dimensions connues de l’âme humaine, et réussir une prouesse techniquement non réalisable : La communication Intra-Animus. – Qu’est-ce que c’est ? – La communication Intra-Animus est une théorie induisant la possibilité de communiquer d’une âme à une autre, même si l’interlocuteur est défunt. C’est un procédé simpliste d’apparence, mais en réalité extrêmement difficile à mettre en place. Et surtout contre-nature. Mais voilà … J’aimerais y parvenir, et dire une dernière fois à ma mère que je l’aime, et qu’elle me manque … – sa poigne se serra encore plus. – – N’en dis pas plus. Et de toute façon tu y arriveras. – Tu crois ? – Ça me parait évident. C’est bien pour ça que je t’ai kidnappé, non ? – Ne … Ne dis pas ça ! Je suis venue de mon plein gré ! – J’te taquine. – … Et tu sais, Jonathan, depuis quelques temps, il y a autre chose qui me motive. – Quoi donc ? – Héhé … C’est un secret, ça. – Mh … Je vois.
La traversée de la forêt ne devait, normalement, pas prendre plus d’une heure, cependant je sentais que quelque chose n’allait pas. Je ne savais pas de quelle manière l’expliquer, mais mes sens étaient en alerte. Augmentant ma vitesse, je tremblais. C’était étrange. Au détour d’un virage, un cri menaçant. Freinant brusquement, j’ai posé un pied à terre et j’ai retiré mon casque. Au milieu de la route, et ayant détruit la clôture, se trouvait un immense Gelyscieur rouge bordeaux.
– Ok, là on a un problème. – Un Gelyscieur bordeaux !? Mais qu’est-ce qu’il fait là !? A crié Laura, paniquée. – Et on ne peut pas le contourner. Fait chier ! – Qu’est-ce qu’on fait ? … – Les Gelyscieurs rouges sont les plus forts, les plus agressifs, mais les moins résistants, c’est bien ça ? Ai-je murmuré.
La bête, sur ses quatre pattes massives, tourna lentement ses yeux vers nous, et nous chargea en poussant un hurlement terrifiant. Je distinguais sur ses flancs des marques de brûlures. Il avait vraiment défoncé la clôture à lui tout seul ? Terrifiant. Paniquant, j’ai tenté de sauter sur le côté mais Laura m’attrapa au vol. Elle avait déployé de magnifiques ailes de cristal.
– Jonathan, ne saute pas dans le ravin ! – Merde, j’avais pas fait gaffe.
Laura me plaça en hauteur, sur une branche, et se posa à mes côtés. Rapidement, l’animal transforma le bout de sa queue, faite de gelée, en masse d’armes, et plaça un grand coup sur le tronc ; puis deux, puis d’autres. L’arbre tremblait, et un retournement inversé de queue éclata mon scooter en plusieurs morceaux.
– … Ah non, là je dis merde !
Sautant de la branche d’arbre, j’ai placé ma main droite sur mon poignet gauche et le tourbillon se mit à générer une grande quantité d’énergie, qu’il relâcha directement, formant un cône frappant le sol comme une douche d’adrôme :
– Ijigen The Time !
Laura déploya ses ailes et tomba en piqué, puis battit de l’aile gauche pour se placer à l’extérieur de mon cône d’énergie. La jeune fille fit un saut et allongea son bras gauche, comme si elle s’apprêtait à chanter un air d’opéra, mais à la place d’une belle maestria, d’effrayantes rafales de cristaux sortirent de ses deux doigts :
– Crystal Heaven ! Le Gelyscieur, bloqué par mon champ d’énergie, ne put esquiver la salve magique. Ijigen the Time cessa et je tombai sur le dos de la créature, qui poussa un râle de douleur avant de piétiner le sol et se cogner contre les parois de terre et de roche présentes à sa gauche.
– Ça n’a fait que l’énerver, ton truc ! Ai-je crié, en faisant du rodéo sur le dos glissant de la bête. – Tu croyais vraiment que j’allais tuer un monstre de cette taille !? il fait au moins huit mètres !!
Le Gelyscieur stoppa ses mouvements et se concentra. Une tête se matérialisa dans son dos et glissa comme si elle était sur du beurre. La nouvelle gueule du monstre fit une translation dans ma direction, la gueule grande ouverte et les dents bien aiguisées et tournoyantes comme des fraises de dentiste. Ecarquillant les yeux, je me suis jeté vers la droite, esquivant la morsure de la bête.
– Ce truc peut se diviser ! Ai-je hurlé, en tombant.
Laura me rattrapa difficilement et nous passâmes sous ses pattes massives, pour finalement nous trouver derrière lui. Le Gelyscieur exécuta une métamorphose qui défia toutes lois de l’anatomie : Sa tête prit la place de son postérieur et inversement, comme s’il s’était recroquevillé dans une carapace et s’était retourné à l’intérieur, mais version gelée dégueulasse.
– Sa tête est à la place de ses fesses, là. Est-ce que j’ai le droit de dire qu’il a une tête de c- – Non. – D’accord.
L’animal bomba le torse et cracha une immonde flaque rose qui fit fondre le sol. Laura ne put s’empêcher d’émettre un « Pwah. », mais je la rejoignais.
Le Gelyscieur était en pleine forme, et nous étions fatigués.
Je trouvais cette mort très bête, à titre personnel : Jonathan Staÿlis au sommet de sa gloire, acteur des prémices d’une quête épique qui entrera dans les légendes pour des siècles et des siècles, puis malencontreusement bouffé par un Gelyscieur avec sa copine au détour d’un virage. Ça le fait moyen comme épopée.
Alors que la bête avait l’avantage, et que Laura se plaquait contre moi, un sifflement aigue se fit entendre et le Gelyscieur recula après avoir été la cible d’un explosif qui fit trembler le sol. Un homme portant une grande veste kaki fonça sur la bestiole, nous écartant d’un geste de la main. Je n’ai pu qu’entrevoir son sourire. L’homme fit un bond défiant la gravité et ses gants triplèrent de volume :
– HARVEST !
L’homme abattit ses deux poings sur la créature, qui s’écrasa lourdement contre le sol. L’impact fit se craqueler la route et une onde énergétique se matérialisa, coupant deux arbres.
– Essaie de ne pas en faire trop …
A l’entente de cette voix, j’ai tremblé. Littéralement.
A mes côtés se trouvait un deuxième homme, grand et fin. D’un brun ténébreux, ses yeux étaient cachés par des lunettes, d’apparences normales, mais en réalité thermiques. Les mains dans les poches de son costume, il marcha lentement en direction de la créature. Sa barbe était fine et ses cheveux en bataille, mais je n’avais clairement aperçu son visage. Grâce au soleil qui passait plus facilement depuis que les deux chênes furent coupés, j’avais pu voir quelques détails malgré tout.
– … Quand est-il arrivé ? Ai-je demandé. – Je ne sais pas … Mais il me fait … … peur, a murmuré la jeune fille qui plaqua son visage contre mon torse.
C’était bizarre, dit comme ça, mais le fait était là : Sa simple présence me mettait mal à l’aise. Je sentais en lui quelque chose … de surpuissant. Je n’étais que très peu habitué à la magie, mais ce qu’il dégageait dépassait l’entendement humain, et je n’étais pas le seul à le penser. Laura ne pouvait même pas le regarder. Elle était sensible à l’énergie spirituelle des gens, à cause de sa psychomancie, et si mon aura l’avait intéressée, celle de cet homme l’avait totalement chamboulée.
N’y prenant pas compte, le ténébreux se plaça aux côtés de son ami. Celui-ci était bronzé et avait de fins cheveux longs et plaqués en arrière. Il portait des habits militaires sous son blouson, et une machine étrange sur son bras gauche. Ses gants avaient l’air extrêmement lourd, et une énergie jaune passait par des tuyaux. Je me demandais sincèrement où il puisait la force pour se déplacer correctement.
– … La clôture que nous avons placée n’était donc pas assez solide ? Marvick, prends note s’il te plait : Il faut commander les matériaux nécessaires pour remplacer la partie détruite de la barrière et augmenter le dosage électrique de … Mh … Sept cent volts. – Tout sera fait en fin de journée, patron. – Tu finis le bestiau, ou je m’en charge ? – Vous pouvez le faire, patron, si vous le désirez. – Mh … Oui, pourquoi pas.
Le ténébreux avança tranquillement et tourna lentement sa tête vers moi. Son regard … Me transperça. Il ressemblait à Vlad.
L’homme sourit et … Disparut. J’ai levé un sourcil. Une demi-seconde plus tard, il se trouvait à hauteur de la cime d’un chêne. Une aura noire s’éleva de ses jambes jusqu’à ses mains, et deux violents lasers noirs sortirent de ses paumes et se croisèrent.
– Black Moon …
Le rayon croisé découpa la bête et forma un parfait croissant de lune sur le sol, qui se creusa sur une trentaine de centimètres. La bête tenta de se reformer mais l’énergie noire la consuma peu à peu et les morceaux disparurent, comme rongés par la magie de l’homme. Ce dernier tomba lentement sur le sol, et se craqua l’épaule, déclarant :
– Une bonne chose de faite ! – … Qu-qu’elle est cette forme de … de … m-magie ? A balbutié et murmuré Laura, terrifiée.
L’homme nous regarda un instant et replaça ses lunettes.
– Ce n’est pas des plus prudents de se promener dans la forêt de Néolia sans être armé, les enfants. Vous allez quelque part ? – … Nous allons à Rozenfield. Enfin nous comptions nous y rendre, mais nous n’avons plus de véhicule, ai-je déclaré. – Rozenfield ? C’est un peu loin pour y aller à pied. Surtout que les plaines de Néolia la nuit … Herm. Marvick, avons-nous le temps de déposer ces jeunes ? – Mh … Pas vraiment, mais un petit crochet à Rozenfield nous permettrait de faire un tour d’inspection sur les plateformes trois et trois delta. – Alors tout est réglé ! – Euh … Non mais ne vous gênez pas pour nous. On ne s’est même pas présenté … C’est un peu cavalier de vous pousser à nous escorter jusqu’à Rozenfield, a murmuré Laura. – Mais sérieusement, vous n’avez pas trainé pour le Gelyscieur … Vous l’avez expédié comme s’il n’était qu’un simple chiot. J’en serais presque effrayé, ai-je rétorqué. – Ah, ce n’était pas un chiot ? … Hahaha ! Je plaisante, je plaisante.
L’homme me tendit sa main en souriant. Un sourire … Plus chaleureux que je ne l’aurais imaginé :
– Je me nomme Malvedere. Harano Malvedere. – … Je me nomme Gozen. Enchanté.
Laura me regarda étrangement.
– Laura. Ha-ra-no Malvedere. Ça ne te dit rien ? Ai-je pensé. – … Tu ne veux quand même pas dire … – Ne m’appelle pas Jonathan en sa présence.
Le vent se leva, faisant danser les feuilles au-dessus de nous. Un silence de mort régnait et seul le chant du vent et l’écoulement d’un petit ruisseau non loin d’ici étaient audibles. Harano plongea sa main dans une poche de son costume d’homme d’affaire, qui lui allait fort bien il fallait le reconnaître, et sortit une télécommande. Appuyant sur un bouton, un rayon d’énergie s’abattit sur nous et nous fûmes téléportés à l’intérieur d’une sorte de vaisseau. Passer de forêt à cockpit était une expérience nouvelle pour moi, mais Harano s’étira comme si cette récente atmosphère était mille fois plus agréable. Marvick se plaça sur une des chaises et ôta ses gants de combat en titane. Que je présumais être en titane, plus exactement. Le sigle A.R.K était présent un peu partout, de manière discrète. Harano se plaça au centre de la passerelle et déclara alors :
– Cap sur le nord ! Coordonnées 317 :1115. Activation des moteurs primaires. Ne dépassez pas le mur du son. Je m’en voudrais d’effrayer les villageois. Nous nous poserons sur l’héliport de la plateforme trois Delta. A mon commandement … !
L’appareil fusa. Je me suis placé face à une des grandes vitres de l’avion et ce que je voyais était faramineux. Notamment parce que je ne pouvais rien distinguer. Des nuages en veux-tu en voilà, mais surtout cette impressionnante sensation de vitesse et de hauteur à vous donner le vertige. Une main se plaça contre mon épaule. M’attendant à voir Laura, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me suis retrouvé né à né avec le souriant patron d’A.R.K :
– Alors Gozen, que penses-tu de cette installation ? Plutôt fort, n’est-ce pas ? – … Un poil extravaguant à mon goût, mais si ça vous plait c’est le principal. – Oh, tu trouves que c’est trop ? – Trop pour moi, hein. Les goûts et les couleurs, une fois de plus. En tout cas c’est remarquable. A l’image d’A.R.K, cela dit. Mais vous faites jeune … C’est fou. Quel âge avez-vous ? – J’ai trente-cinq ans. Et A.R.K a vingt ans. – Vous êtes en train de me dire que vous avez créé A.R.K à quinze ans ? Ai-je répondu, perplexe. – Oui, voilà. – Il remit sa cravate en place – si tu savais la tête de mes employés, la première fois que je me suis présenté ! Sans parler du maire de Bazzer ! Hahaha ! – Oui, j’imagine bien. – Allons-nous asseoir, j’ai justement une anecdote à ce sujet que tu devrais adorer ! J’en ris d’avance !
Harano tapa des mains et une table apparut avec des croissants au beurre et deux cafés. J’ai jeté un coup d’œil à Laura : Marvick lui montrait le poste de commande et ils riaient en empêchant les employés de la société de conduire normalement. En enclenchant les essuies glaces, par exemple. Elle semblait s’être calmée. Harano et moi avons discuté de tout et de rien. J’ai évidemment évité le sujet Bazzer ainsi que le sujet Nondôm qui n’est finalement même pas revenu. Cachant la paume de ma main comme je le pouvais, en me servant principalement de ma droite, mes appréhensions au sujet de mon interlocuteur s’étaient-elles-aussi apaisées. Certes son aura me faisait toujours trembler, mais j’étais un peu plus détendu.
– Hahaha ! Et alors là, je te promets, toute la salle est restée stupéfaite. D’un autre côté, mon concurrent affirmait qu’il n’était pas possible de faire entrer un bamb’ours sombre dans une ceinture, mais j’adore les défis stupides. – Plus je vous écoute, plus je voudrais vous présenter mon frère. – Tu sais petit, A.R.K n’est pas qu’une industrie. Tout est là-dedans – Il plaça un doigt sur sa tempe, et un autre sur son cœur – et c’est grâce à mes rêves que je suis l’homme d’affaires qui se tient devant toi actuellement. – Cela dit … Je ne sais toujours pas ce qui vous a donné l’idée de créer A.R.K
Son visage s’assombrit une demi-seconde, puis redevint normal, comme s’il avait balayé la question d’un revers de la main :
– Nous sommes bientôt arrivé, ce n’est plus l’heure de prendre le thé. Prépare-toi.
Le vaisseau s’est posé à l’horizontale, sans changer de cap. Seuls les moteurs, rotatifs, ont tourné. La passerelle s’est ouverte en deux, laissant place à une grande plateforme en acier et aux reflets d’argent. Laura et moi sommes descendus en dernier. Je me suis permis d’ajouter :
– Sérieusement … Ce type, Harano. Il est cool. – Marvick est très gentil lui aussi. J’ai du mal à imaginer que, parallèlement, ils aient envie de placer Jonathan Staÿlis sur un bûcher. – Ouais, mais ce n’est pas une raison pour dire qui je suis. Un homme comme Harano peut aussi bien être un puissant allié qu’un ennemi mortel. Et … Ma maîtrise temporelle est plus importante que tout. D’ailleurs, j’ai parfaitement réussi à l’étouffer, durant le trajet, mais je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir.
Harano s’approcha de nous, tenant ses lunettes. Les fortes bourrasques produites par les moteurs encore allumés rendirent la marche difficile, mais l’homme parvint à nous dire en criant :
– Rozenfield est à quelques kilomètres vers l’Est ! Vous devriez y être dans deux heures, au mieux !
Puis il se retourna, et cria :
– Marvick ! Préviens le chef de secteur de notre arrivée imminente, nous allons faire une inspection détaillée des ailes principales ! Et que quelqu’un m’éteigne ce vaisseau ! – Bien, patron !
Nous sommes partis de notre côté, adressant un bref signe de la main ainsi qu’un remerciement à l’homme qui, il fallait l’avouer, nous avait sauvé la vie et écourté notre trajets de plusieurs heures, voire plusieurs jours. Mais malgré tout ce que je pouvais penser de cette étonnante rencontre, je n’en restais pas moins nauséeux. Cette … puissance cachée. Laura pensait pareil, je le savais.
Nous avons résumé tout cela pendant nos quelques heures de marche. Laura avait sorti de son blouson rose des barres énergétiques qui nous aidèrent bien, et le panneau indiquant Rozenfield fut visible quelques temps après. Et peu à peu, des voitures passèrent si proches de nous que Laura se proposa de me tracter pour les derniers mètres, en volant.
Rozenfield était une ville extrêmement animée, et surtout très belle. Entourée de vieux remparts, l’entrée que nous avions empruntée commençait sur une sublime avenue pavée, gorgée de passants et d’étals divers. Celle-ci montait jusqu’à un manoir, et nous voyions l’académie Rozenfield au loin.
– Il semblerait que l’académie soit hors des murs du château … Nous avons du temps, puisque Monsieur Malvedere nous a transporté. Tu veux te promener ? – Oui, j’ai besoin de détente avant le plongeon en enfer.
Les marchands proposaient des articles fabuleux, et fabuleusement chers. Laura regardait particulièrement les livres et les bijoux. Moi je n’avais rien à perdre, alors je flirtais entre la charcuterie et le fromage de la région. Pressant les billets donnés par Vlad, au fond de ma poche, je me demandais si je devais offrir un cadeau à Laura. Et à ce moment précis, je me suis aussi demandé depuis quand est-ce que j’éprouvais de l’intérêt pour les gens. Plus rien ne tournait rond en fait. Me résignant, j’ai laissé les billets là où ils étaient, et ai accompagné Laura dans ses achats. Elle avait elle aussi un Gumbag, mais légèrement plus joli que le mien :
Rose pâle, avec un petit motif de fleur, il semblait pouvoir contenir plus de choses aussi.
Le soleil se couchait sur Rozenfield, et nous devions nous dépêcher. Gravissant les longs escaliers de pierre menant au clocher, nous l’avons contourné et sommes descendus par l’entrée nord pour rejoindre un chemin de terre menant directement à l’académie. Ce vieux château cliché que j’avais vu en rêve. Il ne manquait plus que l’orage, tiens.
Courant, j’ai alors demandé à Laura :
– On fait quoi si tu ne peux pas rentrer, ou si t’es pas acceptée ? – Je rentrerai sans problème. J’ai de quoi contenter Wall. En ce qui concerne mon acceptation … Ce sera par la force, si nécessaire, héhéhéhéhé.
Elle me fit un grand sourire qui la fit rayonner. C’qui ne collait ni avec sa phrase, ni avec son rire sardonique jeté cinq secondes plus tôt. Blasé, j’ai haussé les épaules.
L’académie Rozenfield commençait par un long escalier en pierre ancienne, suivi d’une belle cour intérieure, avec une fontaine en forme de … En forme. Le jardin se déclinait en plusieurs niveaux, et des haies étaient soigneusement taillées de manière à former des murs naturels de taille humaine. Du beau travail. Ne nous souciant point de ces détails, nous nous sommes approchés de la grande porte faite de bois et d’or. Une gemme rouge était au centre. La regardant intensivement, je me suis surpris à voir que la pierre n’était rien d’autre que la paupière de l’œil de la porte. Ce même œil qui me fixait plus intensément encore.
– Elle est mignonne … Je n’ai pas envie de lui cramer la rétine, ai-je murmuré. – Il le faut, si tu veux entrer. Tu permets que je commence ? – Vas-y.
Laura se plaça devant l’œil et déploya ses ailes, utilisant Crystal Heaven sur l’œil. Celui-ci lâcha une larme et changea de couleur. Laura replia ses ailes sur elle-même et murmura :
– Crystal Defense.
Wall analysa ses gestes et changea une nouvelle fois de couleur. La porte s’ouvrit lentement, et Laura passa.
– Je t’attends à l’intérieur.
Je me suis frotté les mains et ai commencé par Ijigen the Time. Le cône enveloppa l’œil et celui-ci brilla. Pour la suite, c’allait être légèrement plus compliqué. Je n’avais pas eu l’occasion d’utiliser mes runes alors … Je passai mon index sur la rune de feu et celle-ci s’embrasa. Je lâchai une colonne de feu sans le vouloir, qui ne toucha pas l’œil.
– Merde … Faut que je sois précis.
Plaçant ma main dans l’axe de l’œil, j’ai réitéré l’exploit, et un feu ardant frappa l’œil. La rune s’éteignit aussitôt que la porte s’ouvrit, révélant un sublime palace fait de marbre, de bois ancien et d’or. Des élèves en robe de mage se pressaient dans tous les sens, tenant des livres ou des parchemins. Laura regardait le tout, fascinée. Moi, j’étais légèrement sceptique. Jamais nous n’allions passer inaperçu. Pas moi, en tout cas. Appelant un élève, je lui ai demandé :
– Excuse-moi, le bureau d’Izuma c’est par où ? – C’est le C325, quatrième étage, couloir de droite. Le premier. T’es nouveau ? – Ouais. – Bienvenue à Rozenfield dans ce cas ! Tu m’excuseras, j’ai cours ! – … Ça va trop vite pour mon pauvre rythme lent de vieillard narcoleptique. Laura, continue sans moi. – Ne fais pas l’idiot ! Allons-y !
Alors que je visitais les lieux d’un bref coup d’œil, je voyais des choses affreusement étranges. Notamment que ça ne choquait personne que certaines portes soit au milieu du mur, à huit mètres de haut. Montant les escaliers, je voyais les apprentis mages faire des petits tours avec des catalyseurs variés. Baguettes, Bâtons, Cloches … Bon, après tout.
Laura n’avait pas l’air d’en avoir besoin, elle. Etait-elle une surdouée ? Je n’en doutais pas une seconde.
Après quelques minutes de marche, nous sommes arrivés devant le bureau d’Izuma. Toquant à la porte, j’entendis un « Entrez ! ».
Je me suis exécuté, poli que j’étais.
La salle était grande. Des choses volaient dans tous les sens, et des sabliers et horloges trainaient un peu partout, avançant ou descendant à un rythme qui leur était propre. Au milieu de tout cela, un petit barbu portant un rouage en cristal bleu sur le dos écrivait sur un livre avec un long stylo marron. Des lingots d’or et des pierres de rubis étaient disposés sur son bureau. Tant de richesse sur le même meuble, c’était émouvant. La porte se referma derrière moi, et tout ce qui volait vola encore plus vite. L’homme lui-même écrit plus vite et dit d’une voix saccadée :
– Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis un homme occupé, moi ! Je ne peux pas me permettre de prendre du retard ! Je suis pressé ! Pressé, pressé, pressé ! – Ouais, euh … Salut. Je suis la recommandation de Frédéric. Tout s’est stoppé. C’était genre le truc à ne pas dire. Ce qui volait tomba lourdement à terre et l’homme leva ses yeux vers moi. Sautant de sa chaise, il fit une translation bureau – Gozen si fascinante que je n’ai même pas eu le réflexe de m’écarter. Tombant au sol, l’homme se plaça sur moi et prit lourdement ma main, dont il déplia les doigts un à un. Et à chaque doigt je sentais ses yeux s’illuminer un peu plus.
– Sigillum … Temporalis … C’est … C’est … – Lourd ! Vous êtes lourd ! Poussez-vous ! – Petit … Tu es promis à un grand destin. – Ok, bonjour, je m’appelle Jonathan, ravi de vous rencontrer. – …
L’homme se leva et épousseta sa barbe. Retournant vers son bureau, il ôta ses lunettes de vue et dit alors :
– Mon nom est Albin Izuma. Je suis le directeur de l’Académie Rozenfield, et un éminent archi mage basé sur la recherche scientifique, bien que mon véritable domaine soit la Psychomancie. Et toi, tu es ? – Laura Jones, monsieur. La fille de votre ancien apprenti, Frédéric Jones. – Oh ! Frédéric Jones, où comme on l’appelait à l’époque : Gold. Il ne m’avait prévenu de l’arrivée que d’un seul candidat … – Oui … C’est parce que … Moi j’en ai rien à faire d’être un mage. Je suis juste venu pour vous montrer ma Mana … C’est elle qui doit entrer ici. C’est une psychomancienne de talent. – Mh … Et vous dites que vous vous fichez de l’enseignement que l’on vous octroie ici ? C’est embêtant. Mais en tout premier lieu, j’ai besoin d’une preuve. Pardonnez cette demande cavalière mais je n’en suis pas à mon premier faux Sigillum Temporalis. – Tss. Ok. Ijigen The Time !
Jetant un sablier en l’air et le touchant avec le cône, celui-ci resta suspendu en l’air, et le sable remonta doucement en haut.
– Ça vous suffit ? – … … … Je reviens.
Le vieil homme partit silencieusement, ferma la porte, poussa un hurlement de joie ineffable et revint en toussotant.
– Cela me convient, oui. – … J’ai cru comprendre. – Soyons sérieux, à présent. Jonathan Staÿlis … Vous m’en voyez désolé mais je suis dans l’obligation de vous contraindre à rester parmi nous. Plus loin que votre protection politique, il en va d’une avancée scientifique ma-jeure. Comprenez que vous avez en vous des aptitudes dignes des plus grands champions, et si vous suivez scrupuleusement mon enseignement, vous serez au top de Rozenfield. – Pff. Pas intéressé. – Si vous acceptez, j’intègre votre amie dans nos rangs. Si elle est la fille de Frédéric, alors je soupçonne son potentiel. – V-Vraiment ? Balbutia Laura, heureuse. – Bon, bon. Je signe où ? – Ici ! Hohoho.
L’homme fit apparaître un parchemin et une plume d’oie. Prenant la plume, j’ai signé la demande de candidature, et Laura fit de même. Un tampon « Lu et approuvé » fut plaqué au milieu de la feuille, et celle-ci alla se ranger seule dans un grand tiroir empli de dossiers.
– Bien … Je pense qu’un rappel du fonctionnement de notre établissement s’impose, jeunes gens. Rozenfield se décline en trois années d’études. Vous êtes en première année, mais votre potentiel magique peut vous faire gravir les échelons plus rapidement qu’en attendant une simple année. Aussi il est possible d’être en troisième année au bout d’un an, voire moins, mais je doute que vous y arriviez. Il vous faudrait un potentiel magique conséquent. Vous serez dans des classes mixtes et apprendrez la magie selon votre affiliation. Laura, tu suivras les psychomanciens. Jonathan, tu es le seul élève maîtrisant le temps ; par conséquent tu devras suivre tes cours avec moi, mais rien ne t’empêche de faire un tour dans les ateliers des autres pour t’instruire. Vos camarades de classe seront reconnaissables à leur uniforme. Blanc indique la première année, gris indique la deuxième, noir la troisième. Les motifs magiques sur vos robes vous permettront de vous repérer dans le flot d’élève. C’est un système peu couteux et efficace. Voici vos vêtements. Ne vous en faites pas, ils se lavent seuls pendant la nuit. L’homme nous donna deux robes. Celle de Laura était blanche, avec une fleur rose. La mienne était blanche avec un tigre rose pâle rugissant à la lune.
– Vous les passerez une fois installés dans vos dortoirs … Et en y pensant, Jonathan, tu devras occuper un dortoir de libre. Mh … Tu iras dans le numéro quarante-sept. Maintenant, allez faire un petit tour avant de rejoindre vos quartiers, vos cours commenceront demain. Jonathan, je voudrais que tu reviennes ici à dix heures. – Je vous trouve un peu … Rapide. – Oui ! Je suis un homme pressé, très pressé ! Constamment pressé ! Maintenant, du vent. – … A … Demain. Ai-je répondu.
Sortant du bureau, j’ai regardé Laura :
– Je me demande vraiment si j’ai envie de prendre des cours avec ce type. Il a l’air si … Lunatique. – Tout se passera bien, à présent …
Laura prit ma main en souriant et m’entraîna dans les couloirs. Nous nous sommes séparés au deuxième étage. Trouvant des personnes ayant le même uniforme qu’elle, la jeune fille fit rapidement connaissance avec ses pairs et m’adressa un bref signe de main. J’étais à présent seul. Vaquant dans les couloirs, je me demandais si Melvin allait bien. Je n’aimais pas l’avoir abandonné de la sorte et m’étais promis de l’appeler demain, ainsi que Vlad pour le rassurer. Le vieil Izuma était une personne étrange. Sa barbe était tellement grande et épaisse qu’il pouvait s’y prendre les pieds à tout instant, et il passait de l’extrême lenteur à l’agilité d’un chimpanzé. Je n’avais pas distingué correctement ses habits, mais le rouage de cristal qui tournait sur son dos était éminemment magique. Observant mon sceau des cinq éléments tourbillonner lentement, je ressassais les derniers évènements de la journée :
Harano Malvedere … Aurais-je dû lui donner mon prénom complet ? Non, c’aurait été une mauvaise idée, même s’il ne semblait pas être une mauvaise personne. Sa ressemblance avec Vlad était prodigieuse, en tous les cas, et la forme de magie qu’il utilisait m’était totalement inconnue. Pour être honnête : C’était une chose effrayante. Effrayamment puissante. Black Moon semblait être une technique facile à réaliser … Pour lui. Le double rayon croisé avait généré un croissant de lune fait d’adrôme durci et projeté … Assez puissant pour former un sillage, et dont les particules rongeaient le monstre après l’avoir découpé. C’était quelque chose que je voulais refaire …
Rencontrant un petit groupe de personnes, je leur demandai où se trouvait le dortoir numéro quarante-sept, et ceux-ci m’indiquèrent le quatrième étage. Si j’avais su.
Les remerciant, j’ai foncé. Je n’avais pas faim, et désirais m’allonger un instant.
Montant les escaliers quatre à quatre, je faisais attention à ne pas me cogner avec les autres élèves, et j’ai plusieurs fois eu la trouille … Comme quand ce petit groupe de trois personnes faillit me rentrer dedans … En marchant sur le plafond. Néanmoins il ne me fallut pas plus de quelques minutes pour trouver la bonne porte. Ce château avait l’air immense. La porte de mon dortoir était assez jolie : Faite d’un bois ancien et scintillant, une plaque en or où était gravé le chiffre 47 ornait cette dernière. On aurait dit une chambre d’hôtel. Très sympa comme installation. Toquant et ouvrant doucement la porte, je fus impressionné.
Devant moi s’étalait une grande salle. Une salle de la taille du salon de ma maison, j’entendais.
Il y avait deux lits jumeaux ainsi qu’une table avec un jeu de société encore ouvert. Il n’y avait pas de télévision mais une porte ouverte menant à une belle salle de bain, et surtout une cheminée. Il y avait un petit réfrigérateur et deux guitares posées au coin de la pièce. Une armoire emplie de vêtements et pour terminer deux ordinateurs. Entrant doucement dans la pièce vide, j’observais tranquillement en m’étonnant de l’espace habitable. Le mur était beige mais fait de pierre lisse. Seuls deux lits étaient défaits et le sol était légèrement en pagaille, mais sans plus. Des habits et des jeux trainaient çà et là. Une chambre de garçon, en somme. Alors que je passais la main sur une partie du lit, constatant qu’il était fait de bois et d’un alliage léger, et constatant surtout la qualité des couvertures, la porte se ferma brutalement. Me retournant, deux types m’observaient, étonnés. Ils portaient deux uniformes presque identiques. L’un était gris et l’autre blanc, ce qui signifiait qu’ils n’étaient pas de la même promotion. Celui qui portait l’uniforme grisé, avec un motif de flocon de neige blanc et azur, avait de magnifiques yeux bleus et des cheveux bruns foncés mi longs. De petites taches de rousseurs se situaient au-dessus de son nez, ce qui lui donnait un charme d’enfant, bien qu’il semblât légèrement plus âgé que moi. Il tenait dans sa main droite une baguette faite de bois et de métal, dont le bout crépitait d’azur. Le deuxième type ne me regardait même pas. Les yeux fermés, il était totalement bercé par la musique produite par son casque mauve. Tapant le rythme avec ses pieds et claquant des doigts, sa nonchalance me rappelait légèrement Melvin. Il portait un bandana noir et mauve autour de son crâne, qui couvrait une partie de ses cheveux, ne laissant passer qu’une grande mèche rebelle et rousse, semblant coiffée. Sur son oreille gauche se trouvait une boucle d’oreille en argent et je semblais distinguer un baggy sous son uniforme blanc orné du même motif de flocon de neige.
Levant légèrement la main, j’ai dit :
– … Yo. – T’es qui, au juste ? m’a demandé le brun. – Votre nouveau camarade de chambrée. Enchanté. – Ah, c’est toi. Le vieux nous a prévenus de ton arrivée. Tu es un apprenti mage de glace, comme nous ? – Non, pas vraiment. – Alors qu’est-ce que tu fous là ?
Le deuxième type, plus jeune que nous, mais de peu, retira son casque et dit d’une voix claire :
– Laisse le tranquille, Armand. Tu connais Izuma, mieux vaut ne pas le contrarier. – Pff, pas faux. Je m’appelle Armand, enchanté. Et lui, c’est Perceval. – Mais appelle moi Percy, s’teuplait ! – Je m’appelle Jonathan. Jonathan Gozen. – Gozen ? Ce n’est pas commun, ça, a répondu Percy. – C’est mon deuxième prénom, appelez-moi de la manière que vous voulez, j’m’en fiche. Je prends quel lit ? – … T’es pas gracieux, toi. Tu pourrais au moins nous faire un sourire, a murmuré Armand, irrité. – Je pourrais, ouais. – Hahaha ! Moi j’le trouve drôle le nouveau ! – Percy vint à moi et plaça sa main sur mon épaule, un grand sourire aux lèvres – T’es musicien ? – Non, désolé. Je n’ai jamais été très doué avec les instruments. – Bah ! Pas grave ! En fait j’avais peur que tu me fasses de l’ombre ! – … T’as un problème, toi. Bon, enfin, je voudrais passer mon uniforme pour voir s’il est à la bonne taille. Je reviens. – Ne t’en fais pas, les uniformes sont hyper larges mais s’adaptent à ta taille et ton poids. C’est de la couture magique, tu peux pas test, a déclaré Percy en levant son pouce. – Oh.
Haussant les épaules, je suis allé à la salle de bain. Cette robe de mage ressemblait à un kimono mais n’en était pas un. Comment diable devais-je enfiler cela ? Galérant quelque peu à trouver les bons trous, j’ai passé la robe et suis sorti. Armand, qui parlait à Percy, ouvrit la bouche en me regardant.
– … C’est quoi … Cet uniforme ? – M-Mec … T’es quoi, au juste ? Demanda Percy, ayant lâché son accordeur de guitare, qui tomba par terre. – Mh … Comment le vieux m’a appelé déjà ? Vous êtes des mages de glace, c’est ça ? – … Oui ?
J’ai placé la paume de ma main, tourbillonnante, dans leur direction, et j’ai déclaré sans un sourire :
– Alors … Je suis un mage temporel.
Le tigre cousu sur le dos de mon uniforme se mit à briller des mêmes couleurs que mon sceau.
– Je sens qu’on va devenir hyper … Populaires ! A crié Percy, un sourire rayonnant aux lèvres.
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Link Feuille de personnage Objet(s):
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| Haaa ça y est, l'Académie et la plétore de personnages avec Percy&Cie. dont tu m'as parlé, ça va être drolement sympa. Rencontre tendue entre Harano, Laura, Gozen et Marvick, j'ai bien aimé. Et dire que ça finira très mal ! |
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
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Invité | Vraiment bon ce chapitre.
Déjà, on a ENFIN une sorte d'explication Laura-Gozen. Le dialogue est sympathique, et le combat qui viens après clair et assez épique. Quand à Harano et Mavrick... Ils sont tout deux assez cools. J'aime bien l'académie des mages, j'aime beaucoup Percy et Armand (enfin, surtout Percy en fait). Bref.... Que du lourd. Du très lourd.
Un chapitre de transitions sans défauts, et vraiment sympa à lire. Peut-être que tu aurais pus le couper en deux chapitres distinct en trouvant le moyen de rallonger les deux parties distinctes; genre en écrivant tout le dialogue avec Harano, qui est un personnage qu'on aimerai découvrir un peu plus, ou en parlant un peu plus de Mavrick, un peu ellipsé peut être. Ou en rallongeant la description de Rozenfield, genre en la décrivant aussi longuement que Bazzer, parce que je suis sur que tu as des choses à dire dessus. BREF, encore le défaut du condensé, mais honnesly, c'est plus un souçis en terme d'ergonomie qu'autres choses, parce que j'ai eu l'impression que celui là étais plus long, mais surtout plus dense que les autres chapitres.
Enfin. Après, c'est purement personnel, mais Izuma m'a un peu déçus, peut-être. Mais c'est du pinaillage. |
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Nombre de messages : 5870
| Ouaip je vois parfaitement ce que tu veux dire. En ce qui concerne Rozenfield j'ai concrètement huit mois (temps ARKien hein) pour la décrire completement, a coup d'allers-retours dans la ville, ou de passages divers dans l'académie. Izuma et Armand font partie de ces personnages que l'on découvre au fur et a mesure, donc ton pinaillage me semble parfaitement compréhensible.
J'ai eu la meme idée que toi en ce qui concerne le scindement des deux passages du chapitre, mais en vérité j'ai eu peur de trop en dévoiler sur Harano et Marvick, que je compte illustrer bien plus clairement après Rozenfield.
Je savais que Percy te plairait /o/
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | Allez, la suite !
Un p'tit clin d'oeil à mamzelle Rowling pour le réfectoire de Rozenfield. C'est fait avec le coeur ♥
En y repensant ... Bien que les pays n'existent pas, les langues anglaises, japonaises, latines, allemandes, grecques ... J'en passe, existent. Ce sont des bases de langages va t-on dire "universelles", et si l'anglais n'est pas nommé "Anglais" en Aether, par exemple, il reste de l'Anglais. J'espère que vous comprenez.
Chapitre 6 : J’appréhende le Cercle
Armand était une personne froide et distante – ce qui allait bien avec ses pouvoirs – mais il semblait talentueux. Marchant d’un pas lourd et ne se préoccupant de ce qui l’entourait, il m’expliquait brièvement certains lieux de l’académie où je devais me rendre, et ceux dont je ne devais surtout pas m’approcher … Comme la salle des professeurs, par exemple. Il était tard, et j’avais appris qu’à moins d’une autorisation spéciale, nous étions tous obligés de nous rendre au réfectoire le soir. J’en soupirais presque, mais la bonne humeur de Percy me réconfortais un peu. Armand pressa le pas, à cause de l’heure, et Perceval tira doucement mes habits, au niveau de l’épaule, et me dit alors, retirant son casque :
– Armand n’est pas méchant. – Je suppose … Mais … – Nan, nan … Comment je peux t’expliquer ça ? Armand tu vois … C’est un type … Euh … – Chiant comme le blé ? – Non. Talentueux ! Et c’est ce qui le rend aussi froid. Il n’est pas vantard mais il essaie d’être au top, quoi qu’il advienne. – Quel rapport avec moi ? – Je crois que tu l’intimides. Pourtant t’es surement cool, j’te connais pas hein, mais p’têtre qu’il ne veut pas que tu lui vole la vedette. – C’est immature. Il n’a pas l’air immature … – Certes. De toute manière, nous serons tous les trois ensembles à partir de maintenant … La nuit, tout du moins … Alors autant bien s’entendre, sinon ce sera infernal.
Percy me sourit et rejoignit son compagnon. Bien que cela m’énervais, il avait raison ... mais si Armand ne m’aimait pas, je n’avais pas à faire d’efforts pour lui plaire.
L’odeur de viande fumée remontait dans les couloirs et titillait mes narines. Je n’aurais jamais pu, seul, me payer ce luxe que L’académie Rozenfield représentait. Regardant autour de moi, j’apercevais beaucoup de tableaux montrant des personnes plus ou moins jeunes, ou bien des hybrides. Tous avaient de beaux habits, ou des robes de mage. D’éminents érudits ? Peut-être, peut-être.
La porte du réfectoire était gigantesque : Je ne voyais pas comment un humain pouvait décemment l’ouvrir mais il suffît à Armand d’une simple pression d’un bouton pour révéler de complexes mécanismes. De grands rouages magiques apparurent dans les cadres de la porte, en verre, et s’illuminèrent puis tournèrent rapidement. De la fumée sortit du coin supérieur droit de la porte et le gigantesque édifice s’ouvrit lentement, faisant sortir un flux magique vaporisé par de fins trous faisant office de sorties de tuyaux, servant eux-mêmes de canaux d’écoulement magiques. Sur les portes du réfectoire, le signe de la Glace s’illumina et Armand, puis Percy, passèrent la porte.
Bonjour la discrétion.
Mais j’ai compris dans le même temps que le passage au réfectoire servait à faire l’appel : Une liste devait être établie, ou quelque chose dans le genre, numérotant sans doute le nombre de marques magiques illuminant la porte à chaque pression du bouton.
La porte se ferma violemment devant moi. Réfléchissant quelques secondes, j’ai appuyé sur le bouton à mon tour, un peu anxieux. Un nouveau signe fut gravé : Celui d’un tigre. Les portes s’ouvrirent lentement et c’est lorsque je suis entré dans la salle que tous les regards se tournèrent vers moi. Le réfectoire était une magnifique salle de bois, de marbre et d’or, et un tapis qui changeait de couleur suivant la Mana des élèves passant dessus partait de la porte au fond de la salle, où était placée une statue de Levios, dieu de la Création. Les tables étaient disposées en banquet mais, à la différence du refectoire magique décrit dans un livre très connu et que j’appréciais beaucoup, le toit était normal. Les professeurs mangeaient à une table à part, au loin, et je ne les distinguais, de ce fait, pas en détail, mais le silence fut tel que j’ai déclaré :
– L’un de vous a un problème ?
Chuchotements bruyants, ressemblant à une nuée d’insectes. Discrétion foirée, de but en blanc, et je cherchais ma table du regard. Percy et Armand étaient debout, au milieu de la salle, tout comme moi, et si le casqué riait, son ami me dévisageait froidement. Trois élèves se levèrent et vinrent vers moi. Le plus « fort » d’entre eux (reconnaissable à sa robe noire) se plaça devant moi et m'observa - de trop près - en souriant.
Son sourire était mauvais. Et c’avait surtout l’air mauvais pour moi. « L’enrobé » noir était blond aux yeux verts et plus grand que moi : Il avait sur son uniforme un signe de flamme rougeoyante et dorée. Ses deux compagnons étaient eux-aussi des mages du feu. Je cherchais du coin de l’œil mais n’apercevait pas Laura. Un professeur se leva, mais le vieil Izuma l’en empêcha. Fronçant les sourcils, j’ai plongé mon regard dans celui du mage du feu.
– Moi … J’ai un problème, minable. – Ah, oui, un clair problème d’haleine.
La foule a ri. Peut-être que je n’aurais pas dû en rajouter, mais c’était tellement vrai. Après, ben, j'ai pas trop kiffé, quoi.
Le garçon fronça les sourcils à son tour et la colère monta en lui, gravissant peu à peu les échelons de haine et de ressentiments divers envers ma personne. Percy et Armand se placèrent devant moi et ce dernier murmura alors :
– Il t’a fallu quelques minutes pour te foutre dessus avec un des meilleurs mages du feu de la dernière promotion. T’es con ? – Gozen, t’es trop épique, ajouta Percy, mais à cause de toi on va passer un sale quart d’heure devant tout le monde. Dommage pour la popularité, haha !
Le mage repoussa d’une main mes deux compagnons et me prit par le col, me soulevant. Ses compagnons bloquèrent Armand et Percy.
– Toi, tu vas ravaler ta fierté ici et servir d’exemple à toutes les premières années.
Il me plaça un sévère coup de poing et je tombai au sol. Me relevant difficilement je constatai sur ma joue une trace de brûlure. Ecarquillant les yeux je vis que mon agresseur avait son poing enflammé.
– Mon nom est Rex. Ignacio Rex. Et je vais t’en coller une, maintenant.
Alors que Rex plongeait sur moi de façon désordonnée, je me suis écarté, plaçant une fraction de Mana dans mes pieds pour augmenter ma vitesse, et ai répliqué en lui donnant un coup dans le ventre. Celui-ci recula quelque peu et jura. Je n’aimais pas me battre mais vu que personne ne semblait vouloir m’aider je n’avais pas vraiment le choix. Perceval n’eut pas le temps de voir la rafale de coups de poings enflammés affluer et l’impact lui brûla sévèrement tout le corps. J’ai crié son nom puis ai reçu un deuxième coup qui me fit tomber lourdement par terre. Rex appuya son pied contre mes côtes et plaça son poids dans la plante, afin de m’écraser.
La respiration coupée, je sentais ma vue se troubler. Le rire du garçon résonnait dans ma tête et chaque écho était similaire à un choc dans le crâne. La différence de force était évidente, mais ce qui me choquait était que personne ne vint à mon aide. Pas même Laura. En avaient-ils seulement le droit ?
J’avais si mal que je voulais crier mais je ne pouvais rien faire de plus que subir. Le pied de Rex devint enflammé et là ce fut trop. Alors que je tentais à perdre connaissance, la douleur s’accentua si fort que le sceau temporel s’activa instinctivement et que ma main dégagea un laser rose pâle capable de projeter Rex sur plusieurs mètres. Me relevant à moitié, je murmurai :
– Ne me touche … plus … jamais.
Mes yeux redevinrent clairs, et la situation avait totalement changée. Les deux mages de feu accompagnant Rex étaient pris dans une glace très dense, crée par la baguette d’Armand, et Percy était debout à mes côtés, me souriant et levant progressivement le pouce. Son corps s’effrita et se transforma en une sorte de fine banquise qui tomba lourdement au sol. Il était intact, finalement, ce qui relevait d’une technique de défense impressionnante. Quant à Rex … Ses bras étaient fermement tenus par ce qui semblait être les deux jumeaux de mes rêves. Ceux-ci étaient faits d’énergie Adromique pure et regardaient à l’opposé l’un de l’autre, sans bouger. Chacun d’eux faisait une clé de bras à Rex, qui tomba à genoux. Sentant une puissance déraisonnable couler en moi, j’ai placé la paume de ma main vers Rex et ai murmuré :
– Adrom Laser.
Le tourbillon s’activa, provoquant un bruit de réacteur à cause de la friction des adrômes, et un laser rose sortit, frappant de plein fouet la cage thoracique de mon agresseur. Les deux jumeaux disparurent et le type, sans pouvoir répliquer d’avantage, s’étala au sol dans un râle suffoquant.
Le silence qui s'en suivit était gênant.
Me calmant, je vis que Percy et Armand m’observaient, stupéfaits; et ils n’étaient pas les seuls : Le banquet entier ne put dire un mot, puis tous crièrent si fort que mes oreilles bourdonnèrent.
– Bah voilà, t’es populaire ! A déclaré Perceval, souriant. – ... Mais, ai-je répondu, sans pouvoir aller plus loin.
Comme entrée fracassante, il n’y avait pas mieux.
Jetant un coup d’œil au vieux, celui-ci acquiesça doucement en signe d’approbation et ça m’a légèrement blasé. On autorisait les élèves à s’entretuer, ici ?
Mais il n’en était rien : Une jeune femme prit Rex sur un brancard et le souleva à l’aide de la télékinésie, puis l’emmena en dehors de la grande salle.
– Il s’en sortira, a déclaré Perceval entre deux bouchées, l’infirmière de l’Académie est capable de tout soigner. – Je me sens un peu mieux, dans ce cas, ai-je murmuré en constatant les pommes de terre et le gigot dans mon assiette.
Les personnes autour de moi me regardèrent. Leur adressant un bref signe de la main, je m’attaquai à mon assiette. J’entendais des murmures autour de moi : Des « Qu’est-ce que c’était, à l’instant ? » « Je n’ai jamais vu ce motif d’uniforme … » « Il est beau, tu ne trouves pas ? »
Soupirant, j’ai dit à Armand et Perceval :
– Désolé, je n’ai pas faim, je pars maintenant. On se retrouve en haut, je suppose.
Partant de la salle sans me retourner, le moindre de mes gestes était susceptible de faire taire l’audience. La porte se ferma brutalement derrière moi, révélant le couloir éclairé du rez-de-chaussée. J’ai regardé la paume de ma main, parfaitement stable. Un laser d’Adrôme ? Vraiment ? Si l’on m’avait dit que c’était une réelle situation critique qui me ferait réussir à le produire … Par ailleurs Tomoe avait raison, bien que je n’en eus jamais douté. Marchant doucement dans les couloirs et gravissant les escaliers éclairés par les faibles lumières magiques placées par les professeurs, je n’avais plus la force de réfléchir. Tout était trop éprouvant pour moi. Armand et Percy s’étaient eux-mêmes bien débrouillés, quand j’y pensais. Surtout Armand. Me considérait-il comme un rival ? Il m’avait esquivé pendant le diner, mais avait en même temps prouvé sa force devant les autres élèves.
Au final, il aurait dû me remercier.
Alors que je marchais plus doucement, ralentissant le pas, j’ai perçu un sifflement aigu.
Ecarquillant les yeux, je me suis instinctivement mis à genou.
Un faible rayon passa au-dessus de moi et disparut dans les ténèbres. Relevant doucement la tête, j’ai entendu un petit rire, et l’explosion énergétique qui s’en dégagea fut si forte qu’elle me paralysa sur place. Je me suis levé, tremblant, et me suis retourné. Derrière moi se trouvaient trois personnes, dont une adossée à un animal putréfié, ce qui était franchement dégoûtant.
Lui, était légèrement en retrait : Le chien sur qui le type était avait la tête entourée d’une flamme verte dégageant une lueur inquiétante. L’homme était assez grand et fin, blond frisé et souriait gentiment. La fille qui était à côté de lui était simplement sublime : Grande, élancée et rousse foncée, ses longs cheveux étaient tenus par une barrette, et sa robe de mage, noire, était coupée vers le bas, révélant ses chevilles et lui donnant un air particulièrement élégant.
Souriante, elle avait placé ses doigts pour créer une forme de cœur et me visait. A côté d’elle, un homme était placé comme un singe au sommet du manche d’un gigantesque maillet. Sa robe noire ne pouvait cacher la queue simiesque qui partait du bas de sa colonne vertébrale, et il m’observait avec un sourire dément. Une longue langue ornée d’un piercing sortait de sa bouche et passait doucement sur ses lèvres, comme s’il désirait me dévorer. Ayant de longs cheveux blonds en pétards, sur ses joues se trouvaient deux cicatrices ayant la forme de grandes griffures.
– Eh bien ! Tu as réussi à esquiver mon sort ! Ton instinct est impressionnant ! S’exclama la jeune fille, satisfaite. – Haha … Il n’a pas l’air très coriace pourtant ! Je pourrais le donner en pâture à mes amis, non ? Demanda le blond. – Hé ! Hé ! Hé ! Je veux le taper ! Allez, Allez, Ember, s’il te plaiiiit ! Cria l’hybride singe blond en souriant encore plus intensément et en faisant sautiller son maillet comme s'il s'agissait d'un simple ressort. – Qu’est-ce que … ai-je commencé, mais la jeune fille m'interrompit en émettant un petit rire. – Tutut ! Ne baisse jamais ta garde ! Lovely Laser ! – Hé !
Me plaquant contre le sol, j’ai évité l’attaque en forme de cœur. Me relevant rapidement, j’ai foncé sur la fille, mais l’homme au chien s’est interposé :
– Allons, allons ! Ce n’est pas bien de s’en prendre aux demoiselles, n’est-ce pas, Lady Venus ? – Hihi ! Tu es si gentil avec moi … Béhémoth … Mais je ne suis pas le bras droit de Light pour rien. – Embeeeer ! Laisse-moi le cogner ! Allez, quoi, allez ! cria le type sur le marteau, en s’agitant. – Mais lâchez-moi ! Vous êtes qui, d’abord ? – Lovely Laser !
La jeune fille, répondant au nom d’Ember, me visa avec ses deux mains et lança un nouvel impact en forme de cœur. Plaçant ma paume devant elle, j’ai crié :
– Ijigen The Time !
Le cône d’adrôme généré par mon sceau stoppa le laser dans le temps et me permit de passer à côté de lui pour rediriger Ijigen The Time sur mes trois agresseurs. L’homme-singe sauta du manche de son marteau et fusa dans ma direction, évitant le sort facilement, mais Béhémoth et Ember furent pris au piège, ne pouvant plus bouger. Modulant l’adrôme dans mes pieds, j’ai esquivé l’impact de l’hybride, qui donna un coup de poing si fort contre le sol qu’il fit une grande fissure sur le carrelage. – Quelle force étonnante, ai-je murmuré, avant de faire un pas en arrière pour esquiver un coup de griffe.
L’homme-bête tenta à plusieurs reprises de me lacérer le visage et je l’esquivais difficilement. Haletant, je suis tombé à genoux, tentant de reprendre lourdement ma respiration. Je n’avais rien mangé et manquais d’énergie. Alors qu’il s’apprêtait à me décocher un violent chassé, les mains dans les poches et le sourire rayonnant, la jeune fille dit doucement :
– Ça suffit, Fang. – Eeeeeh … ! Pourquoi !? – Calme-toi, Fang. N’oublie pas pour quelle raison nous sommes ici, a déclaré Béhémoth en souriant gentiment. – Bah moi j’le trouve faible, ça te pose un problème, le mouton !? – Bélier, mon grand, bélier … Bien, Ember, ton verdict ? – Pas très intéressant, le gosse du temps, mon petit mouton en sucre … – Bélier … Ne me forcez pas à m’énerver. – Ses cheveux devinrent progressivement gris – – Calme toi, calme toi … murmura la jeune fille en souriant à l’adresse de son compagnon, Light sera plutôt content de savoir que la rumeur est vraie. Et puis il a tout de même battu Rex. Cet idiot n’est pas exceptionnel mais il reste une troisième année. – Je te rappelle qu’il était aidé de … – Plus un mot, Béhémoth. Il est temps pour nous de rejoindre la salle du comité. Venez, les gars. – Hé, attendez, les chiants.
La jeune fille fut la seule à se retourner. Elle souriait.
– Vous m’attaquez sans prévenir ni me laisser une chance de me défendre, puis vous vous barrez comme ça ? Vous êtes légèrement gonflés, non ? Surtout toi la rouquine. – Toi ! Tu parles pas comme ça à notre Lady, pigé !? Cria Fang, en fronçant les sourcils et en s’agitant. – Je me fous de la manière dont je vous parle, c’est quoi votre problème ? Ai-je rétorqué. – Tu sais où est la salle du comité, mon cœur ? A demandé Ember, un petit sourire aux lèvres. – Ton … Dis-donc, toi, on n’est pas mariés, ça te brûlerait les lèvres de m’appeler par mon prénom ? – Haha ! C’que tu peux être susceptible ! Trop mignon ! Gozen, c’est ça ? – A peu de choses près, oui. – La salle du comité se trouve au cinquième étage. Tu devrais la trouver facilement. Passe donc nous voir, à l’occasion. – Aucune chance.
Me retournant, je suis parti, frustré.
Rejoignant mon dortoir, je constatais que j’étais le premier arrivé, malgré le temps passé à traîner dans les couloirs. Ces types étaient forts, et je ne devais mon salut qu’à ma légère maîtrise du temps. Réfléchissant sur la salle du comité, je me suis déshabillé et me suis doucement placé dans mon lit.
Me testaient-ils ?
Je me suis endormi sur cette appréhension, me demandant ce que Melvin et Laura faisaient.
Au petit matin, j’étais encore seul. Il était huit heures trente, et les cours de mes compagnons avaient déjà commencé. La première chose que je fis, après m’être préparé, fut de trouver un téléphone et d’appeler Melvin, en espérant qu’il ne dormait pas.
Composant lentement son numéro de téléphone, que j’avais retenu, je me demandais où trouver Laura. La sonnerie retentit et mon interlocuteur décrocha :
– Yo ! C’est Melvin à l’appareil, What’s up ? – C’est Jonathan. – Holy sh- ! Comment ça va, dude ? T’es bien arrivé ? – Ouais, et j’ai failli mourir quatre fois. Ça va, toi ? – Obvisously, homie ! J’suis so happy de te causer de si bon matin ! J’allais partir en entraînement, figure toi. Laura est avec toi ? J’ai appris qu’elle s’était enfuie avec toi. – Ce n’est pas le mot que j’emploierais … Mais je suppose qu’elle est en cours. Il m’arrive des trucs chiants, si tu savais. – Chiants comment ? – Chiants comme être dans le bureau de Painchoff un après-midi d’été. – Oh, damn, chiant à ce point-là. Bah, écoute, vieux, t’as trouvé des gens cools quand même ? – Eeeh … Entre ceux qui essaient de me tuer et mes deux compagnons de chambres … Pas vraiment. – T’façon t’as jamais apprécié la compagnie des gens, dude. Le lycée est en train d’être reconstruit, et la classe a été transférée dans une autre école, pas loin de Pumpkin Hill, figure toi. Ça fait une trotte en bus mais moi j’m’en fous, j’ai qu’à surfer … Encore que c’est assez dangereux sur Radical Highway. – Ah ouais, Pumpkin Hill … J’dois être à soixante-dix kilomètres de là. Dis-toi que je suis passé par la forêt de Neolia pour rejoindre Rozenfield. Je ne te raconte pas comme c’était galère. – Pffrt, avec ton vieux scooter en plus. T’es pas gâté par la vie, homie. Bon et c’est quoi cette histoire de gens qui veulent te tuer ? Tu veux que je vienne les cogner ? – Tu pourrais même pas entrer dans l’établissement, t’sais. Tu ne devineras jamais qui m’a emmené à Rozenfield, d’ailleurs. – Bah dis le moi, si je le devinerai pas. – Malvedere Harano. – … Sans déconner ? – Melvin eut la voix tremblante quelques instants – – Ouais, mais il ne savait pas que c’était moi, et … Heureusement. Ce mec … Il est effrayant. – C’est un con ? – Non, il est super cool, figure toi. Mais tellement puissant … – Ah ouais, c’est un badass. Bah, t’es en sécurité, là où t’es. Tu comptes appeler ta famille où tu veux que je passe les voir pour les rassurer ? – Ouais bah, passe les voir, quoi. – Eh, j’peux te poser une question, entre nous ? – Vas-y, je t’écoute. – T’as pensé à aller voir ta mère, avant de t’en aller comme ça ? – J’y ai pensé, mais on ne m’a pas trop laissé le choix … Y a bien un moment où je pourrai la voir. – L’hôpital de Bazzer est muni d’écrans de Visio-conférences, t’sais, il doit bien y avoir un moyen de passer un coup de phone à ta mère, j’pense. T’sais homie, t’es un de ses seuls soutiens. – Oui, bah, me le rappelle pas, j’étais au courant figure toi. Mais son état est stable pour quelques temps, encore. C’est le docteur qui l’a dit à Vlad y a pas longtemps. – Ouais, je vois. Sinon, ton bahut est comment ? – Je n’ai pas trop eu le temps de le visiter, mais je peux t’assurer que le manoir des Jones paraît minuscule en comparaison. Par contre paie ton cliché : Un château lugubre en bordure d’une falaise en érosion, face à l’océan … Ce genre de choses. – Qu’est-ce que tu t’en fous, de ça, seriously. Cela dit j’vais être en retard donc je te laisse. Good luck pour la suite, homie, et pense à Laura de temps en temps !
Melvin a raccroché sur ces mots.
J’ai soupiré.
Une installation de visio-conférence, ici ? Peu probable.
Comme je n’étais pas loin du bureau du vieux, il m’était inutile de me presser. Avec l’espoir de ne pas manger seul à midi, j’ai rejoint le bureau du professeur vingt minutes après l’appel passé à Melvin, et ledit professeur m’ouvrit la porte avant même que je ne toque. Serrant ma main, ses yeux pétillants me firent penser à un enfant devant une friandise géante. Une fois de plus. M’emportant avec lui dans la salle, il déclara en se dirigeant vers son bureau :
– Tout d’abord, permettez-moi de vous féliciter pour le spectacle d’hier soir, c’était à la hauteur de ce que j’attendais d’un apprenti mage temporel ! Donner une telle correction à des troisièmes années – bien que vous ayez été aidé – a mis plusieurs professeurs de l’académie en émoi … Et bien d’autres élèves encore. Oui ! Je crois, jeune homme, que vous vous êtes bâti une petite réputation qui ne sera pas sans conséquence pour la suite de vos études ! Mais encore faut-il que vous puissiez l’assumer … ! – En fait, je n’ai fait que me défendre … Mais j’en ai payé le prix. Hier, trois personnes de troisième année ont tenté de me cogner dans le couloir du troisième étage, puis ont déclaré que je devais passer par la salle du comité. C’est quand même dingue qu’il n’y ait pas de surveillants de couloir. – Nul besoin de surveillants ! La pratique est la base fondamentale de notre enseignement, et l’on reconnaît les meilleurs élèves aux moins bons en constatant qui survit, ou non. – Et c’est légal ? – Ce qu’il y a de plus légal. Nous ne faisons pas signer un contrat pour rien, lors de l’inscription. Mais j’y pense, vous venez de parler de la salle du comité ? – Ça vous dit un truc, le vieux ? – Evidemment ! Comment étaient ces jeunes gens ? – Mh … Y avait un frisé sur un chien démoniaque, un singe sur un marteau et une rouquine prétentieuse. Vous les connaissez ? – Ah, ça … Ils ont été rapides. Je n’en attendais pas moins du jeune Light. Un membre du Cercle a dû parler de toi, hier soir. – Le Cercle ? Qu’est-ce que c’est ? ai-je demandé. – Le Cercle des délégués de l’académie de Rozenfield … Ou autrement nommés les Piliers. Il s’agit d’élèves au fabuleux potentiel se réunissant pour assurer la sécurité d’autres élèves. Ils sont admirés dans l’académie entière et leurs notes sont à la hauteur de leur réputation. Je veux bien admettre que certains d’entre eux soient intéressés par toi, en raison de ta magie particulière … Mais si tu veux tout savoir, tu n’es au niveau d’aucun d’entre eux. – Si c’est en essayant de me tuer qu’ils essaient d’assurer ma sécurité, je crois qu’il y a un souci, ai-je rétorqué en me grattant le nez. – Ce n’est pas l’heure de parler de tes relations interscolaires, Jeune homme. Etes-vous prêt à recevoir l’enseignement d’un ancien membre du Cercle ? – Vous ? – Hohoho, oui … Mais cela remonte à si longtemps … Sache juste que le Cercle est sacré … Ne tente rien de stupide contre eux. Cela dit, nous allons commencer par de la théorie. Tu as beaucoup de choses à apprendre, et j’évalue ton enseignement sur deux ans. – Deux ans ? C’est lourd. – C’est ce qu’il faut. J’ai pris le soin de t’intégrer à plusieurs cours qui te permettront d’en apprendre plus sur les sources magiques relatives à Aether. Vois-tu, l’adrôme Temporel est un adrôme dit « Tertiaire » : Une de ses facultés est de réagir avec tous les adrômes existants, et de se fondre en eux, ce qui induit que tu puisses utiliser à petite dose – Plus ou moins – chaque élément que tu rencontreras et que ton sceau absorbera. Evidemment, ce n’est que de la théorie, et à mon sens l’Ether est plus indiqué pour ce genre de prouesses … Mais je suis extrêmement curieux de connaître les limites de l’adrôme Temporel, et nous allons y travailler à deux. – Et quels sont mes cours ? – Tu auras accès à la relative Temporelle, avec moi, l’Histoire d’Aether ainsi que la physique Adromique. Ensuite, un panel de cours portant sur divers éléments te sera proposé, mais ça, c’est ton choix … Ces cours seront facultatifs. Cela te convient-il ? – Si ça peut m’aider, oui. – Bien, commençons par les bases de la relative Temporelle. Pour commencer, nous allons parler du temps concret. Es-tu prêt ? – Puisque je vous dis que oui …
Le vieil Izuma se plaça derrière son bureau et caressa doucement un sablier, dont le sable s’écoulait frénétiquement, le sourire aux lèvres – Bien que cela se distinguait difficilement derrière sa longue barbe – puis s’éclaircit la gorge. Lui qui semblait si pressé de nature devint d’un seul coup plus posé. Sa voix grave résonnait dans le bureau, et le temps lui-même semblait s’arrêter pour l’écouter. M’asseyant à mon tour, je l’ai écouté avec attention.
– A l’origine des mondes … Le temps Physique fut de prime abord un concept développé par le genre Humain pour appréhender l’évolution constante de la matière. Qu’en fut-il réellement, de cette temporalité ? Plusieurs écoles se battaient pour imposer ce qu’ils considéraient comme leur vérité : Propriété Universelle non relative à un peuple mais à toutes les entités existantes, ou produit de l’adage intellectuel et de la perception progressive de l’Humanité ? Rien ne sut à ce moment précis convenir au peuple, qui ne put dégager une explication satisfaisante à l’existence d’une Temporalité tant incroyable qu’intangible. Chaque réponse octroyée par une école, vis-à-vis d’une autre, apportait son lot d’intérêt, et toutes réponses ne furent pas nécessairement théoriques, non. La Pratique changeante du Temps écoulé par les hommes, bien qu’une mesure de ce temps écoulé n’existât pas, fut d’une importance capitale à partir du moment où la Temporalité fut définie non comme un concept mais comme une loi concrète, provenant de notre esprit ou non, et modulable. Modulable par le biais de l’élémentarisation de l’Or et de la pierre de Rubis, dont la complexe fusion semblait faire interagir des molécules jusqu’alors inconnues, mais aux effets troublants. Au départ rudimentaire et difficilement appréhendable, la compréhension du temps prit sa place dans la psyché humaine au même titre que d’autres lois, telle la gravité, et fut précisée comme agence indéfectible d’un « adrôme » Tertiaire. L’adrôme, de base, est une particule subatomique … Une molécule « Polymorphe » se déclinant en plusieurs tierces, elles-mêmes se déclinant en biômes gravitant sans cesse autour d’un corps, et induisant une loi de la physique ou de la magie élémentaire. Autrement dit, c’est un concept que scientifiques et archi-mages nomment Animus. Et tout part de cet Animus devenant Ether, puis Temps, Dimension, Création et Esprit, et se déclinant de la même façon en Passé, Présent, Futur, Amour, Haine, Destruction, Ordre … pour se diviser en demi-biômes d’agence éthérée … Mais je m’emporte, revenons au temporel physique. La particularité qu’eut le Temps, par rapport aux autres Tierces, fut de moduler la pensée des êtres Humains, et d’intégrer en eux une notion d’évolution à la fois Linéaire et Cyclique. Que la pensée humaine fut de nature scientifique, psychologique ou religieuse, toutes sont soumises à la même réalité inchangeable, et il ne suffît que de cette acceptation pour porter le Temps au sommet de la pensée conceptuelle parfaite inculquée par nos dieux, et pour porter Orion, son créateur, au rang d’Archi-dieu du noble panthéon divin. Suivez-vous, jusque ici ? – Continuez, j’intègre doucement … – La suite risque d’être plus compliquée. Le Temps provient du latin primal Tempus, lui-même de la racine du grec Temnein, si vous préférez, "couper", explicitant la division de ce que l’on nomme le « flot du temps ». Mais cela ne s’arrête pas là … Si vous suivez la religion, vous n'êtes pas sans savoir qu’Orion, dieu du temps, et Septime, dieu dimensionnel, sont frères jumeaux. Cela provient en partie de la seconde racine du mot Temps. Temples, ou Templum, dérive de cette racine et agit comme correspondance spatiale, mais nous verrons cela lorsque nous aborderons les théorèmes spatio-temporels. Cette introduction passée, notre cours d’aujourd’hui portera sur le Chronos. – Je suis tout ouïe. – Tant mieux, tant mieux … Dans les multiples types de Biômes existants, et interagissant avec le flux d’Adrôme Temporel, existe une catégorie spéciale que l’on nomme le « Temps Historique ». Celui-ci comporte bêtement le Biôme de passé, de présent et de futur. L’on définit le passé par « Ce qui fut », le présent par « Ce qui fut et ce qui sera » et le futur par « Ce qui sera ». Tu comprendras, par ces diverses correspondances, que le présent fait partie de ces propriétés indéfectibles et en constant changement. L’élémentarisation du Temps Physique provient de la réflexion sur le Présent, et sur ce qui fut, puis sera. Si tu peux appréhender le Présent, non comme un humain mais comme un mage Temporel, tu peux nécessairement appréhender le Temps au-delà des connaissances rudimentaires provenant de l’Antiquité. Il s'agit là de ce que j’appelle le Présent, ou la « Relative Temporelle Présente » et ce que toi, mage Temporel, devra désormais appeler le Chronos. Et ce Chronos est la base même de toute la magie que tu exploiteras à l’avenir. – Le Chronos … D’accord … continuez, s’il vous plaît. – Le Chronos est considéré comme le « tout » du temps. Relatif au présent, il s’associe généralement avec la phrase : « Hier était le jour précédent et demain sera le jour suivant car je suis Aujourd’hui ». Ce Chronos est naturellement lié à deux autres notions : l’Aiôn et le Kairos. Nous en parlerons en détail plus tard. Le Chronos est mathématiquement considéré comme un point constamment mouvant sur la « flèche du temps », définie par une variable infinie, et définissant lesdits infinis à ses deux bornes : Passé et futur. Vois-tu : Les notions de temps et de mouvement sont en perpétuelle corrélation. Si l’on part du principe que le mouvement se fait dans la durée : Plus rien ne bougerait s’il venait à s’arrêter … Car son association naturelle avec le concept dimensionnel, et plus précisément son interraction avec les adrômes Tertiaires de dimension permettent une constante expansion de l’un vis-à-vis de l’autre. Si le Temps s’étend, la dimension se compacte, et inversement. Ainsi, selon Orion, le Temps est en quelque sorte le nombre du mouvement selon deux notions spécifiques : L’antérieur et le postérieur. Néanmoins, le Temps semble ne plus faire sens quand l’idée de mouvement disparaît, car le temps suppose une constante variation de flux Adromique. – Est-ce vraiment possible de stopper un mouvement Universel continu ? Ai-je demandé, attentif. – Cela dépend. Le mouvement en lui-même, peut-être pas … Mais si l’on part sur la toute base de la chose : des entités de toutes sortes, et de quelle matière qu’elles furent, sont naturellement altérées par ce que l’on nommera des « évènements ». Ce processus ne prend place que dans une corrélation temporelle partagée par tous ceux qui ont conscience de son cours. Ijigen The Time fonctionne de cette façon … Cette technique précise affecte le Temps Physique mais ne le stoppe pas comme tu sembles le croire : L’adrôme temporel ainsi utilisé agit comme une illusion altérant un évènement du Chronos et classant certaines personnes vis-à-vis d’autres personnes dans plusieurs réalités temporelles insidieusement imbriquées. Ceux qui seront dans le cône d’action de ton sort verront un projectile se déplacer à la vitesse normale de son mouvement primal, car leur appréhension de la réalité temporelle ne sera pas touchée … Mais chaque personne présente hors du cône verra l’objet réaliser un mouvement altéré, voire illogique. Toi, Jonathan, étant nécessairement hors du cône, Ijigen The Time se place comme un sort d’autosuggestion t’écartant de la primale Relative Temporelle pour modeler l’esprit des gens que tu emprisonnes dans ton hypnose. Maintenant, admettons qu’à la place de cône, tu crées un dôme : Lorsque tu t’enfermeras dans ce dôme Temporel, ta conception du Temps à l’intérieur du dôme ne changera pas, mais tout ce qui sera présent en dehors te paraîtra illogique … Plus lente ou plus rapide, en fonction de ton choix ; et inversement ceux qui regarderont dans le dôme ne te percevront pas de la bonne manière. Ijigen The Time a de quoi faire partie de l’éventail sélectif des Techniques de défense Absolue, sous peu que tu essaies de la faire évoluer. – Je n’aurais jamais envisagé la chose comme ça. Frédéric a bien tenté de me l’expliquer, mais c’était bien plus flou. – Il est difficile d’expliciter clairement une notion que l’on ne peut comprendre. Cela dit, Jonathan, le Temps équivaut à la fois au changement et à la permanence. L’altération d’un évènement du Chronos est une chose, mais cela ne peut marcher que si tu admets que la substance modelée reste numériquement la même, malgré les changements qu’elle subit. En d’autres termes, ralentir une balle de Pistolet avec Ijigen The Time vous permet de l’esquiver sans l’ombre d’un souci, mais même si le projectile est ralenti, le contact avec votre corps vous sera fatal … Car dans la réalité temporelle – Et spatialement profonde et étendue – du lanceur, de la source de son projectile ou du projectile lui-même, la rapidité où la violence du tir restera inchangée, et une balle de pistolet lancée à pleine vitesse reste une balle de pistolet lancée à pleine vitesse, même si ton esprit suppose qu’elle soit bien plus lente pour toi que pour les autres. – Dans ce cas … Il n’y a aucun moyen de stopper un corps dans le Temps ? Concrètement ? Par exemple … Je ne sais pas, en réduisant la densité d’adrôme temporel autour d’un corps pour l’emprisonner dans l’adrôme dimensionnel, et le rendre si dense qu’il ne pourrait en aucun cas se déplacer ? – Nous aborderons cela lorsque nous verrons le Temps Spatial, mais votre théorie présente une faille, jeune homme. – Quelle faille ? – A vrai dire, c’est une faille à double tranchant, car je ne suis pas moi-même certain d’être dans l’absolue vérité, cependant … Multiplier à ses extrêmes la densité d’un corps n’est pas sans conséquence. Excepté l’Adrôme temporel, il ne faut pas oublier tous les éléments liés à la dimension : Gravité, Pesanteur, Géocentrisme, Héliocentrisme et plus particulièrement Vide. Je crains fort que bloquer un corps dans le temps par le biais d’une résonnance bancale d’une agence d’adrômes tempora-dimensionnels ait, hypothétiquement, un effet similaire à un trou noir, ou plus bêtement encore un impact sur la gravité et le géocentrisme, et de ce fait un impact irréparable sur l’axe de rotation de notre planète. En d’autres termes je ne vous conseille pas de tenter de choses absurdes … – … Ok. Je ne ferai rien de stupide, dit comme ça. – J’en termine là pour la théorie. La prochaine fois nous aborderons les multiples notions corrélées au Chronos, puis nous passerons à L’Aiôn. – Nous allons faire de la pratique, maintenant ? Ai-je demandé. – Oui, mais nous allons simplement nous entraîner à renforcer Ijigen The Time. Il est trop tôt pour tenter le dôme, mais je ne peux pas non plus vous faire suivre un entraînement concernant l’Adrom Laser tant que vous n'aurez pas suivi les cours Théoriques sur l’adrôme brut. – Très bien, je suis prêt.
Nous avons passé une heure à créer des cônes d’amplitude croissante, et cela m’avait fatigué. Il était midi lorsque je suis sorti de la salle du vieux Izuma, et que j’ai commencé à chercher Laura. Il m’a fallu un certain temps avant de trouver des Psychomanciens en robe blanche, mais Laura étant une nouvelle élève, et assez douée de surcroît, je n’ai pas eu de mal à trouver le groupe où elle s’était intégrée, et avec qui elle aimait traîner. M’approchant d’eux, j’ai fait un signe à la jeune fille, qui me fit un sourire rayonnant. Les trois personnes à ses côtés, deux filles brunes et un grand type en uniforme gris, me regardèrent étrangement.
– Jonathan ! Comment se passent tes cours ? – Bien, bien. Le vieux est dérangé, mais vraiment intelligent. – Excuse-moi … murmura une des deux filles. – Oui ? Ai-je répondu, me retournant. – Tu es le … L’apprenti mage temporel ? – Ouais, c’est moi. – Hier, t’as mis une sacrée ravalée à Rex, dans la grande salle. C’était finement joué … Mais ne prends pas la grosse tête pour autant, rétorqua le gars, à qui je n’avais pas l’air de plaire. – Jake, ne dis pas ça, ce n’est pas son genre ! Répliqua Laura. – Laisse tomber, Lau’. Ecoute mec, je ne sais pas vraiment pourquoi tu me dis ça – Et d’ailleurs je m’en fous – mais je n’aime pas trop le ton que tu emploies, ai-je répondu. – Tss.
Il partit.
– C’était quoi, ce type ? Ai-je demandé à Laura. – C’est … Jake. C’est un élève de deuxième année qui m’a pris sous son aile, dès le départ. Il est très gentil. – Il a l’air, oui. On mange ensemble ? – Oui, si tu veux ! J’espère que Jake viendra aussi, j’aimerais que vous vous entendiez bien, a déclaré Laura. – J’m’en fiche, si tu savais, ai-je rétorqué.
Alors que nous nous dirigions vers le réfectoire, la deuxième fille me prit par le bras et m’écarta du groupe. Alors que j’allais lui demander ce qu’il y avait, elle murmura :
– Qu’y a-t-il entre Laura et toi ? – Rien de particulier. C’est mon amie, ai-je répondu. – Ecoute … Jake est un de mes meilleurs amis, et toi je ne te connais pas … Alors je vais simplement te conseiller de t’éloigner d’elle. – Pardon ? – Jake est amoureux de Laura, et tout semble coller entre eux, alors je ne te laisserai pas te mettre entre eux, c’est bien compris ? – … Mais de quoi j’me mêle ?
Elle me lâcha et alla rejoindre les autres. Jake passa devant moi et son regard en dit long. Rejoignant à son tour Laura, qui riait de bon cœur, j’ai soupiré. Je savais éperdument que je m’embarquais dans une immense galère, mais mes pas refusaient de me faire changer de direction, et nous nous sommes tous attablés les uns en face des autres.
Alors que nous mangions, je ne pouvais m’empêcher de ruminer intérieurement en pensant que Jake était – Excusez-moi du peu – une tête de noeud : Mais il était d’autant plus risqué de penser cela lorsque l’on était entouré d’une bande de personnes capables de lire dans les pensées des gens non préparés. Mais ce mec … Etait tellement détestable ! Un grand type, plutôt beau gosse, à peu près intelligent, mais si vantard et faussement charmeur que son interlocuteur en vomirait des arcs-en-ciel. Jake savait être tout ce que je détestais chez un mec, et à plus forte raison si la greluche d’en face se laissait prendre au jeu … Puis je m’en voulais presque d’être forcé de considérer Laura comme faisant partie de ces filles, mais le fait était là : Il était lourd mais elle aimait ça.
J’ai tenté de tenir pendant tout le repas, mais j’ai craqué sur la fin.
Me massant les tempes, alors que Jake expliquait comment il était trop un mec puissant qui avait terrassé un monstre de la taille d’un Gelyscieur seul, j’ai lâché, à tort ou à raison, un petit :
– Sans déconner, on s’en fout.
Tout le monde s’est figé sur place.
– Pardon ? A-t-il dit. – Excuse-moi mais … non mais, sérieusement. Tu sais parler de quoi d’autre, à part ta vie ? – De beaucoup de choses, mais serais-tu jaloux que ma vie sois plus intéressante que la tienne, peut-être ? Venant d’un gars de première année qui se la pète avec ses soi-disant pouvoirs temporels, c’est un peu fort.
J’ai regardé Laura : Celle-ci m’intima de ne pas répliquer, et je ne sais quelle force universelle m’a retenu mais je n’ai pas répliqué. Subissant cet imbécile durant la fin du repas, je suis parti en dernier. Je n’avais pas cours, cette après-midi, alors j’étais tranquille. Lorsque toutes les filles quittèrent la table, Jake débarrassa son assiette et me dit d’un ton doucereux :
– Il ne me faudra que quelques semaines pour que Laura t’oublies totalement, mon gars. J’espère que tu es prêt.
Je n’ai dit mot.
Vaquant dans les couloirs, je réfléchissais au Cercle. Les trois personnes d’hier … Leur tête ne me revenait absolument pas, mais je commençais à considérer que tous les élèves de cette académie ne constituaient qu’un ramassis d’enfoirés en tout genre, et selon les recommandations du vieux, il était bon pour moi que j’aille y faire un tour. J’étais persuadé qu’à peine entré dans la salle, j’allais me faire éclater, mais tant pis.
Si je me souvenais bien, la salle du comité était au cinquième étage, et j’eus tôt fait de m’y rendre.
Atteignant la grande porte de la salle du comité, j’ai appuyé ma main contre la poignée et j’ai poussé la porte. J’avais prédit beaucoup de possibilités, en une seconde d’entrouverture de ladite porte, mais je n’avais absolument pas prévu de me faire sauter dessus et plaquer au sol à peine arrivé dans la salle. Ou plutôt si, mais dans un contexte totalement différent.
Me débattant, je réussis à pousser Ember, qui se releva en émettant un petit rire.
– Mais t’es une vraie furie, toi, laisse-moi une chance de t’attaquer, j’sais pas ! Ai-je déclaré. – Mais ce n’était pas une attaque, mon cœur … C’était un câlin ! – Un c… Dieu c’que tu peux m’ennuyer. Je suis venu ici parce que vous vouliez que je vienne … Mais … – Yo, Gozen ! – … Percy ?
Perceval, adossé contre une chaise, me souriait gentiment. Et alors que j’observais la pièce où je me trouvais, j’étais étonné. La salle du comité était un étrange mélange entre un bureau de professeur et une salle d’étude, mais adaptée pour n'accueillir pas plus d’une dizaine de personnes. Des tables étaient imbriquées entre elles au milieu de la salle, pour donner une seule grande table, et des bureaux ainsi qu’un mini réfrigérateur, puis un tableau, étaient placé çà et là. Seuls Percy et Ember se trouvaient dans la salle.
– Mon Zenzen … Tu tombes mal. Le chef n’est pas là, ni les autres, d’ailleurs. Cela dit, je suis plutôt contente que tu viennes me voir … ! – Lady, calme-toi … mais tu m’impressionnes. Généralement ce sont les hommes qui sont comme ça avec toi. Je ne crois pas t’avoir vu aussi mielleuse avec un garçon depuis … Eh bien, depuis jamais. – Et ça te pose un problème, Percy ? A demandé Ember, dont la voix se fit plus froide. – Hahaha ! C’est bien ce que je pensais. Gozen, t’es un chanceux. – … Non, je ne crois pas que ce soit de la chance. Non. Bref, que voulez-vous de moi ?
La porte s’ouvrit à ce moment précis. J’ai tremblé. L’émanation de puissance grimpa d’un seul coup. A un trop grand point, même pour moi, qui avait côtoyé Harano quelques heures.
– Hai, chef, a murmuré Percy, en fermant les yeux et en plaçant sa tête en arrière pour s’étirer sur le dossier de sa chaise. – Liiiight ! A crié Ember, en s’approchant de lui. – Je vais te dire pourquoi tu es ici, gamin, déclara Light.
Je me suis retourné. Light était un homme grand et fortement beau, mais il ressemblait vraiment à … Un intello. Ses cheveux noir corbeau descendaient jusqu’à ses épaules, et il portait de belles lunettes qui ajoutaient à son côté sérieux encore plus de sérieux. Portant une longue robe noire zébrée d’un éclair doré, il tenait fermement dans sa main droite une longue arme noire et mauve finissant en trois pointes acérées. Un trident. Quel catalyseur étrange. Une fille se trouvait derrière lui. Portant elle-même une robe noire, le motif était le même que celui d’Ember : Une fleur rose tirant sur le violet. Elle avait de longs cheveux bruns tombant jusqu’au bas de sa nuque, mais frisant légèrement aux pointes. Ses yeux étaient d’un mauve intense et particulièrement intriguant, et même si elle était très belle, elle n’était pas aussi bien formée qu’Ember.
– Pour faire court, Gozy, j’ai quelque peu … Appuyé ta candidature pour entrer dans le cercle, a déclaré Percy. – Cependant, bien que tu sois le seul mage temporel de l’académie, le niveau ne suis pas, finît Light, dont la voix était particulièrement grave. – Je n’y peux rien, ai-je répondu. – Sais-tu ce qu’est le Cercle ? A demandé Light. – Des … genre de délégués de classe ? Ai-je répondu. – Cela va plus loin que ça. Le Cercle représente l’espoir de l’académie Rozenfield. L’académie forme beaucoup de mages destinés à atteindre un niveau élevé … Mais une poignée d’élèves sont choisis dès leur entrée, en raison de leurs naturelles et exceptionnelles capacités ainsi que … d’autres choses, pour devenir les futurs archi-mages de leur génération, et emmener le pays à de grandes choses. Chaque continent possède une académie de magie, et chaque continent possède son « Cercle ». Lorsque chaque membre de chaque Cercle est défini, tous obtiennent leurs diplômes et se rassemblent pour former un groupe spécial de recherche et de protection des civils. Ce rassemblement est nommé « Les piliers d’Aether ». Il s’agit d’un immense honneur, comme tu dois t’en douter, et tes pouvoirs peuvent te faire accéder au Cercle d’Innocent. Mais pour l’instant, nous restons des élèves, et nous sommes chargés de la protection des autres élèves de Rozenfield. C’est notre devoir, et un droit que l’on nous a accordé. – Quel droit ? Ai-je demandé. – Le droit à la violence, a répondu Light, un petit sourire aux lèvres.
J’ai esquissé un léger mouvement de recul. Quel homme effrayant.
– Je ne sais pas si j’ai envie de faire partie du Cercle, désolé. – Tu n’es pas obligé d’accepter. Cela dit, et selon Izuma, cela te serait utile à parfaire ta maîtrise temporelle. Et selon Percy … Cela te serait utile pour prouver à certaines personnes que tu n’es pas un imbécile chanceux. – Héhé, désolé, désolé … J’ai peut-être insidieusement parlé d’Armand. Et de … Jake. A murmuré Percy en me souriant. – Comment as-tu su, pour Jake ? Quant à Armand … Il est meilleur que moi, non ? Pourquoi n’a-t-il pas pris ma place ? – Honnêtement, Gozy, Armand était mon premier choix, mais tu es bien plus intéressant que lui, a déclaré Percy. – Je n’aime pas cette situation. J’ai l’impression d’être une marchandise que l’on se dispute aux enchères, ai-je rétorqué, les sourcils froncés. – Tu as trois jours pour y réfléchir, Jonathan, a répondu Light, mais sache que nous sommes pour ton acceptation en tant que membre. Ton niveau augmentera naturellement et, à terme, tu rattraperas peut-être Percy ou Fang. – Je verrai. Cette décision me semble importante, et j’ai vraiment du mal à tout intégrer, en ce moment. Excusez-moi, je dois y aller.
Les saluant et fermant la porte de la salle, j’ai soufflé. Ne désirant qu’une sieste pour digérer, je partais en direction de ma chambre, tandis que tout ce que j’avais vu et entendu ces dernières vingt-quatre heures s’entrechoquait lourdement dans mon crâne.
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Invité | .... Well. Par ou commencer?
Ah oui. Le truc qui m'a le plus énervé.
Que Laura aille fleurter avec un mec, oui, c'est bien. C'est une bonne chose, c'est réaliste, c'est subtil, et en plus, Jake est un personnage typiquement marrant et le genre de trouduc qu'on croise tout le temps (d'ailleurs la rivalité entre lui et Gozen, c'est fun, parce que Gozen s'en touche de Laura, c'est juste qu'il l'aime pas, lui, j'ai trouvé ça vraiment marrant comme triangle). Juste... Yah un truc qui me gène.
POURQUOI AU BOUT DE MÊME PAS UN JOUR?????
Tu m'as déjà fait un speech sur le fait que tu trouvais le récit trop rapide ou quoi.... Mais putain. Laura à peut être l'intégration facile (encore qu'elle l'avait pas yah même pas cinq chapitre, s'tun détail hein...) mais bordel, qu'un mec soit aussi à fond sur elle au bout de même pas un jour, au point qu'il aille provoquer volontairement un énorme conflit, que sa meilleure amie aille menacer Gozen.... Bordel, il la connait depuis même pas 24h, personne, même à 17 ans, ne fais ça!
Deuxième truc qui m'a énervé: la référence obvious à l'oeuvre de J.K Rowling. Eux... Harry Potter existe dans ce monde? C'est maybe un détail, mais dans un monde ou la magie est quelques choses de tout à fait normal, ou l'angleterre et l'écosse n'existent pas, ou les "moldus" sont parfaitement au courant de l'existance de cette magie et surtout, surtout, ou la magie n'a absolument pas la même forme (ici, la magie est une science à part entière, contrairement à Harry Potter ou elle reste assez mystérieuse avec des origines floues), que viens FOUTRE une référence à HARRY POTTER dans ce SHMILBLIK???
Quitte à inventer une "sous marque" des aventures du binoclard, tu as déjà montré qu'un univers tu savais faire. C'est con de casser une oeuvre de fantasy en faisant référence à la pop culture terrestre, alors que les personnages n'ont aucune raison de la connaitre, cette pop culture là. Le mieux, ce serais que tu INVENTES tes propres référence, vu que tu parles d'un monde à part, LA, je dirais chapeau. Mais ce que tu fais, c'est une erreur de débutant.
Un dernier truc sur lequel taper pour la route?... Pas vraiment en fait, mais je ne peux qu'espérer que Rex soit plus qu'une simple brute voulant faire le malin, et aura un VRAI rôle dans l'histoire (un futur allié de Gozen? Un futur ennemi? Autres?) et ne se contentera pas d’être un trolol démonstratif de puissance. Ce serais typiquement le genre d'archétype qui serait totalement gâché par le vieux cliché de teen movie.
Que dire d'autres?
Si, le cours d'Izuma.... Bah là, j'ai plus rien à dire, univers parfait, blablabla, je vais pas te sucer la bite chaque fois que tu me sors une page d'encyclopédie incroyablement cohérente et détaillé, j'finirais par me répéter, à force. Et ça m’impressionne même plus tellement c'est bien foutu.
La discussion avec Melvin est assez tordante, et remet sur le terrain la mère de Jon, qu'on à failli oublié. Mais bon, contrairement à ce que j'aurai pensé, l'absence de Melvin est pas si marqué que ça; ya tellement de bon personnages qu'on l'oublierai presque. Ah, et légitimer la présence de Pumpkin hill est vraiment l'idée du siècle, et la preview de la prochaine partie finement amenée.
Les scènes de combats sont toutes super bien fichue, épique, claire.
Et enfin, le meilleur pour la fin (toujours, tu me connais): le CONSEIL. GOD i LOVE this characters. Les powers rangeurs de Rozenfield, la super police delta de l'école, les Texas Rangers d'Innocent. J'aime leurs rôles, j'aime leurs charismes, j'aime leurs humours, j'aime leurs classe et leurs mystères; en fait, j'ai failli gueuler que Perceval y soit, mais en même temps, c'est cohérent. Et ça lui va tellement bien. Entre le singe totalement psycho (on peux dire qu'il est même complètement marteau), la nymphomane que je préférerai presque que ce soit elle qui finissent avec Gozen plutôt que Laura tellement elle est fun, sans oublier le mec qui se balade sur un chien zombie, et Light et sa mystèrieuse copine.... Putain, TOUS, mais vraiment TOUS sont des bons.
Bref, des défauts majeurs, mais des qualitées majeures aussi, bref, j'attend la suite. Et pas une justification bidon, la SUITE. Je veux que tes écrits répondent pour toi, de dieu! |
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | ET ILS REPONDRONT ! /o/
Bah, la référence a mamzelle Rowling est surtout une question de "bah le livre peut exister mais c'pas elle qui l'ecrit et c'pas harry potter idk j'ai juste parlé d'un livre que j'aime avec un refectoire bizarre"
J'ai pas cité Harry Potter, point barre, mais je te le concède, je vais l'enlever. Avec le recul ca ne me plait pas non plus.
En c'qui concerne Rex : Trop de potentiel pour que je le laisse de côté
La mère de Jon : Pas assez de potentiel pour me transcender, mais tu vas kiffer c'qui se passera apres.
Et pour Jake : Malheureusement cela provient d'une histoire perso d'ma vie privée a mwa (qui ne l'est plus), mais j'te le dis simplement pour que tu le saches : SI, MALHEUREUSEMENT, CA PEUT ARRIVER. T_T
sur ce le prochain chapitre sort bientot /o/ ptet meme ce soir si j'ai la foi. |
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Invité | YEAH =D Je sens que je vais adorer Rex. J'pense que je vais mettre une brute dans voir des machabées, aussi, j'adore ce genre de personnages jamais assez mis en avant mais qui sont tellement droles. ~Lis le, lis ma chronique, lis cette histoire marrante sans sens ni autres but que de m'amuser.~
Quand à Jake.... Je le savais. C'étais trop tranché et caricatural pour que ce ne soit pas un évènement personnel. Et je crois savoir de quoi tu parles, sans m'introduire trop loin dans ton psyché personnel étouça. Mais ce serais dommage de le dépeindre en simple et sombre connard seulement: j'en ai connu des types dans le style de Jake, l'un d'eux je me suis engueulé avec lui pendant des années... Maintenant, c'est un de mes meilleurs amis XD C'est trop simpliste de réduire l'humain en général au rôle de simple tète de con. Y compris ce genre de mecs. S'pour ça que j'aime pas quand tu mes des personnages caricaturaux dans tes récits (et LES récits en général).
Bref... J'attend la suite. Toujours.
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | J'ai de très bonnes idées pour Rex, mais ça se fera sur la durée. Sache que le chap que j'écris en ce moment (le 9 donc), il réapparait, et a un tres bon role.
Et pour Jake ne t'en fais pas, je ne vais pas le limiter à ça. Magicalement, c'est un perso qui a un potentiel fabuleux, et plus loin que la rivalité, il va se révéler être un ennemi de taille. |
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | Voici la suite !
Ashura, j'ai entièrement lu tes Chroniques, mais j'attends le chapitre suivant pour poster une critique complète ! Si cela peut te booster !
Chapitre 7 : Les jumeaux se révèlent enfin.
J’avais cours avec le vieux une fois tous les deux mois, et cela faisait plus d'un mois depuis la dernière fois.
Selon lui, c’était largement suffisant. Si je partais du principe que mes autres cours me permettaient de mettre en application les théories apprises avec Izuma, ma progression se voulait constante. Je galérais toujours un peu à maîtriser totalement l’adrom Laser, mais plus les semaines passaient et plus je devenais ami avec Percy et, qu’on le veuille ou non, Armand. En revanche, je voyais Laura moins souvent et cela nuisait à notre relation. Les cours sur l’adrôme et l’histoire d’Aether étaient infiniment plus enrichissants que les cours de Nondôm, mon ancien lycée, et j’expliquais certaines notions à Melvin, qui était curieux de voir ce que je pouvais étudier. Je n’entendais que rarement parler du cercle, par le biais de Percy, qui me demandait souvent si je comptais les rejoindre. Ma réponse était à chaque fois la même : Je n’en sais rien.
Décision difficile qu’était de rejoindre le comité des délégués de classe de Rozenfield, mais je constatais parallèlement que beaucoup d’élèves savaient qui j’étais, en raison de mes pouvoirs. L’enthousiasme s’était étouffé, avec le temps, mais les yeux des apprentis mages de toute sorte, croisant mon regard, étaient encore pétillants. Pour combien de temps ? Je ne pouvais jouir de cette popularité correctement, en pensant que Laura et moi nous éloignions, et que paradoxalement je me rapprochais peu à peu d’Ember, bien qu’elle m’ennuyait fortement. Elle était gentille – Avec moi – mais tellement collante.
Je savais du Cercle une chose fondamentale : Leurs vrais pouvoirs étaient cachés par une force inconnue qui les guidait. Je m’en étais rendu compte lors d’une de leurs interventions : Percy était un mage de glace et Light un mage de foudre. Fang était un mage de vent, mais il y avait en leur magie quelque chose qui m’échappait. Quelque chose que je ne pensais pas maîtriser. Alors que je me dirigeais vers une des salles de cours de Rozenfield, Armand se plaça près de moi et me dit :
– Dis-moi, Gozen … – Un problème, Armand ? – Je ne t’ai jamais vu réellement utiliser de magie … – Qu’est-ce que tu entends par là ? Ai-je demandé, sceptique. – Comment t’expliquer … Chaque élève talentueux est susceptible de créer un panel de sort le représentant, dans la branche qu’il maîtrise, mais concrètement nous n’utilisons pas des catalyseurs pour rien : Certains sorts de base ou avancés sont relatifs à toutes les branches de magie … Des sorts, certes rudimentaires, mais qui te seront demandés de maîtriser lors des examens semestriels. Et tu n’en maîtrise aucun, je me trompe ? – Ah, je n’étais pas au courant. C’est si grave ? – C’est la base, disons. C’est bien d’être un petit génie – Il me sourit – mais tu n’impressionneras personne si tu ne maîtrises pas la base. – T’as surement raison … Mais ce n’est pas ton genre d’être gentil avec moi, ai-je rétorqué, à moins que tu te moques ? – Je me moque un peu. Mais en vrai, j’ai envie de t’aider : Je n’aime pas te voir au-devant de la scène, mais il n’y a un moment où je ne peux plus lutter. Si tu es un mage du temps, tu as automatiquement le respect de tout le monde ici … Alors le mieux que je puisse faire est que tu ne sois pas trop ridicule quand ceux qui te vénèrent se rendront compte que t’es pas si exceptionnel. – Je n’aime pas vraiment cette façon de penser, mais je reconnais que c’est vrai. – Ecoute, viens ce soir à la bibliothèque. Nous allons nous entraîner ensemble, d’accord ? J’ai quelques sorts intéressants à te montrer.
Armand partit rejoindre Percy, me laissant au milieu du couloir. J’ai soupiré.
En vérité, lui et moi savions pertinemment que l’Adrom Laser sortant de la paume de ma main était un sort relativement puissant pour mon niveau, mais Armand avait une chose que je ne possédais pas, et qui le rendait concrètement meilleur magicien que moi : Un catalyseur.
Un catalyseur pouvait être n’importe quel objet, à partir du moment où il était la combinaison d’un alliage et d’un minerai entrant en résonnance avec l’adrôme modulé. Ce qu’il fallait pour maîtriser l’adrôme temporel était un mélange d’Or et de rubis. Deux matières chères, difficiles à trouver et tout autant complexes à assembler.
Ouvrant la salle de cours, j’eus le plaisir de constater la présence de Laura, et le déplaisir de constater celle de Jake, qui discutait avec elle, puis me lançait un regard moqueur de temps à autre et recommençait à causer. Percy, assit à côté de moi, me disait :
– Sois cool, le cours va commencer. Une femme obèse entra dans la salle. Etonnamment, elle avait des défenses de sanglier et des mains de la couleur de sabots. Un hybride ? Probablement. La femme n’avait pas l’air très commode mais je devais faire avec. Assis vers les derniers rangs, j’avais sorti un cahier et était prêt à noter ce qu’elle disait. Ses cours sur l’Histoire d’Aether étaient intéressants, je le savais, mais ne les avais encore expérimentés. La femme toussota et se mit à crier :
– SILENCE DANS LA SALLE !
Ah, ça, tout le monde se tut.
Lui lançant un regard noir, je me suis apaisé et concentré sur ma feuille blanche, gribouillant nonchalamment ce à quoi j’aurais aimé que mon catalyseur ressemble. Peut-être un gantelet, pour que ça aille avec mon sceau. Ça, ça aurait été plutôt cool.
Le cours s’étendait sur deux heures et j’en avais raté une bonne partie, dès le début de l’année scolaire, par conséquent j’attaquais notre mythologie à son deuxième tiers. Il y avait énormément de choses à dire, et je n’avais jamais vraiment lu l’Almanak alors je n’y connaissais pas grand-chose … Mais voici ce que je savais :
La mythologie d’Aether se recoupait en quatre ères que l’on nommait « Ages intemporels », en raison des multiples civilisations se côtoyant dans le monde. En plus de sept mille ans de civilisation, quatre piliers fondamentaux de notre approche de l’Univers se distinguaient par les multiples légendes affiliées aux non moins multiples divinités existantes en Aether. En vérité, les deux premières ères n’étaient que mythes, mais si l’on se plaçait sur une courbe temporelle, je dirais que nous sommes au cœur de la troisième ère. La quatrième ère, en revanche, n’existe qu’hypothétiquement, après l’apparition il y a deux cent ans de NY-978 dans une faille temporelle, directement chez nous, ce qui créa une polémique immense.
Mais revenons au début :
L’on nomma la première ère « Ere majeure » car elle raconte les prémices du peuplement de notre planète grâce à nos supposés créateurs : Orion, dieu temporel, Levios, dieu de création, Septime, dieu dimensionnel, et Kaärma, déesse du destin. Les légendes racontent que les quatre dieux forgèrent la planète de leurs mains, à partir du fil d’Animus, représentant la matière, et du fil d’Elros, représentant l’antimatière, et en exploitant leurs pouvoirs jusqu’à leur limite, emmenant finalement la vie en Aether. Les premiers êtres n’étaient que pures répliques magiques de leurs créateurs, et se reproduisaient en opérant une division cellulaire à échelle humaine. Si la première Ere est courte, l’ « Ere primale », la deuxième, était bien plus complexe :
Pour commencer, une hiérarchie existe : Dieux majeurs, Mineurs, Archontes semi-divins, Cianopsittas, et mythiques éthérés. Qu’il s’agisse de légendes ou non, l’influence polythéiste qui en découlait n’était plus un secret pour personne, et il semblait normal de penser que ces divinités existaient, quelque part.
L’Ere primale commença lorsque les dieux mineurs apparurent.
L’almanak disait :
Les dieux mineurs sont des dieux crées artificiellement par les dieux Majeurs, suite à l’évolution de leur Intellect, au fil des époques. Chaque dieu Mineur enseigna par ailleurs aux Humains leurs propriétés, et le monde évolua de cette manière. Mais tous les dieux Mineurs ne furent pleinement satisfaits de leur place au Panthéon, et, bien que très puissants et immortels, certains, réellement crées par « accident », désiraient plus encore, quitte à écraser leurs pairs. La venue des dieux mineurs, aussi propice fut-elle au bon fonctionnement d’Aether, signifia pour beaucoup de choses le début d’un morcèlement divin.
En détail, et du mieux que je savais : Les frères jumeaux Orion et Septime se disputaient sans cesse, en raison de leurs trop fortes différences, mais à plus forte raison encore le jour où Orion décida d’observer le futur et où il prédit malgré lui la destruction du monde par Septime. Les deux premiers dieux mineurs apparurent à cet instant :
Malicia, déesse du chaos, et Tobias, dieu de l’Ordre.
Ce dernier, modelé par l’infinie Tempérance de Kaärma, voua son existence à empêcher sa sœur de se laisser submerger par son pouvoir. La venue de Malicia et de Tobias apprirent aux dieux et aux humains primaux deux notions nouvelles, qui s’intégrèrent dans leur esprit … Mais si l’Ordre était chose naturelle pour ces êtres passifs, le Chaos fut plus difficile à ingérer, et de multiples destructions commencèrent dans le monde, annonçant la venue de deux nouveaux dieux :
Newark, dieu vengeur de la colère, crée par le fil d’Elros, ainsi que Lucshin, dieu de l’équilibre.
Lucshin n’existait que pour combler le sillon vengeur de Newark sur les chemins de la destinée, et cela le rendit instable. Newark, quand à lui, n’était qu’un zombie. Un robot n’ayant accès aux connaissances quantiques, né pour détruire la matière et ne pouvant s’arrêter. Les deux dieux s’allièrent pour renverser le panthéon en détruisant un artefact légendaire nommé « Miroir des Archontes », crée par Septime pour relier les dimensions entre elles. La destruction de ce miroir ouvrit une faille vers un nouvel univers peuplé de créatures plus puissantes encore que les dieux, et une grande guerre commença, pour la survie de la planète. Orion pria le fil d’Animus, devenant une magnifique jeune fille nommée Aether. Celle-ci fit naître deux enfants :
Thomas, dieu d’Ether, et Jonathan, dieu de l’Humanité.
L’amour d’Aether pour Orion emmena l’Humanité à aimer, mais ce pouvoir exceptionnel ne put repousser les envahisseurs de l’Antimatière, qui détruisirent une première fois la planète. Le salut du monde ne fut que grâce au sacrifice de Thomas et d’Aether, qui supprimèrent leur existence pour repousser les créatures maléfiques. Aether devint les chaînes de Newark et l’enferma dans une pierre d’Obsidienne brute. Lucshin fut puni pour ses actes et scindé en trois parties :
Shin, dieu du bien, Lucio, dieu du mal, ainsi que Shining, exuvie du déséquilibre instable, mort-né.
Ces trois êtres furent condamnés à devenir de simples humains, et destinés à de grandes choses dans leur nouvelle enveloppe, selon une prédiction d’Orion. Ce même Orion qui se servit de l’Energie de ses fils Thomas et Jonathan pour créer une nouvelle race d’humains. Levios s’interposa au projet, et Kaärma créa Valdent et Garence, jumeaux du rêve et du cauchemar, pour le conditionner à cette nouvelle ère qui ne pouvait être ignorée. Le sacrifice de Thomas et Aether induisit une remise à zéro de la planète. La troisième ère, dite « Askaärienne » commença lorsqu’Orion devint Archidieu, que son fils Jonathan créa la nouvelle Humanité, basée sur l’amour, la sexualité et la progression constante de l’esprit, et que les premiers Archontes semi-divins de la vie et de la mort virent le jour.
Fin de l’Histoire. J’aurais souhaité développer une pensée plus détaillée, mais je n’en savais pas plus.
Le cours, donc, portait sur une partie de l’ère Askaärienne. Voici ce que j’avais compris du cours :
Après le repeuplement de la planète par la deuxième Humanité, Orion se rendit vite compte qu’accorder le plein pouvoir à des créatures pensantes de façon autonome était une mauvaise idée, et cela se concrétisa lors de la guerre des deux cent ans d’Aether. Un carnage a échelle planétaire qui suivit par une malédiction infligée par le Panthéon. Voler aux êtres leur esprit, et donc la compréhension de l’énergie qui coulait en eux, était cruel. Un être s’interposa : Jonathan, le fils d’Orion.
Celui-ci proposa un plan de secours pour épargner l’humanité : La création d’Artefacts contenant une légère partie des pouvoirs de chaque dieu majeur, et dont l’influence permettrait aux humains de se développer lentement mais correctement, sans excès. Orion accepta. Quatre clés à l’image des dieux furent crées : La clé temporelle, faite d’Or et de rubis, la clé dimensionnelle, faite d’argent et de saphir, la clé spirituelle, faite de bronze et de Topaze, et la clé élémentaire, faite de cuivre et d’opale. Selon le professeur, originellement, chaque clé devait être portée par un dieu mineur ou un archonte, mais personne ne put remplir cette tâche. En effet, la clé temporelle dut revenir à Jonathan, qui la refusa, car il était trop impliqué dans la vie des mortels pour endosser une telle responsabilité. La clé dimensionnelle dut revenir à Aether, la déesse d’Animus, mais elle était morte … Avec Thomas, qui devait devenir le gardien de la clé élémentaire. Et pour terminer, Lucshin était le seul à pouvoir maîtriser la clé spirituelle, mais son scindement ne permit pas de réaliser cela. Les clés furent placées dans un temple bâti par Orion, et caché de tous les mortels. Seul Jonathan et les dieux majeurs, ainsi qu’une poignée d’êtres, en connaissaient l’emplacement, et les artefacts attendraient alors le jour où une personne serait capable d’endosser la responsabilité relative à une telle relique.
La cloche retentit. Rangeant mes affaires, je n’avais qu’à moitié écouté le cours. Trop concentré sur mon catalyseur, je ne savais si je pourrais maîtriser les bases qu’Armand voulait m’enseigner sans un objet de la sorte. Puis mon esprit divagua sur la clé temporelle.
Une clé. Ce n’était pas vraiment mon trip, mais ce sûrement être parfait.
Un élève me bouscula quelque peu. Secouant la tête pour redescendre sur terre, mon regard se dirigea vers celui qui m’avait poussé. C’était Jake, évidemment.
– Ne rêve pas trop, Gozen, je ne crois pas que tu puisses un jour posséder un objet aussi parfait que la clé temporelle. – De quoi j’me mêle ? Et arrête de lire dans mes pensées. – Pardon, pardon ! C’qu’il est susceptible, ce petit garçon ! Jake me tira une joue en souriant, ce qui fit rire Laura. – Lâche ma joue, tête de nœud, ai-je répondu, irrité. – Jonathan ! Ça suffit, Jake essaie d’être gentil avec toi, tu pourrais faire un effort ! – Toi, j’ai même pas envie de t’entendre. Tu m’ignores un jour sur deux, et quand tu viens me parler c’est pour défendre ce grand con. Si t’es si bien avec lui, essaie de plus venir me parler, j’ai des choses plus importantes en tête, tu vois. – Mon sceau s’illumina, tandis que je fermai mon poing. – – Jonathan, je … – Gozen ! Tu viens à la salle du comité ? M’a demandé Percy, en souriant. – … Ouais, je viens.
Partant et laissant Laura là où elle était, Percy me fit une tape dans le dos et me dit gentiment :
– Allons, ce Jake ne vaut rien, comparé à toi. C’est juste une grande bouche. Tu le sais autant que moi. J’ai entendu dire qu’Armand voulait t’apprendre les bases de la magie, et j’en ai parlé à Light. Il a un truc à te montrer, je pense que tu devrais le voir. – D’accord, d’accord. Un peu troublé, je me demandais ce que Light me voulait. Je ne savais pas si ce type m’appréciait ou non, mais je croyais penser qu’il pouvait être un allié précieux en temps voulu, et cela suffisait à me conforter. Percy était un type bien, et s’il les appréciait, alors ils devaient tous être bien. Ou relativement bien . Nous avons monté trois étages :
Je m’étais fait à l’ambiance étrange de cette école, mais certains points me laissaient encore perplexes. Notamment le fait qu’entrer la tête dans certains tableaux donnait accès à des salles de détente ressemblant aux paysages des peintures. Presque paradisiaques pour certaines, ces salles étaient avant tout faites pour étudier dans une ambiance moins stressante qu’une bibliothèque standard, et ceux qui mettaient le chahut étaient magiquement expulsés de la toile. Dans la salle du comité des délégués de Rozenfield, il n’y avait que Light et Sandra. Celle-ci ne prêta pas attention à moi, mais l’homme vint me serrer la main. Tentant vainement de sourire, je tournai la tête vers la fenêtre, donnant sur l’océan. Cette vision magnifique ne me donnait vraiment pas l’impression d’être dans un lycée. Light prit la parole, s’éloignant de moi :
– J’ai entendu dire que tu ne maîtrisais aucune base relative à l’enseignement de l’académie. Est-ce vrai ? – Ça l’est … Je suis un peu clandestin à la base, vous voyez, ai-je répondu. – Certes. J’ai examiné ton dossier. Vois-tu, même si nous ne le sortons pas souvent, chacun d’entre nous possède un catalyseur qui nous est propre. La forme de celui-ci est gravée en nous. Il fait comme partie de notre code génétique … Et il existe en Rozenfield une façon de faire sortir cette forme, pour la modeler. – Eh, Light, t’es sur que tu veux l’emmener là-bas sans faire de cérémonie ? A demandé Percy. – Nous la ferons. Sous la demande d’Izuma, chaque membre du Cercle se chargera de faire la cérémonie. Une cérémonie spéciale pour un élève prestigieux. N’est-ce pas, petit ?
Light m’observa en souriant. La lumière du soleil couchant se refléta sur ses lunettes, et il les replaça en appuyant son index sur le montant de celles-ci. Tournant la tête, je vis le trident de l’homme :
– Ce trident est ton catalyseur ? – Exactement. Je suppose que tu voudrais connaître les catalyseurs de chaque membre du Cercle ? A demandé Light, en s’adossant contre une armoire fermée. – Ça m’aiderait à me faire une idée, ai-je répondu, … Beaucoup de ceux que j’ai vu se ressemblent … Baguettes, bâtons, cloches … – Plus le catalyseur a une forme complexe, plus la magie qui s’en découle est puissante … Un catalyseur peut évoluer, mais cela est difficile, a déclaré Percy. Armand à le potentiel pour faire évoluer sa baguette … Mais elle ne reste qu’une simple baguette. – Le catalyseur de Percy est une guitare électrique, celui d’Ember un collier en forme de cœur, celui de Fang un maillet géant composé de plusieurs rouages tournant indépendamment … Celui de Béhémoth est une faux de platine, et le catalyseur de Sandra est particulier … Tu peux lui montrer, s’il te plaît ? – … Bien sûr. – Ce fut la première fois que j’entendis sa voix –
Sandra, sans se retourner vers moi, vit son énergie augmenter brutalement. Changeant de couleur, son aura convergea dans son dos et se déploya en de magnifiques ailes d’ange noir aux reflets arc en ciel. Soupirant, la jeune fille plaça son coude contre le rebord de la fenêtre et emmena son menton sur sa main, observant le crépuscule.
– Impressionnant, ai-je déclaré. – Je suis certain que ton catalyseur sera puissant … Mais nous verrons cela en temps voulu. La cérémonie se tiendra demain soir à la chambre des rêves. Percy t’y conduira. Cela te convient ? – Ouais. Je vais à la bibliothèque dire à Armand que je commencerai à étudier avec lui demain soir. Merci encore.
Partant de la salle et fermant la porte derrière moi, je me dirigeai vers la bibliothèque principale de l’académie, qui se trouvait au premier étage. Alors que je descendais doucement les escaliers, mes yeux croisèrent ceux de Laura. Celle-ci remontait vers son dortoir. Elle était seule. La tristesse qui émanait de son regard me troubla. Nous nous sommes fixés quelques secondes, sans bouger.
– Jonathan … Est-ce que tu me détestes ? – Non. Je pense simplement que c’était bien de trainer avec toi mais … Nous avons tous les deux trouvés des gens avec qui on s’entend relativement bien et … Je ne crois pas que je pourrai supporter les snobs qui te plaisent. Je ne dis pas que le Cercle est mieux mais … Ça vaut toujours plus qu’une tête de nœud prétentieuse. – Tu as changé depuis que tu es à l’académie, Jonathan. J’aime te voir travailler, mais à fréquenter ces personnes … C’est comme si le pouvoir te montait à la tête. Tu ne penses plus qu’à ça. Le Temps. – … Laura, je n’ai pas pour ambition de devenir un archi-mage temporel, si tu veux tout savoir. – … – J’ai pour ambition de survivre. Dehors, un homme extrêmement dangereux n’attend que le moment où je me dévoilerai pour me traquer. Nous avons eu de la chance, la première fois, mais je suis presque certain qu’Harano sait qui je suis. Non … Qu’il a toujours su qui j’étais. Et quand je pense à lui, je ne pense qu’au jour où nos chemins se croiseront à nouveau. Et si tu veux tout savoir, nous sommes complices. Melvin, toi, et moi … Et si je veux vous protéger, je dois devenir fort. Est-ce que tu comprends ? – J’ai peur que le pouvoir t’aveugle, Jonathan. J’en ai vraiment peur … – Je pensais que tu me faisais plus confiance que ça. Excuse-moi, j’ai du travail.
Commençant à partir, je me suis stoppé une dernière fois, et j’ai ajouté :
– Lorsque j’aurai battu Harano, je ne me préoccuperai plus de mes pouvoirs. Mais pour l’heure, je dois progresser. C’est comme ça … Mais ne me force pas à penser que la déclaration que j’ai malencontreusement faite au manoir était une mauvaise chose. Néanmoins, vis ta vie. Je me fiche de ce qui peut bien se passer entre toi et Jake, tant que tu es heureuse.
Sur ces mots, je suis parti sans me retourner.
La bibliothèque de Rozenfield était immense. Prenant à elle seule une tour du château, elle se déployait sur les cinq étages de l’académie et de multiples escaliers permettaient d’accéder à une infinité de rangées de livres, magiques ou non, traitant de tout ce qui était possible de traiter. De nombreux ordinateurs étaient aussi mis à disposition, mais peu de gens s’en servaient. Flânant dans les couloirs, je suis tombé sur Armand, qui lisait un livre. Lorsqu’il me vit, il déclara :
– Ah, tu es venu. Bien. Prêt à commencer ? – Plus ou moins. Il paraît que j’aurai un catalyseur demain … Donc je venais surtout pour te prévenir qu’on ne pourra rien faire aujourd’hui. – Faux. Pour qui tu me prends ? J’avais prévu cette éventualité. Ce soir, nous nous concentrerons sur la théorie. La pratique viendra ensuite. – Ah, euh … Eh bien d’accord, je t’écoute. Me posant à ses côtés, j’ai jeté un œil aux livres posés sur la table. Tous traitaient d’une différente forme de magie rudimentaire. Armand ouvrit l’un d’entre eux et prit la parole.
– Il existe plusieurs écoles de magies rudimentaires. Chacune de ces magies est une magie neutre, basée sur la racine supérieure de l’adrôme : La peau de la molécule, quoi. Il existe l’école d’altération, de conjuration, d’invocation, d’exultation et d’exhalation. L’école d’Altération est une forme de magie rudimentaire permettant d’infliger certains « Malus » à l’adversaire. Par exemple, l’engourdissement ou le gel est une altération rudimentaire propre à la magie de glace. Pour la magie temporelle nous pourrions admettre le Ralentissement. L’école de conjuration permet d’octroyer du soutien à tes alliés, ou à toi-même … Boucliers, lumières, soins … Ce genre de choses. L’école d’invocation permet la maîtrise d’illusions ou d’appel de forces antiques pour te protéger ou te seconder. Certains élèves de cette académie sont des maîtres de l’invocation, et sont capable d’appeler à eux de puissants golems ou encore des créatures féroces. L’école d’Exultation est la forme de magie rudimentaire la plus brutale. Elle se décline aussi en école d’Exhalation. Sans entrer dans les détails : Ton « Adrom Laser » est un arcane de l’école d’Exultation. C’est un laser concret, ciblé sur un adversaire, et relativement puissant. L’école d’Exhalation comprend la même forme de brutalité, mais sous une autre branche : l’AoE. – AoE ? – « Area of Effect » … Plutôt stylé, non ? Si tu préfères, l’école d’Exhalation se base sur les sorts de zone. Moins puissante que l’école d’Exultation, elle te permet en revanche de cibler plusieurs personnes dans un champ d’action donné. Tu peux l’affilier aux autres écoles pour créer des halos de soins ou de malus. – Ca fait très jeu vidéo, tu ne trouves pas ? Ai-je demandé. – Et de quoi penses-tu que les jeux vidéo intégrant de la magie se basent, petit génie ? – Ah, certes. – Au cours de l’année on va essayer, au mieux, de te faire avoir un sort de l’école d’altération et de conjuration. Il faut maîtriser trois écoles pour passer en deuxième année, et cinq pour passer en troisième année. – Ne peut-on pas considérer Ijigen the Time comme un sort de conjuration ? – Si, peut-être … Dans ce cas-là on va se focaliser sur l’altération. – Bon, et comment on fait ? – La magie rudimentaire offre des sources de pouvoirs pouvant être réutilisées par tous les types de magie. Cependant je n’y connais juste rien en magie temporelle. Ni moi, ni personne. Je pense que tu devrais te calquer sur le ralentissement dont on parlait tout à l’heure. Ce serait un effet annexe au gel, mais ça conviendrait surement avec ce que tu es capable de faire. Mais on verra demain. Je ne t’en veux pas parce que j’avais de la lecture, mais tu as comme qui dirait une heure trente de retard, et maintenant j’ai faim. – Excuse-moi. Dis, Armand ? – Ouais ? – C’est sympa de m’aider, vraiment. – Nan, c’est naturel. Je suis désolé de t’avoir mal accueilli, mais on est potes de chambrée, donc c’est normal que l’on fasse des efforts pour bien s’entendre. Et t’es pas si embêtant, au final. – Surement … Et lorsque les jumeaux ont fait une clé de bras à Rex, ce n’était pas une invocation ça ? – Tu saurais le refaire sans être sur le point de mourir ? Et puis d’ailleurs c’était qui, ces types-là ? – Non, pas vraiment … Et j’en ai juste aucune idée. – Alors ça ne compte pas, p’tit génie. – Oh. Ah, j’ai une dernière question … – Je t’écoute. – Tu es au courant que Percy fait partie du cercle de délégué de Rozenfield, toi ? – Qui ne le sait pas ? M’a répondu Armand, en souriant. – Bah … Ca ne te gêne pas ? J’veux dire t’étais jaloux de moi alors que j’avais rien, quoi. – Ne dis pas de bêtises … Percy mérite bien plus que moi de faire partie du Cercle … Néanmoins, je suis un bien meilleur mage de glace que lui. Sa spécialité, vois-tu, c’est le son, alors je ne fais aucune comparaison. – Le son ? – Tu te souviens, la première nuit ? Il t’a demandé si tu étais un musicien. – Ouais, je m’en souviens. C’est bien la première chose qu’il a voulu savoir sur moi. – C’était … surement une question rhétorique, a conclu Perçy en ouvrant la porte du réfectoire.
Le diner se passa sans encombre, mais la nuit fut agitée. Cela faisait longtemps que je n’avais pas cauchemardé. Dans mon rêve, un chat blanc marchait sur un muret. Je tentais de me mettre à son niveau mais restais inlassablement derrière lui. J’avais l’impression que nous marchions dans une rue des quartiers riches de Bazzer, mais que l’on était pris dans une sorte de boucle. Progressivement, le décor devenait noir et les éléments nous entourant semblaient se changer en encre. Tout devenait flou autour de moi, mais je continuais à suivre le chat. Marchant indéfectiblement vers la fin du muret, les deux jumeaux apparurent près de moi et me prirent chacun un bras. Les deux types s’envolant, me tenant fermement, je vis la scène de haut. Le chat blanc se dirigeait droit dans la gueule du cyclope, étalé par terre comme une flaque ténébreuse. Son gigantesque œil jauni par je ne sais quelle maladie semblait satisfait, et sa longue langue sortant de sa gueule trépignait d’avance. Le chat sauta dans le gouffre, et je fus aspiré à mon tour. Seul. Criant, me débattant, je me noyais dans ce flot ténébreux. Un horrible sifflement accompagné d’une mélodie dissonante me perçait les tympans. Buvant la tasse, la flaque avait un affreux goût que je présupposais être du pétrole. Alors que la musique s’accélérait, une voix sortie des limbes murmurait de plus en plus fort, jusqu’à crier :
« Libère moi … Libère moi … LIBERE MOI ! »
Je me suis réveillé en sursaut. Je saignais du nez et avait un affreux goût en bouche. Descendant de mon lit, je suis allé à la salle de bain pour mettre du coton dans mon nez. Le soleil n’allait pas tarder à se lever, et je n’arrivais plus à trouver le sommeil. Soit. Aujourd’hui était le grand jour.
Les cours passèrent lentement, et je m’ennuyais. Je ne trépignais pas tellement à l’idée de connaître mon catalyseur, mais j’étais curieux. Ce n’était pas tous les jours que l’on avait l’occasion de connaître la forme d’une pensée conceptuelle qui nous était propre. Béhémoth m’attendait à la sortie de classe. Tout le monde fut étonné de le voir me parler, et je remarquais qu’il ne laissait aucune fille indifférente. Des « Aaaaaah ! Behemoooooth ! » admiratifs et mielleux fusaient d’un peu partout, et l’homme, qui me souriait, murmura :
– Ne fais pas attention. – … C’est un peu difficile. – Hahaha ! C’est comme ça. Bien, nous allons nous rendre au sous-sol. Il y fera un peu froid, mais tant pis. – Je te suis. Alors que nous marchions tranquillement, Béhémoth semblait perdu dans ses pensées. Fronçant les sourcils, je ne dis mot. Il fut le premier à me parler. – Nous n’avons pas réellement eu le temps d’apprendre à nous connaître, je crois … – Disons qu’à notre première rencontre, ton chien a failli me bouffer, quoi. – Et je m’en excuse. Nous devions simplement te tester. Mais je vais être honnête avec toi … Je n’apprécie pas vraiment ton entrée dans le Cercle, et je ne suis pas le seul à le penser. – J’avais cru comprendre. Mais j’aimerais savoir pourquoi. – Vois ça comme de l’instinct. Nous avons une force … cachée … que je ne pense pas que tu possèdes. Ou alors si, mais différemment. C’est étrange, en vérité. Il me sourit.
– Et quelle est cette force, au juste ? Ai-je demandé. – Je ne crois pas avoir le droit de te révéler cela, mais ça viendra, ça viendra. Nous sommes arrivés devant la chambre des rêves. – Qu’est-ce qu’il va se passer, concrètement ? – Je t’expliquerai une fois à l’intérieur. Viens.
Nous sommes entrés dans la chambre des rêves. Circulaire, elle était faite de pierre taillée bleue marine. De faibles torches l’illuminaient et une magnifique statue représentant Kaärma s’élevait jusqu’au plafond. Devant elle se trouvait une grande boîte faite de bois ancien. Les membres du Cercle étaient placé autour d’un … bah d’un cercle, en fait, mais fait de pierre. Des runes étaient gravées sur le monticule de roche et celles-ci s’illuminèrent à mon approche. Light me demanda de monter sur le monticule et Béhémoth parla :
– Je te rassure, ce sera simple et indolore. Nous allons te demander de fermer les yeux et de te concentrer du mieux que tu le peux sur une forme qui te plait. Ton adrôme va alors réagir et former de lui-même la chose qui se rapprochera le plus de ce à quoi tu pensais. Si ce qui sort de la boîte est totalement différent de ce que tu imaginais, c’est que tu as été trop gourmand, haha. – Ok, je peux le faire. C’est quand vous voulez. Tous levèrent les bras au ciel. Les runes devinrent plus illuminées encore, et je fermai les yeux. Pensant à un gantelet, je murmurai en boucle :
– Gantelet, gantelet, gantelet, gantelet, gantelet …
Mais rien ne vint. Pire encore : Une autre forme m’apparut.
La forme du cyclope. Et la salle trembla si fort que j’en sursautai et perdis l’équilibre.
Ouvrant brutalement les yeux, le temps autour de moi fut figé. Les couleurs elles-mêmes se tarissaient doucement, devenant grises, blanches et noire. Je criai … Ma voix se perdit dans un écho lointain. Seule la boite possédait encore ses couleurs. M’en approchant doucement, une affreuse migraine me prit de court et me fit tomber à genou. Criant de toutes mes forces, je plaquai ma tête contre le sol. La boîte s’ouvrit lentement et une lumière éparse m’aveugla. La voix du cyclope criait :
– LIBRE, LIBRE, LIBRE !!!
L’affreuse mélodie de mon rêve semblait comme passer en boucle sur un disque rayé. Enfonçant ma tête dans mes genoux, jusqu’à m’en briser les lombaires, j’ai poussé un hurlement affreux. Le sceau sur ma main s’illumina et la pièce reprit ses couleurs. Le temps revint à la normale et tous se tournèrent vers le cyclope, tandis que je pleurais, en boule sur le monticule, et me tenant fermement les cheveux. Je souffrais un martyr terrible et terrifiant.
– Ça, c’est du catalyseur, ne put s’empêcher de murmurer Percy, en regardant l’odieuse créature qui faisait près de dix mètres. – Uki !... C’est quoi ce truc de malade !? A répliqué Fang, en regardant Light.
Un petit rire se fit entendre. Tous déposèrent leur regard sur Béhémoth, dont les cheveux étaient devenus totalement noirs. Une faux de platine présente dans sa main, l’homme approcha doucement de la créature. Ses cornes de bélier poussèrent progressivement et un grand tatouage fait de sang parcourut son visage.
– Alors, on visite la nouvelle Aether … Newark ? – FAUST. ARCHONTE SEMI-DIVIN DE LA PUTREFACTION … QUE ME VEUX-TU, PAUVRE INSECTE ? – Que tu dégages d’ici. C’est une fête privée. – Est-ce qu’il a dit … Cardinal éthéré ? A demandé Percy, sceptique. – Oui, a répondu Ember, Faust se démarque de nous dans un domaine : Il est … Divin. – Elle sourit tendrement, se mordillant doucement la lèvre – – … Sans déconner. Et ce truc, est ce qu’il l’a bien appelé … N-Newark ? A balbutié Percy. – Je crois, a murmuré Sandra, que notre véritable mission prend effet plus tôt que prévu … – J ASPIRERAI VOTRE ANIMUS ET REPENDRAI L’ELROS EN AETHER !!! – Qu- … On peut vraiment battre un truc pareil !? A demandé Fang, les sourcils froncés, rebondissant sur son maillet. – Hehe. Ce que vous avez devant vous n’est qu’une pâle imitation du dieu de la colère. Un esprit vengeur provenant d’une de ses particules, et tentant de se rebeller contre l’autorité divine. Gozen … a commencé Béhémoth. – … – GOZEN ! A crié Light – Que … – Lève-toi, a continué le chef du Cercle, c’est toi qui l’as emmené ici, et tu nous aideras à nous en débarrasser. Je ne sais pas depuis combien de temps … Cette chose essaie de te contrôler, mais elle s’est vraiment bien développé. – … Je vous aiderai.
Le faux Newark tourna son unique œil en ma direction et cracha un jet d’encre violent qui tomba sur le sol et le rongea. Cette magie était similaire à celle d’Harano. Ember se plaça devant moi et me dit : – Hihi, n’est-ce pas toi qui es censé me protéger, mon preux chevalier ? – Non. Mais je vais t’assister. Ijigen The Time !
Le cône d’action sortant de la paume de ma main entoura le cyclope, qui ne pouvait se déplacer hors de la boîte. Ses mouvements furent ralentis. Light cria :
– Surtout, ne le touchez pas ! Ni avec vos mains, ni avec vos armes ! – Compris, boss ! Lovely Chain !
Ember tourna sur elle-même et son laser en forme de cœur se déploya comme une chaine verte et dorée, qu’elle lança sur Newark. Celui-ci fut saucissonné et tomba à terre, mais rapidement les chaînes furent consumées et le démon rampa en notre direction, crachant de multiples jets d’acide ténébreux. Fang augmenta la taille de ses griffes et s’accrocha au mur, tel un gecko, et tenant fermement son maillet avec sa queue de singe. Sautant du mur, il déploya son arme et frappa violemment le sol. De multiples geysers d’air tranchant sortirent de la pierre et frappèrent le démon, qui tomba sur le côté, haletant et tranché en plusieurs points.
– Je suis prête à parier que son œil est son point faible. C’est toujours le point faible des cyclopes, murmura Sandra. – Ça vaut le coup d’essayer ! Cria Percy qui matérialisa une magnifique guitare électrique finissant en deux pointes. Sonic Boom !
Donnant un coup dans les cordes de son instrument, le très faible son qui en sortit devint rapidement plus fort et plus puissant, jusqu’à générer une onde de choc visible à l’œil nu, et frappant l’œil du démon de plein fouet. Celui-ci hurla de douleur.
– C’était prévisible, murmura Sandra, Storm of Feathers. L’étudiante décroisa ses bras et ses ailes triplèrent de volumes, relâchant une pluie de plumes noires aux reflets colorés s’abattant sur le corps de la bête. Son œil éclata, dégageant de multiples jets d’acides. Je ne l’avais pas de suite remarqué, mais la pointe tranchante des plumes était inoculée d’un puissant poison.
– Dégoûtant, ai-je murmuré. – On l’a eu, ce crevard !? A demandé Fang, en s’approchant, rebondissant sur son marteau, comme si le manche était fait en caoutchouc. – Non ! Ne t’approche pas ! A crié Light, bien trop tard.
La bête reconstitua doucement son œil et donna une gifle tellement puissante à Fang qu’il s’étala contre le mur. Hurlant, le faux Newark se concentra et le bas de son corps devint celui d’un gigantesque scorpion. Se déplaçant maintenant rapidement, ses puissants coups de pinces détruisirent les piliers de la salle.
– Heavy Storm ! Cria Light, en pointant son trident sur le scorpion.
Une foudre noire et dorée s’abattit sur le monstre, et fut couplée aux multiples coups de faux de Béhémoth. La bête recula en hurlant, et le dard de sa queue s’abattit violemment en direction d’Ember, qui ne put l’esquiver à temps. Le coup qu’elle se prit lui cassa le bras gauche. Criant de douleur, la jeune fille, à genoux contre le sol, tenta de soigner son bras en plaçant un halo de soin sur celui-ci, mais elle sanglotait. Me plaçant devant elle, fatigué, je lui murmurai :
– Tu es moins prétentieuse, d’un seul coup. – Je … suis une fille sensible, figure-toi … Imbécile ! – Je n’en ai jamais douté.
Fonçant vers la créature, je plaçai la paume de ma main dans sa direction et relâchai un Adrom Laser en direction de son œil. C’eût son effet, mais c’était loin d’être suffisant. Light avait raison : Comparé aux autres, j’étais vraiment faible.
Le scorpion nous maitrisait totalement.
Béhémoth s’arracha un morceau de peau avec sa faux et répandit son sang sur la lame, avant de donner un coup dans le vide. Le coup horizontal projeta le sang par terre et de ce sang pourrissant furent invoqués quatre morts-vivants. Putrides, gémissants et démembrés, ils se focalisèrent sur Newark en courant comme des dératés. Est-ce que cela amusait Béhémoth d’envoyer ces choses contre-nature à l’abattoir ?
Newark n’en fit qu’une bouchée.
Hurlant tout ce qu’il pouvait hurler concernant l’Elros et l’Animus, le scorpion géant donna des coups de dard pour virer tout le monde et réussit à me plaquer contre le mur, m’étranglant avec sa queue. Son visage s’étira et s’approcha doucement de moi. Il cessa de hurler.
– J’ai aimé être dans ta tête, tu sais. – Lâche-moi ! Criai-je – En fait, je comptais te dévorer. Tu n’y vois pas d’inconvénient, j’espère ? J’ai vécu toutes ces années en toi … Tu peux faire de même avec moi. Ne voudrais-tu pas … Vivre en moi ? – Non je ne veux pas, sans rire, lâche-moi, j’étouffe ! Adrom Laser !
Le laser n’eut aucun effet, entrant dans son corps et s’éteignant. Le visage du faux Newark se fendit en deux, et sa gueule béante s’approcha dangereusement de moi. Ma respiration, totalement coupée, me fit voir trouble. Je manquais d’air et personne ne réussissait à me sortir de là. Vacillant, je murmurai :
– L … Lâche-moi … – Non … – Lâ … che-moi … – Noooon … – J’ai … dit … – NON !!! – LACHE-MOI !!!
Une puissante vague d’énergie sortit de mon corps, repoussant le faux Newark. Tombant au sol, j’étais en colère et je tremblais. Me relevant, je sentais que mon corps fumait. Mon corps était bouillant, comme si tout l’adrôme autour de moi entrait en ébullition. C’était violent et douloureux mais je m’en fichais. Avançant en balançant les bras, deux êtres apparurent à mes côtés. L’un avait son arc bandé, et l’autre avait les deux mains portées sur ses armes, prêtes à dégainer. Leur énergie, extrêmement puissante, m’enveloppa. Me tournant vers la bête que j’avais repoussé, j’ai plaqué ma main en face du scorpion, et le sceau commença à violemment tourbillonner. Béhémoth murmura en nous regardant :
– Eh bien eh bien … C’est un vrai rassemblement divin que voilà … – Qui … sont-ils … ? A murmuré Ember. – Shin, Lucio … a déclaré Béhémoth, à l’adresse des jumeaux, dont les auras noire et blanche étaient si fortes qu’elles enveloppèrent la pièce dans des flammes indolores. – Yo, Faust, a murmuré le démon aux flammes noires. – Tu croyais vraiment maîtriser cette chose seul ? A demandé l’ange aux flammes blanches, en souriant. – Si vous croyez que j’ai besoin de vous, a déclaré Béhémoth, en se tournant vers le scorpion. – … Tellement plus que tu ne le crois, pathétique Faust, a conclu Lucio en dépliant ses ailes.
Les deux jumeaux foncèrent sur le scorpion et leurs ailes se raidirent, devenant des lames tranchantes enveloppées de flammes. Fonçant dans le démon, ils murmurèrent en chœur :
– Purgatoire Purificateur.
Le scorpion commença à trembler de tout son être, comme si les molécules de son corps avaient été affectées par l’attaque. Les jumeaux s’envolèrent vers le plafond et Shin cria à mon attention :
– Prince, terminez-le !
Fonçant vers la créature, l’énergie temporelle provenant de mon sceau ne sortit pas mais entra en moi, passant par mon torse, mon bassin puis mes jambes. M’élançant en sautant aussi haut que je le pus – Mais je n’étais pas moi-même, on se l’entend – je donnai un coup de pied dans le vide, en direction de la créature. Le tracé de mon pied créa un arc de cercle fait d’adrôme au-dessus du scorpion. Abattant ma jambe sur le sol, je murmurai :
– Crescent Wave. Le tracé d’adrôme prit du volume et coupa la créature en deux. Dans un ultime râle, elle disparût. Me calmant, je tombai à genoux, mais Percy et Fang vinrent me soutenir. J’avais une migraine atroce. Le feu purificateur des jumeaux s’éteignit et ils replièrent leurs ailes, se posant vers moi. Béhémoth avança lentement vers eux et dit alors :
– … Je vous trouve bien prétentieux. – T’es jaloux, mouton ? A craché Lucio en approchant son visage du sien, les mains dans les poches. – Calme-toi, calme-toi, a murmuré Shin, en riant tendrement.
A quelques mètres de nous, Sandra et Light observaient la scène :
– … Light … Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? A demandé Sandra, dont la voix tremblait d’inquiétude. – Quelque chose … Que l’on ne peut cacher à nos supérieurs. Il semblerait que ce jeune homme, Gozen … en plus de manier le Temps et d’être affilié à Orion … soit affilié à Lucshin, l’ancien dieu de l’équilibre banni par le panthéon. – Une double affiliation avec un dieu majeur et un dieu mineur n’existant plus ? … Par quelle magie ? Demanda la jeune fille. – Les légendes affirment … Que de la mort de Lucshin naquirent Shin et Lucio, représentant l’équilibre que le dieu ne put atteindre de son vivant. Ces mêmes légendes expliquant alors que ces deux êtres s’éveilleraient … Au « Prince Temporel », descendant direct du roi du panthéon Divin Orion. Je n’ai rien à ajouter à cela … hormis qu’une nouvelle page de l’Histoire s’est tournée devant nos yeux, et que l’honneur est immense.
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Link Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 17496 Nombre de messages : 58002 | Avec le précédent chapitre, c'est clair qu'on peut dire que les différents personnages du Conseil sont vraiment originaux et fonctionnent assez bien les uns avec les autres. Tu as aussi bien développé l'univers, qui était déjà très riche, et avec les différents courts de l'académie, ce même univers ce développe.
Mais beaucoup trop. Je pense qu'il y a de nombreux éléments, trop d'éléments, tournant autour de l'histoire des adromes et la mythologie complète que tu as crée qui peut briser la lecture de personnes qui avaient déjà du mal à rentrer dans l'univers de ARK de la précédente version (qui était vraiment accessible, et c'est ce que j'aimais). Mais là je dois avouer qu'en fait je ne prend pas trop de plaisir à lire. Je préfère un véritable voyage initiatique qu'une académie carcan servant à développer les pouvoirs de Gozen que je trouve wtf. Se battre avec une clé c'est vraiment plus classe.
Donc big up pour l'univers et les personnages, mais trop complexe. Le premier jet restera le meilleur pour ma part. |
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Shimizu Nobunaga Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 35854 Nombre de messages : 3919 | ... T'es sérieux, là? J'meane, ok, c'est plus complexe, mais ça brise pas le rythme. Au pire, j'pense que beaucoup de gens, s'ils achètent le bouquin, seront suffisamment intéressés par l'univers pour sauter, dans un premier temps, les pavés explicatifs.
Le but d'un livre, c'est pas de faire "pan pan boum boum jé ganié!". Un livre s'accompagne forcément de gros pavés magiques, et plus ils sont complexes, mieux c'est, surtout quand ils se tiennent de bout en bout, comme ceux de Gozen. J'meane, si tu veux de l'action, tu vas voir Die Hard, tu joues à Call Of, mais tu vas pas lire un bouquin.
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | Bah, pour le coup je rejoins Sumaru.
La clé va venir et il va se battre avec, c'est évident ... Mais le premier jet était tellement accessible qu'il en était vide. Et quand je le relis, j'me rend compte à quel point c'était fade, quoi. |
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Invité | Bien au contraire Link. Moi qui avait du mal à rentrer en Aether, je suis maintenant complètement à fond dedans.
Un chapitre qui nous renseigne bien plus sur la mythologie d'Aether et nous éclaire sur de nombreux points, y compris sur les origines d'ARK elle même, sur les dieux, et sur les personnages: Les jumeaux bien sur, mais aussi Laura, Gozen lui même, Armand, Percy et les membres du cercle... Bref, un chapitre absolument niquel sur tout les points, en espérant que Shin et Lucio soient bien plus intéressant que leurs homologues dans la première version.
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Tessa Pièces : 35389 Nombre de messages : 252 | Ils le seront ! Content de voir que tout t'ait plu !
La suite arrive bientôt, mais à partir de maintenant la fréquence de chapitre sera un peu plus longue, compte tenu du fait que j'entame un gros morceau de l'Histoire et que j'ai du mal à tout mettre en place. |
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Link Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 17496 Nombre de messages : 58002 | C'est pas mon avis, essayez de l'exporter au delà des limites du forum, je pense que l'on me rejoindra sur le fait que l'autre était bien plus accessible, plus plaisant à lire. - Spoiler:
Et sinon, quand je veux de l'action, un bon Halo ou un bon A-RPG me suffisent amplement.
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Invité | Oui mais le but du jeu c'est pas de faire un truc pour les enfants. Et puis, ce qui est bien c'est que rien, mais strictement rien, ne t'empèche de passer les blocs explicatifs. |
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Tessa Pièces : 35389 Nombre de messages : 252 | Ouais, j'ai dévellopé ça ... Les blocs explicatifs sont importants uniquement pour la compréhension du héros, et ne s'attardent que ceux qui s'intéressent à l'univers en détail. |
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | Deux chapitres pour le prix d'un /o/ fin d'un Arc -entre guillemets- et début d'une entracte !
Chapitre 8 : Je suis un bon fils.
Nous étions tous assis dans la chambre des rêves. Celle-ci avait subie de gros dégâts, mais je crois pouvoir dire, non sans mal, que j’étais le plus amoché de l’histoire. Un être abominable se nourrissant de mes cauchemars, depuis des années, était sorti de mon esprit au moment où celui-ci était entré en connexion avec la réalité, et nous avions dû le combattre de toutes nos forces. Les deux jumeaux, répondant au nom de Shin et Lucio, se révélaient être deux anciennes divinités guidées par Orion pour me protéger, initialement de cet envahisseur nocturne, puis d’autres choses encore. La salle était silencieuse depuis bien longtemps, maintenant. Béhémoth s’était calmé, et réfléchissait autant que les autres. Nous nous demandions tous ce qu’était ce scorpion géant fait d’ombre …Au final nous le qualifions de « Faux Newark », ce qui revenait à dire « Substrat d’une divinité » mais nous n’en étions pas nous-mêmes certains. Les jumeaux, voletant dans la pièce, nous observaient en baillant. Je me levai :
– Bon, il est inutile de ressasser ce problème plus longtemps. Quoi que ce fut, c’est détruit, non ? – Oui, prince, a déclaré Shin. – Et surtout pas grâce à toi, a terminé Lucio, en me regardant. – … Bon, d’accord. Et pour mon catalyseur, que fait-on ? – C’est un problème, a murmuré Light en replaçant ses lunettes, nous pourrions refaire l’incantation mais il faudra attendre que la boîte se recharge. – Non, c’est inutile, a rétorqué Shin en se posant près de nous, le catalyseur se trouve dans le coffre. Sa forme, tout du moins. Le prince devra nous accompagner pour aller le récupérer. – Pourquoi l’appelez-vous prince ? A demandé Ember. – Votre prénom est Jonathan Gozen, n’est-ce pas ? M’a demandé Shin. – Evidemment, ai-je rétorqué, mais quel est le rapport ? – Eh bien … A commencé Shin, mais Lucio lui lança un regard menaçant. – Mh ? Insista Ember, dont les yeux s’illuminaient de curiosité. – Non, rien, reprit Shin. Et si vous jetiez un coup d’œil au coffre ? – … C’est bon, j’y vais, ai-je répondu, en me levant lentement.
Tous se placèrent autour de moi, et j’ouvrai lentement le coffre. Déglutissant, j’ai plongé la main dans le meuble et en ai sorti une sublime clé en or. Celle-ci était ornée d’un rubis, et possédait deux cornes à son sommet. La clé faisait plus d’un mètre vingt, et des rainures incrustées sur l’artefact brillaient d’une lueur rose et azur. Lucio détourna le regard, mais Shin me souriait gentiment. Me retournant vers le cercle, tous arquèrent un sourcil, et reculèrent de plusieurs pas.
– Qu’est-ce qui vous arrive ? Ai-je demandé. – Béhémoth … A murmuré Ember. – Héhé … Je ne m’y attendais pas, à celle-là, a répondu l’archonte semi-divin. Light ? – Petit, sais-tu ce que tu as en main ? M’a demandé l’homme, en s’approchant.
L’ambiance devint bien plus lourde. La clé s’évapora dans ma main, tandis que les pierres incrustées sur son manche brillèrent de mille feux. Devenant une poussière dorée, elle s’évapora.
– Comme je l’expliquais plus tôt … Ce n’est pas la vraie clé temporelle mais une forme éthérée destinée à vous montrer la forme du catalyseur vous définissant, Prince. Ceci est votre héritage, et il semble normal que vous vous l’appropriez … – Et où est-elle ? Ai-je demandé. – La clé temporelle se situe au cœur des Montagnes d’Askaär, a expliqué Shin. Notre devoir est de vous y accompagner céans. – Ah, euh … J’peux pas en fait, là. Vous m’en voyez désolé. – Pardon ? A rétorqué Shin, en fronçant légèrement les sourcils. – Je dois rester ici, pour l’instant. Je n’ai pas l’temps d’aller me balader dans une montagne. Vous ne pouvez pas aller la chercher vous-mêmes et me la ramener, par hasard ? – Et puis quoi encore, bouffon !? A clamé Lucio, en me prenant par le col. – Ça va, ça va … J’émettais simplement une hypothèse. – Tu iras ce week-end, a déclaré Light. – En quel honneur ? Ai-je répondu, me retournant vers lui. – Il y a un voyage d’études à Askaär, ce week-end. Il fallait un membre du Cercle pour encadrer le groupe … Par conséquent je t’ordonne d’y aller. – Tu … m’ordonnes ? Ai-je rétorqué. – Il va falloir que tu t’habitues à ce que je sois ton supérieur. Je suis désolé, mais c’est la règle. – Je ne crois pas avoir encore dit que j’acceptais de vous rejoindre … – Tu nous as déjà rejoints, petit prince, a murmuré Ember dans mes oreilles, ce qui m’a laissé une sensation de froid désagréable.
J’ai soupiré. Les jumeaux se concertèrent et dirent alors :
– Nous nous reverrons dans quelques jours, Prince. Puissent les dieux vous garder jusque-là. – Bon, cassos !. Rester dans le monde réel me vide mon énergie. Allez, allez, on se bouge ! A craché Lucio à son frère – Attendez, attendez ! Ai-je crié. – Mh ? – Shin m’observa – – Lorsque je suis en danger, vous apparaissez pour me sauver. N’ai-je pas un moyen de vous appeler ? D’une quelconque manière ? J’veux dire, vous avez squatté ma tête, tout ça … C’est la moindre des choses.
Shin sourit, et disparut, suivi de son frère, qui détourna le regard. Ça m’a blasé.
– Tss. Ces deux-là se la jouent vraiment trop, a murmuré Béhémoth. – Carrément ! A crié Fang, qui, jusque-là, était resté silencieux aux côtés de Percy. – Ne soyez pas ridicules, a déclaré Percy, souriant. – C’est vrai. Ceci dit, j’hésite encore sur le fait de parler de cette histoire ou non … A murmuré Light, en caressant son trident du pouce. – Bah. J’en parlerai au vieux, c’est bon … … Merde ! Le vieux ! J’ai un cours avec lui ! Désolé, j’me taille !
Alors que je partis, Light me retint par l’épaule et m’emmena à l’écart. Il me demanda alors :
– Jonathan … J’ai besoin de savoir … Qui est ton père ? – Je n’en sais rien, il est parti alors que j’étais enfant. Le jour de la naissance de ma sœur, plus précisément, mais selon ma mère, c’était tout à fait légitime. – … Je vois. Et ne t’as-t-il jamais rien dit, concernant tes pouvoirs, ou cette clé ? – Rien du tout. Il y a encore deux semaines, je pensais que je n’avais rien pour moi, tu comprends … Mais ce n’est pas tout ça, je suis vraiment en retard. Je repasserai au comité pour parler de ce voyage.
Sortant de la chambre des rêves en courant et laissant tout le monde pantois, ne leur accordant par ailleurs qu’un léger au revoir, je courus en direction des étages supérieurs pour ne pas rater le début du cours. En passant dans un couloir, je vis sur le tableau d’affichage la feuille pour le voyage d’études à Askaär. Je me suis arrêté un instant et ai écrit mon nom, puis je suis reparti en hâte.
Je n’allais dans le bureau du vieil Izuma qu’une fois par mois, au minimum, et celui-ci changeait constamment. La pagaille était infiniment présente : A des degrés différents, certes, mais les parchemins volaient encore dans tous les sens, les pierres précieuses se baladaient çà et là, et, petite nouveauté, une boule de poil blanche s’amusait avec une balle jaune. Un chaton. Un chaton blanc ressemblant à celui qui m’avait griffé, mais qui n’avait pas de tâches indigo sur le dos. L’enjambant en prenant le soin de ne pas lui marcher sur la patte ou sur la queue, je fis une translation directe vers le bureau de mon professeur, qui me remarqua enfin. Levant la tête d’un grimoire quelconque, l’homme m’observa intensément et dit alors :
– Vous avez progressé. – Effectivement, ai-je répondu, et j’ai trouvé mon catalyseur. – Et quel est-il ? – … C’est une longue histoire. Je vais devoir aller le récupérer loin. – Qu’est-ce que vous racontez ? N’était-il pas dans le coffre ? – Non. Bon, je vais vous raconter en détail ce qu’il y a eu … Ce sera plus simple.
A mesure où j’expliquais au vieux les évènements de la chambre des rêves, celui-ci ouvrait la bouche un peu plus grande encore. Le faux Newark, la clé temporelle, Shin et Lucio … L’homme balbutia :
– Est-ce là la vérité ? – Je n’ai aucun intérêt à vous mentir. – Jeune homme … Je vous ai très clairement sous-estimé. – Qu’est-ce que la clé temporelle ? Sortie des livres, je ne sais rien sur elle. – La clé temporelle est un des quatre artefacts majeurs légendaires, jeune homme. – Légendaires ? Ai-je répété. – Connaissez-vous l’Almanak ? – Relativement. – Si vous avez étudié les mythes de la troisième Ere Askaärienne, vous savez de quoi nous parlons … mais je vois à la lueur de votre regard que vous avez compris de quoi il retourne, et il est d’autant plus intéressant de remarquer quelle fut la divinité devant originellement porter la clé temporelle. – Mince, c’était qui, déjà ? Ai-je murmuré. – Jonathan Staÿlis. Dieu de l’Amour et de l’Humanité, et fils du dieu Orion. Cela vous revient-il ? – Ah, oui. Ouais, le dieu qui a le même prénom que moi, oui. – Et le même nom de famille. Entendons-nous : La lignée Staÿlis est éteinte depuis des siècles, mais votre présence prouve qu’un morceau de l’arbre généalogique n’a pas été abattu, et pour cause : J’ai en face de moi … Jonathan « Gozen » Staÿlis, mage temporel destiné à une clé recherchée par les plus grands archi-mages de nos générations. Selon-vous, où cela peut-il bien mener ? – A des ennuis ? – Certes, mais ce point écarté, cela mène à une hypothèse difficilement explicable. – Quelle est-elle ? – Je vais être honnête avec vous, jeune Staÿlis … Tout comme Behemoth, il se pourrait que vous soyez un Archonte semi-divin. – Un … Pardon ? – Un archonte semi-divin. Béhémoth, un de vos collègues, est l’Archonte semi-divin des nécromants et de la putréfaction. Son nom originel est Faust, et cela s’explique par la présence de la double personnalité divine habitant en ce jeune homme. Vous savez, chaque génération apporte de nouveaux archontes. Ceux-ci stabilisent l’équilibre instable de notre chère planète et agissent sous le commandement des Dieux. Les êtres étant apparus à vous, Shin et Lucio, sont les archontes du bien et du mal. Je ne suis en mesure de vous expliquer ce qu’ils vous veulent, mais si l’on en croit votre récit, un détail me conduit à penser que vous pourriez réellement venir de la branche du premier Jonathan. – Quel détail ? Ai-je demandé, perplexe. – L’appellation « Prince ». – Lorsque je leur ai demandé pourquoi ils me prénommaient comme cela, je n’ai obtenu aucune réponse. – Jonathan le premier, voyez-vous, est considéré par le panthéon comme le « Prince de l’Humanité ». Connaissez-vous votre père, jeune homme ? – C’est la deuxième fois que l’on me pose cette question. Et pour la deuxième fois j’y réponds non. Mon grand frère l’a connu, mais il est parti à la naissance de ma petite sœur. J’avais deux ans, et n’ai aucun souvenir de lui. – Combien avez-vous de frères et de sœurs ? – Un frère … et une sœur. – … Quelque chose ne colle pas. Etes-vous vraiment certains de ne pas avoir de grand frère ou sœur que vous n’auriez pas connu ? – Qu-qu’est ce que c’est que cette question ? Ai-je balbutié. – Ne pourriez-vous pas demander à votre mère ? A insisté le vieil homme. – Mais où voulez-vous en venir, à la fin !? Quand à ma mère … Ca va être difficile. Elle est actuellement à l’Hopital, et surement pas en état de parler du passé. – Oh … Vous m’en voyez désolé. Vous repartez pour Bazzer demain matin. – Oui, je vois et donc … Pardon ? – Je suis désolé de vous presser ainsi, mais nous sommes à l’aube … d’un évènement historique. Et je tiens à ce que vous « parliez » à votre mère du départ de votre père. Nous avons une hypothèse à confirmer, et cela sans plus attendre. – Et mon avis dans tout ça ? Ai-je rétorqué. – Je me moque éperdument de votre avis, jeune homme ! Je suis votre professeur, et si vous désirez profiter de mes enseignements, ainsi que de l’asile politique que mon académie vous octroie, il vous faut consentir à quelques sacrifices. Vous retrouverez mon ancien élève Frederic Jones et partirez pour l’Hôpital ensemble. Si votre mère n’est pas en état de parler, comme vous me l’avez explicité … Nous sonderons son subconscient. Maintenant veuillez-vous asseoir, nous allons débuter notre cours. – Je vous écoute.
Izuma caressa sa barbe et se lança dans un long discours. Sortant une feuille et un crayon, j’écrivais lentement.
– Les notions de Kairos et d’Aiôn sont à la fois plus simples à expliquer et plus difficiles à appréhender que le Chronos. Voyez-vous, l’on peut considérer de ces deux notions qu’elles agissent en tant que complément de la maîtrise temporelle rudimentaire, et en connaître chaque aspect est le début d’une base solide. En outre, il sera de rigueur de corréler ces deux compléments en tant que « Temps Occasionnel » et « Temps Impérial ». Le Chronos étant le « Temps Relatif ». Bien … L’Aiôn est l’introduction du temps Spatial. Nous parlerons ici d’Extra-Temporalité. De prime abord considéré comme une notion dite philosophique concernant l’Eternité, l’Aiôn a rapidement vu son importance croître avec la complication de la notion temporelle de base. Concrètement, le concept d’Aiôn semblerait s’opposer au Chronos, bien qu’il fasse partie de la même trinité. Pourquoi une telle opposition ? Car l’Aiôn n’est pas un Temps relatif mais un temps matériel. Un temps de Succession. Passablement la base de l’énergie Adromique temporelle « dure » – L’adrom Laser – … L’Aiôn décrit au départ l’imagination d’un présent Idéal calqué sur le Temps de chaque corps. En d’autres termes, l’Aiôn est aussi ce qui explique que l’acier rouille, que l’Homme vieillit et que l’eau croupit. Tout part d’une opposition métaphysique : Immanence et Transcendance. L’Aiôn est le Temps Immanent, le Temps vieillissant … Le temps concret. Le Chronos est le temps Transcendant, relatif et universellement ouvert. Cette opposition est marquée par la différence de sorts que tu pourras alors générer en te calquant sur un concept, vis-à-vis d’un autre. Suivez-vous ? – Continuez – Bien. Cette extra-temporalité, comme je vous l’expliquais, n’étant transcendante, est l’explication du temps des corps, et subsiste à la surface de ces corps en tant que … virtualité idéelle, c’est-à-dire qui n’existe que dans une idée de ce qui constitue le devenir de ce que l’Aiôn touche. Dans ce cas-là, l’Aiôn devient le temps pur, le temps de l’Instant, ne cessant de se décliner en passé et futurs illimités. Tout dépend de votre calque extratemporel … L’Aiôn est ce qui définit le temps spatial et l’engrangement des biomes de passé, présent et futur. – C’est vraiment compliqué, pour le coup, ai-je avoué. – Voyez la chose comme ceci : L’Aiôn est l’Instant. L’Aiôn « Devient » et est non identifiable, car il se déplace dans le présent en empruntant tant de chemins dans le futur qu’il est possible pour lui d’emprunter. Temps d’Hypothèse, l’Aiôn est non repérable, et définit une propriété induisant la perpétuelle déclinaison d’un avant et d’un après, dans lequel le temps s’écoule sans possibilité de mesure, et sans pouvoir être objectivé. D’un point de vue purement Adromique, l’Aiôn est la base du durcissement de l’adrôme, et l’agent de Trinité indispensable pour votre cursus … Mais rassurez-vous, à la différence du Chronos, vous n’avez pas à vous soucier de l’Aiôn … Savoir qu’il est présent est en soi une grande avancée. – J’ai peur de la suite, mais expliquez-moi le Kairos ? – Si l’Aiôn est le temps Impérial, le Kairos, lui, est le temps Occasionnel. Le Kairos, dans le présent, se définit comme « le moment ». L’autre fois, nous parlions d’évènements influant sur la temporalité de chaque corps présent dans l’Univers … Le Kairos représente cette rupture. Une rupture cassant un mouvement perpétuel et le changeant, sans pour autant l’arrêter … Néanmoins, les propriétés d’Avant et d’Après décrites dans l’Aiôn sont aussi présentes. Kairos et Aiôn sont purement complémentaires. Temps de circonstance, le Kairos est, Adromiquement parlant, le résultat de vos sorts. Lorsque vous lancez un Adrom Laser ou un Ijigen the Time, d’une rupture matérialisée par une cause nait une conséquence … Le Kairos est cette conséquence, et cela nous place dans un point de vue métaphysique explicitant le pourquoi même du rapport de cause à effet dans le temps spatial : Le Kairos est une dimension temporelle n’ayant aucun rapport avec le Chronos linéaire. Le Kairos peut être considéré alors comme une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant. Le Kairos est la perception, et les multiples univers qui y sont associés se marient avec les multiples déclinaisons du passé/futur empruntées par l’Aiôn lors d’une cause à effet, peu importe sa nature. En d’autre termes : Une notion temporelle non comprise par la fluctuation temporelle concrète, mais par le ressenti. Kairos est la racine du mot opportunité, par ailleurs. Saisir le Kairos, que ce soit pour vous ou moins, revient à saisir une opportunité … Saisir l’instant, et le moduler à votre façon. Ceci, jeune apprenti, est votre plus grand pouvoir en ce monde … La prise en main de votre vie, telle que vous l’entendez. – Je vois … Il semblerait qu’il y ait plus de choses à dire sur le Kairos que sur l’Aiôn, je me trompe ? – Vous ne vous trompez pas, mais c’est logique … L’Aiôn est en lui-même indescriptible. Ancré entre le réel et le virtuel, tandis que le Kairos est plus facilement appréhendable. Et savez-vous pourquoi ? – Non. – Parce que le Kairos n’a pas, dans la psyché Humaine, une acceptation totalement temporelle. Bien que la finalité s’y rapporte. Le Kairos induit une vision temporelle conforme au maximum de l’efficacité d’une action. Voyez-vous, le Kairos explicite un « moment », mais mesurer sommairement le moment en le calquant sur une linéarité marquant une translation d’un point A temporel à un point B temporel, il est extrêmement probable que nous rations ce « moment ». Et c’est ici que le Kairos est intéressant, c’est qu’il est la seule notion temporelle à pouvoir tant s’associer à Orion qu’à Kaärma, déesse du destin. – Un hybride ? – Vous pouvez voir la chose de cette manière. Voyez-vous, le Kairos est la preuve que l’Humanité ne dépend pas entièrement d’Orion pour influer le Temps. Si l’on se réfère au principe d’Action, défini par Kaärma, nous pouvons voir que beaucoup de révolutions, dans plusieurs domaines, proviennent avant tout de la prise de conscience de l’Humanité vis-à-vis du Kairos : Domaine Médical, Militaire, Politique ou Rhétorique … Le Kairos induit la ruse, l’intelligence, la fierté ou encore la lâcheté … Et c’est en se servant du Kairos comme élément de Psyché, et non comme élément temporel, que l’Humanité put déjouer les pièges de la mer en terme de navigation, déjouer la mort en terme médical, ou bien déjouer ses adversaires en terme politique ou militaire. Si l’Humanité avait placé le Kairos comme à cent pourcent temporel, jamais elle n’aurait apprise à « saisir l’instant ». Cela ne tient qu’à un fil. Le Kairos est donc le Temps Efficace. Le Temps de l’Instant où il est nécessaire de comprendre qu’il n’existe qu’un seul moment dans le cause à effet de chaque action où nous pouvons nous hisser à cent pourcent de nos capacités pour un court mais glorieux instant. Saisir le Kairos dès que possible revient à ne jamais échouer. – Et j’ai ce pouvoir ? – Nous l’avons tous … Mais tu es légèrement facilité … Hohoho. – Certes, certes. Et si nous passions à la pratique ? Je voudrais vous montrer la nouvelle technique que j’ai développée. – Une nouvelle technique ? Tiens donc … Offensive ? Défensive ? – Offensive. – Bien, allons dans les jardins.
J’ai suivi Izuma. Les jardins se trouvaient au rez-de-chaussée, et faisaient le tour du bâtiment. Je ne m’y étais jamais attardé, mais je savais que de nombreux élèves s’y trouvaient, car il s’agissait d’un lieu de repos et de villégiature propice aux révisions. De plus, il fallait reconnaître que c’était agréable d’être assis dans l’herbe. Alors que je marchais, je me demandais si Izuma comptait me faire réviser devant tout le monde, ce qui allait fortement m’ennuyer.
Et j’ai effectivement été fortement ennuyé.
Chose que je n’avais pas remarqué : Le rouage dans le dos d’Izuma, qui tenait par télékinésie, était son catalyseur. Celui-ci tournait inlassablement comme une horloge et marquait plusieurs à-coups. Fronçant les sourcils, je n’ai dit mot. Nous avons fait le tour de l’Académie et suivi le grand chemin de roses multicolores. Traversant plusieurs arches reliant plusieurs cours entre elles, je constatais avec admiration à quel point les jardins de Rozenfield étaient bien entretenus. Plusieurs animaux passaient par le chemin de terre que nous empruntions, et de nombreux insectes propices au développement des plantes, par procédé de pollinisation, faisaient ce pourquoi ils étaient né. Les jardins de Rozenfield semblaient aussi être un lieu propice à l’amour et aux rendez-vous. Je voyais beaucoup de couples travailler ensemble, s’embrasser, se câliner ou encore se tenir la main. Personnellement, cela ne me faisait aucun effet, mais si Melvin avait été là, surement aurait-il été jaloux ?
– Vous ne comptez pas me faire réviser devant tous les élèves, j’espère ? – Nous verrons s’il y a du monde à la cour numéro quatre … Mais ne vous en faites pas, beaucoup d’élèves s’entraînent ici, et personne ne fera attention à vous. Normalement. – Normalement … – Parlez-moi du sort que vous avez développé, s’il vous plait. – Eh bien … Bon, j’étais dans le feu de l’action, mais il s’est passé qu’à la place de lancer un Adrom Laser, mon sceau a aspiré l’énergie que j’ai tenté d’exulter, l’a fait passer dans une partie de mon corps – J’ai montré le tracé de mon bras, mon bassin jusqu’à ma jambe – et l’énergie s’est matérialisé en suivant le tracé de mon pied. En décrivant une arche, j’ai formé vers le monstre une arche d’Adrome, que j’ai pu translater violemment vers le bas. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer … – Vous avez exécuté votre premier Area of Effect. De manière peu conventionnelle, j’entends … Mais c’est finement joué. Pensez-vous être capable de recommencer cela ? – Peut-être … Mais sans Catalyseur ? – Votre sceau remplace votre catalyseur. Il possède une certaine contenance, et vous freinera sur la durée, mais vous ne pouvez espérer, à l’heure actuelle, progresser sans lui. Et nous voilà arrivés.
La cour numéro quatre était plus grande que les autres :
Donnant sur l’océan, de grandes haies entouraient l’espace praticable et quelques élèves y étaient rassemblés. Laura, notamment, était là, et me fit un bref signe de la main, que je lui renvoyai. Un peu plus en relief que les autres jardins, la cour semblait être faite sur de petites dunes d’herbe, dont la pelouse paraissait confortable. L’air étant assez sec, aujourd’hui, l’herbe n’était pas mouillée. Izuma s’est placé au milieu d’un cercle de terre donnant sur quatre chemins menant à des arches faites de haies. Son rouage doubla de taille. Les élèves présents autour de nous ont sorti le nez de leur livre pour observer la scène. Mon professeur déplaça son rouage par télékinésie, et celui-ci tomba lourdement au sol, se plantant dans la terre meuble. Comptait-il s’en servir comme d’un bouclier ?
– Il est temps de passer à la pratique, jeune Staÿlis. – Izuma se tourna vers les élèves présents – Je cherche des premières années motivées pour combattre ce jeune apprenti. Les volontaires se verront attribué un bonus de 0,5 points pour leurs examens trimestriels.
Trois apprentis mages arrivèrent. Deux portaient une tunique blanche, et le troisième une tunique grise. Il y avait un mage de foudre, un mage de vent et un psychomancien. J’ai dégluti :
– Attendez, c’est quoi ce cirque ? Je ne vais pas tous les combattre en même temps, si ? – Nous allons vous entraîner à perfectionner votre sort défensif. Le tournoi de fin d’année approche plus rapidement que ce que vous pensez, et j’ai déjà soutenu votre candidature pour représenter l’Ecole Temporelle. – C’est quoi ça, le tournoi de fin d’année ? Ai-je demandé. – Le tournoi de fin d’Année est ce qui vous permettra d’obtenir votre diplôme ou de passer en classe supérieure. Il s’agit d’un affrontement interscolaire où s’opposent des apprentis de tous types. Il est nécessaire pour la recherche ainsi que pour votre entrée dans les piliers que vous obteniez une victoire à ce tournoi. Cela est même primordial, comprenez-vous ? – Mais qu’est-ce que je peux faire, seul, contre ces trois types ? – Vous avez vaincu Ignacio Rex … Ces personnes ne sont que du menu fretin en comparaison. – Eh ! Cria le mage en robe grise. Il s’agissait d’un grand rouquin aux yeux verts et aux multiples tâches de rousseur. – Je n’étais pas seul …
J’ai jeté un coup d’œil à Laura. Celle-ci semblait inquiète et tenait fermement son grand grimoire. J’aurais voulu tout arrêter pour lui parler, mais les quelques paroles que nous avions échangé dans l’escalier me revenaient en tête, et j’ai froncé les sourcils. Me retournant vers les trois personnes, j’ai déclaré :
– Très bien, j’accepte; Même si je n’ai pas le choix, je suppose … – Voilà qui est fort bien. J’aurais souhaité que nous ayons plus de temps pour cet entraînement, mais vous partez demain, rappelez-vous. – Je reviendrai dans trois jours, au mieux, ai-je précisé.
Les trois apprentis se sont placé en triangle autour de moi. Totalement entouré, j’ai murmuré :
– C’est déloyal. Izuma a déclaré :
– Vous pouvez commencer, jeunes gens.
Le rouquin fit plusieurs pas en arrière et commença à concentrer sa mana. Le mage de foudre, blond aux yeux bleus, et assez petit, sortit une baguette, qu’il fit tourner en direction d’un nuage. Un petit bout de celui-ci se détacha et descendit doucement dans ma direction, se gonflant d’électricité et se gorgeant comme une éponge. Je n’avais pas le temps de m’en soucier. Le mage de vent, lui aussi blond, mais plus grand que l’apprenti de foudre, et avec un fort embonpoint, lança dans ma direction un vent tranchant et visible à l’œil nu, car mû par une énergie remarquable.
Remarquable et dangereux, peut-être, mais qui n’était rien du tout en comparaison de Melvin ou Light. Concentrant l’adrôme à mes pieds, j’ai pu augmenter ma vitesse et foncer vers le Psychomancien pour qu’il se prenne le vent tranchant à ma place. Le nuage fut stoppé par Ijigen The Time, dont le cône recouvra le cumulonimbus et forma une bulle l’entourant. Me retournant vivement, j’ai frappé le mage de Vent avec un Adrom Laser bien senti, mais le mage de foudre lança un éclair sur mes fesses, ce qui me fit prendre une décharge qui m’emmena au sol.
Fumant, je me suis rapidement relevé, mais une partie de mon corps était alourdie par l’impact du mage de foudre. Je n’eus pas le temps de savoir où j’étais qu’une violente énergie frappa mon crâne et me provoqua une intense migraine. Le psychomancien tentait de pénétrer de force dans mon esprit et j’ai plaqué la tête dans mes genoux pour étouffer mon cri.
Quelques élèves en plus s’étaient rassemblés, et j’avais du mal à m’y repérer. Les trois mages, qui semblaient être de bons amis, vu leur synchronisation, n’avaient aucun mal à me mettre à terre, et je ne pouvais pas générer de sorts. Le vent tranchant de l’apprenti obèse déchira partiellement mes vêtements et trancha mes joues comme mille couteaux, et je roulais par terre pour esquiver la foudre, luttant contre cette intense migraine provoquée par la pression du roux sur mon cerveau. Me relevant difficilement, les jambes tremblantes, j’ai lancé un Adrom Laser sur le Psychomancien, et bien qu’il n’ait reçu l’attaque, la pression opérée ne fit plus effet et j’étais libéré de son charme pour quelques secondes. Quelques secondes suffisantes à m’énerver et concentrer l’Adrome de mon sceau dans ma jambe et donner un coup de pied dans le vide.
Le sort ne marcha pas.
Ils réattaquèrent de plus belle, et je tombai en arrière, souffrant mille maux. Tentant de me relever, chaque pression exercée par le Psychomancien altérait un de mes sens. Il savait où frapper, et bien que je traine Laura : Je n’étais pas entraîné à ce genre de choses. Alors que ma vision se troublait et que les cris retentissaient autour de nous, je me demandais si le combat contre Rex n’avait rien été de plus qu’un coup de chance. Percy était un membre du cercle et Armand une deuxième année. Concrètement je n’avais défié qu’une seule personne, et avait gagné grâce à Shin et Lucio éthérés. Qu’aurait fait Melvin à ma place ?
Je me suis pris un coup de poing.
A ma place, Melvin aurait fait ce pourquoi il était le plus doué : Danser.
La solution m’apparût comme un éclair de génie. De toutes les années où j’avais côtoyé Melvin, celui-ci m’eut appris les rudiments de ce qu’il appelait son « Street Dancing », et bien que je ne fusse pas franchement doué, je savais faire un seul mouvement susceptible de pleinement maitriser l’AoE. Décidant de ne pas me relever, j’ai repris mes esprits en respirant et ai concentré une nouvelle fois mon énergie, que j’ai non seulement senti passer dans ma jambe gauche, mais aussi dans ma jambe droite. Plaçant mes bras en arrière, je me suis laissé porter et ai tourné sur mon omoplate, me servant de mes bras pour augmenter ma puissance de rotation. Ce mouvement, complexe aux premiers abords mais facilement réalisable avec un peu d’entraînement se nommait « Coupole » et était très prisé par les Breakdancer débutants. L’énergie du Crescent Wave sortit de mes pieds et tourna en même temps que moi, réalisant un tourbillon d’adrôme se détachant progressivement de mon corps et frappant lourdement mes trois ennemis en même temps. Me relevant, la tête qui tournait, j’ai plaqué ma main contre le sol et le cône d’Action de mon sort défensif forma une bulle qui m’entoura. Je savais que l’on ne voyait que mon ombre à l’intérieur de celle-ci, car je ne voyais que leurs ombres de mon côté. Certes, c’était opaque, mais efficace.
– Défense absolue : SHIN Ijigen The Time !
Les trois mages se relevèrent et lancèrent leurs sorts, mais je les voyais arriver vers moi au ralenti. Les esquivant sans problème, chaque personne autour de moi bougeait de moins en moins vite, ce qui m’induisait à penser que mes propres mouvements, vis-à-vis de leur vision, étaient altérés. Izuma l’avait expliqué : La manipulation de l’esprit en écartant plusieurs temporalités. Cela s’avérait être vrai. Resserrant le dôme pour qu’il prenne la forme de mon corps, je fonçais sur chaque mage et leur donnait un sévère coup de poing dans le ventre.
Je souffrais, haletait et tremblait, mais bien que je tombai à genoux pour reprendre ma respiration, mes trois adversaires, eux, étaient par terre. Izuma et les élèves applaudirent, et le tigre présent sur ma tunique, partiellement déchirée, rayonnait de splendeur. Laura courut dans ma direction et m’agrippa tendrement les bras :
– Jonathan ! – … Ça va, j’ai survécu. – Que s’est-il passé !? – Un ordre du vieux … Mais je suis fatigué. Tu veux m’accompagner ? – Je voudrais, oui.
Laissant le professeur et les élèves mal en points à qui les voulaient bien, je me suis allongé dans l’herbe. Laura s’assit à côté de moi. Ces derniers temps notre relation était tumultueuse, mais le charme d’une rencontre hasardeuse était toujours intéressant. De plus, je devais lui parler. Luttant contre le sommeil, j’observai mon sceau et dit alors :
– Je pars pour Bazzer demain. – Sérieusement ? Mais tu n’es pas en sécurité là-bas … – Je dois aller voir ma mère, tu comprends … C’est important. Et puis d’ailleurs, pour Melvin, c’est les vacances, donc je vais en profiter. – Ah, je lui ai parlé aussi … Il parait que ça ne va pas fort à Pumpkin Hill. – Vraiment ? Il a des ennuis ? Ai-je demandé, curieux. – Plus ou moins. Il m’a dit que l’ambiance était « de moins en moins groovy » … Si tu comprends ce que ça veut dire. – Euh. J’entrevois. Tu as des cours cet après-midi ? – Non je suis tranquille. Tu veux rester avec moi ? – Ouais, pourquoi pas. J’avais envie que nous parlions. – Ah tiens ? – Laura sourit – et de quoi ? – Je ne sais pas … De tout, de rien, sans que j’aie à me préoccuper du fait que l’on se voit de moins en moins. Par exemple … Tu t’es vraiment bien intégrée. Rien à voir avec la silencieuse Laura de Nondôm. – C’est parce qu’ici … Je sens qu’il y a beaucoup de gens comme moi, et en qui je peux avoir confiance. La libre utilisation de la magie y est aussi pour quelque chose. – Tu n’as pas eu d’accrochages, j’espère ? – Si … Mais nous sommes un groupe soudé, donc je n’ai aucun souci à me faire … Il me protège. – Son regard divagua au loin. – – … Bah. C’est bien, dans ce cas. Moi je manque de me faire frapper par tout le monde. Ma condition de mage temporelle fait que beaucoup de personnes me considèrent comme leur rival, mais le Cercle veille au grain. – Tu en fais partie ? – Je crois, oui. Oh, j’y pense … Tu as ton catalyseur ? – Oui, regarde … – Laura claqua des doigts et une baguette faite de cristal violet et ressemblant à une sublime rose se matérialisa entre ses doigts. Celle-ci projetait un peu de poussière magique. – Elle est belle, n’est-ce pas ? – Plutôt, oui. – Et ton catalyseur ? – Je ne l’ai pas encore. Je dois aller le chercher en euh … Main propre … la semaine prochaine. C’est tout vu, même si ça m’ennuie. – Qu’est ce qui ne t’ennuie pas, de toute manière ? – Elle rit doucement –
Nous avons discuté ensemble une partie de l’après-midi, le dîner vint, puis je m’enfermai dans mon dortoir pour préparer mes affaires. Le Gumbag de Vlad était pratique.
Percy et Armand étaient encore en bas, et je pensais être tranquille pour quelques temps. Rangeant plusieurs affaires, de la nourriture, ainsi qu’une console de jeu qu’Armand me prêtait pour le voyage dans mon sac, je réfléchissais à la manière de me faire le plus discret possible dans la cité. En vérité, il suffisait simplement de rester naturel, mais la milice de la ville étant contrôlée par A.R.K, nul doute que l’empreinte temporelle de la Mana trouvée au lycée devait être inscrite dans leurs données, et j’en devenais très – trop – facilement repérable. Réfléchir à cela fit que je m’endormis rapidement. La nuit se passa sans encombre, encore que je me sois réveillé une fois, et le lendemain je franchissais le portail de l’Académie. La gare de Rozenfield se trouvait à l’Est de la cité et je devais prendre le bus pour y arriver rapidement, et surtout à l’heure. Laura, qui était présente lors de mon départ, vint me dire au revoir, et son ami Jake me gratifia d’un sourire satisfait. Lui renvoyant un sourire jaune, je me tus et partis lentement. La semaine prochaine le voyage d’étude pour Askaär allait avoir lieu, et je ne pensais pas que les jumeaux se manifesteraient avant cela.
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Gozen Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 181830 Nombre de messages : 5870 | Chapitre 9 : Contamination (partie 1)
J’avais finalement rejoint la station de train de Rozenfield à l’heure.
Il était moins de huit heures du matin, et le billet de train m’avait gracieusement été offert par l’Académie. Je me sentais à peine privilégié, tiens. Arborant ma robe blanche d’apprenti mage temporel, parce que j’étais forcé de reconnaître qu’en plus d’être pratique elle était belle, quoi qu’un peu criarde, sorti des bâtiments de l’Académie où tout le monde en portait une, je n’avais qu’à peine froid, et la brise matinale du nord du continent me caressait le visage. Ce vent marin – Car l’Académie se trouvait sur les côtes de l’Océan Spatial – apportait une légère odeur salée qui embaumait l’air du matin et me procurait un sentiment de nostalgie qui ne m’allait guère. Melvin était en vacances scolaire et avait donc décidé de me rejoindre à la station de Bazzer. Vlad et Tomoe, qui pour rien au monde n’auraient manqué de voir notre mère, nous y attendaient aussi. J’avais une heure trente de trajet, ce qui était relativement peu, inversement au scooter.
La gare de Rozenfield était belle : Très moderne, en comparaison du reste de la ville, de nombreux appareils de compostage ou de retirement de billets étaient placés çà et là, à côté de distributeurs chromés de nourriture ou de boissons, signés A.R.K, et dont les prix étaient ridicules. C’était en observant ces machines que je comprenais la puissance du monopole de la multinationale : Frapper dans tous les domaines, mais raisonnablement. Je reconnaissais en chaque couture de chaque machine la fine patte d’Harano Malvedere, patron et ingénieur en chef de cette société qui, paradoxalement, avait dans la forêt de Neolia garanti ma sécurité, à défaut de me faucher en pleine jeunesse, moi qui étais considéré par Bazzer et Malvedere être un criminel notoire.
Combien de temps lui faudrait-il avant de faire le rapprochement avec moi ? Je l’ignorais. Mais Le vieux m’ayant garanti que je pouvais encore me balader en ville sans problème, la question ne faisait que m’effleurer l’esprit. L’immense toit en verre de la station de train de Rozenfield donnait à l’architecture une forme ovale et une impression d’aspiration vers le ciel. Sur trois étages, de longs trains crées par A.R.K, aux rainures bleues ciel et aux couleurs chromées, attendaient patiemment leurs heures de départs. La gare suivait la courbe naturelle de la colline où avait été construite Rozenfield, et les voies ferroviaires sur plusieurs étages s’expliquaient par le sens de montée ou de descente de la montagne par ces imposants véhicules marchant à l’Adrome.
Sur les trains était gravée la phrase « Light the Universe », une célèbre tirade d’A.R.K, et le moteur de réussite de la compagnie. Cette phrase avait été lancée par Harano lors de la première campagne de distribution de la multinationale, à l’assemblée de Bazzer il y a vingt ans, et si elle sonnait comme les prémices des progrès technologiques fabuleux dont nous profitons à l’heure actuelle – et nous étions en droit de nous demander pour combien de temps encore ? – d’aucuns pensaient, et avaient toujours pensé que l’auteur d’une telle tirade eut l’ambition nécessaire pour illuminer l’univers de son génie. Divaguant dans mes pensées, j’avais naturellement rejoint mon train, et je constatais que les rainures azur vues de loin n’étaient pas de simples peintures, mais littéralement des poussées d’énergie adromiques, liquéfiées et agissant comme substrat d’électricité. Les rainures d’adrôme passaient partout sur la carrosserie du véhicule, et étaient reliées à de grandes antennes elles-mêmes accrochées à des câbles à haute tension. Rien à redire, le concept semblait propre et efficace.
Ma place était contre la fenêtre, dans un des wagons du milieu. Il ne me fallut pas longtemps pour le rejoindre, et j’avais déposé le Gumbag sur un des compartiments prévus à cet effet, à cheval entre deux valises. J’avais mis un « JG » grossier au marqueur sur mon Gumbag pour le différencier des éventuels autres sacs à patates que je rencontrerai au fil de ma vie, et cela ne pouvait que l’embellir. M’asseyant lourdement sur le fauteuil et parti pour observer le décor pendant une bonne heure trente, un « Gozy ? » m’empêcha néanmoins de m’évader vers le pays des rêves. Tournant lentement la tête vers mon interlocutrice, je surpris Ember à me fixer avec une tête de merlan frit. Détournant le regard, ce que je vis à côté n’était pas bien mieux. Ignacio Rex, le gros malin de la première fois, mage de feu de renom, mais ayant récemment fait preuve d’humilité pour s’être fait botter le train par une première année, me regardait sans sourire, mais plaça malgré tout un léger « Yo. » qui me fit frémir.
– Qu’est-ce que tu fais ici mon Gozynet ? M’a demandé Ember, déposant doucement son livre. – … Bah, et vous alors ? Ai-je rétorqué, tout de même surpris. – Eh bien c’est le week-end, je rentre chez moi, à Bazzer. Et Ignacio pareil. – Vous … Etes Bazzerriens ? – On l’est, a répondu Ignacio en baillant, et c’est chiant. – Ooooh, Rex, voyons. Il y a pire comme situation ! Regarde Pumpkin Hill en ce moment … – Pumpkin Hill ? Ai-je répété, intrigué. – Han, t’es pas au courant ? – Pas trop. – Attends, Gozy … J’ai le journal d’il y a deux jours quelque part … Laisse-moi fouiller … Non ce n’est pas ça … Pas ça non plus … – Ceci a bien duré deux minutes. Les filles et leurs sacs à main. – Ah ! voilà ! Tiens, lis la première page !
Prenant le journal à deux mains, j’ai attentivement lu la première page :
Un tiers de l’article de journal était orné d’une photo en noir et blanc montrant la ville, que je ne connaissais pas. Ressemblant à un village, elle semblait paisible aux premiers abords … Néanmoins le texte indiquait clairement que non. Selon l’article, Pumpkin Hill souffrait d’une vague de crime croissante. Cela partait des petites frappes aux violents combats engagés sur la place du village. Il semblerait que le phénomène touche seulement les gens du village, et que trois personnes aient déjà été arrêtées. Me grattant la tête, je ne comprenais pas clairement.
– Ce qu’il se passe, Gozy, c’est que d’un seul coup, beaucoup de personnes se sont mises à se détester dans ce village. D’un seul coup, comme ça ! Je sais que c’est un peu abstrait, dit comme ça, mais le Cercle s’intéresse de très près à cette histoire, figure toi, parce que les autorités de Lotoff expliquent certaines choses … Mais en dissimulent souvent d’autres. – Bah … Ce ne sont que des bagarres. Qu’est-ce que cela peut bien avoir avec nous ? – Light est sur une piste, en fait. Disons, mon ange … – Je ne suis pas ton ange. – Bref, disons, Gozen – Elle insista sur mon prénom – que ce qu’il se passe là-bas est peut-être dû à une magie dangereuse. – Light est parano, ajouta Ignacio en observant le décor défiler doucement. – Je le rejoins, ai-je dit. Si nous devions étudier chaque dispute de chaque personne dans chaque ville de ce monde nous n’aurions pas fini. Et dans l’absolu, si Light avait raison, que ferions-nous, Ember ? – Avant de trouver une solution, il faudrait comprendre la question, Gozy. – Evidemment, ai-je répondu. – Sinon, tu rentres chez toi, toi aussi ? Je serais curieuse de savoir où tu habites ! A déclaré Ember, joyeuse. – Oui … Enfin, je vais à l’hôpital, ai-je répondu, las. – Sérieusement ? Pourquoi ? – Le regard d’Ember se fit plus intense – – Pas tes oignons. – Gozy tu ne veux jamais rien me dire. – Là, elle fit la moue – – Parce que … Pas tes oignons, quoi. – De toute manière tu vas devoir me supporter encore un peu … Puisque je vais à l’hôpital moi aussi. – Ah ? – Mon père est médecin là-bas. Je vais lui faire un petit coucou, puis rejoindre des amies. Et toi Ignacio ? – J’vais traîner. Surtout pas avec vous, d’ailleurs. – Bah pourquoi pas ? A demandé Ember. – Je n’ai rien à voir avec le Cercle. On n’est pas amis. Et puis l’hôpital ? Sincèrement ? – … Mais moi j’avais envie que tu viennes. Tu es toujours tellement renfermé sur toi ! Puis tu fais le malin, et une première année te remet à ta place. T’apprécie vraiment ? – Moi j’ai apprécié, me suis-je permis de rajouter, un sourire narquois aux lèvres. – Toi, la ferme. Et Ember, tu ne me forceras pas.
Ember afficha un léger sourire et, bien que je fusse le seul à le percevoir, je constatai que l’atmosphère changea brutalement. Ember tourna lentement la tête vers Ignacio et plongea son regard dans le sien. Et je l’ai vu. Le très, très, très fin fil Adromique passant des yeux de la rouquine à ceux de Rex, qui déclara à la suite de cela :
– Finalement … Pourquoi pas. Je n’ai rien à perdre.
Ember se tourna vers moi, un sourire rayonnant aux lèvres. Je n’ai rien dit … Mais je n’en pensais pas moins. Quel … Pouvoir effrayant. Il semblait que les membres du Cercle pouvaient utiliser un pouvoir spécial qui semblait leur avoir été octroyé : Mais par qui ? Ou bien par quoi ? Ce pouvoir, par ailleurs, n’entrait pas dans le cadre de leurs études en Rozenfield. Dans le cadre d’aucune étude, quelle qu’elle fût. En tous les cas, bien que je la trouve lourde, je reconnaissais en Ember une alliée de choix, et sur qui l’on pouvait compter. Récemment, je pensais cela de beaucoup de personnes, mais rien n’était moins sûr.
Le voyage se passa tranquillement. Ember lisait, Ignacio somnolait en écoutant de la musique sur son mp3, et je regardais le décor filer à toute allure. Peut-être était-ce dû au manque de sommeil, mais les traits de Laura se dessinaient dans le défilement du Monde. Penser à elle n’était peut-être pas une bonne idée. Lorsque le train s’arrêta, deux voix s’élevèrent et je les reconnus. C’était Vlad et Melvin qui faisaient de multiples signes dans ma direction. Tomoe, les joues rosies par je ne savais quelle gêne, était aussi présente, légèrement en retrait. Ember et Ignacio me suivaient, et lorsque Melvin et Vlad posèrent les yeux sur la jeune fille, et qu’elle leur rendit leur sourire d’abruti en riant doucement, Melvin a murmuré à mon oreille :
– J’te laisse Laura. Celle-là c’est la mienne, ok ? Je need, tu comprends. Pour ma stabilité mentale, je need, godamnit. – Alors Zenzen, en charmante compagnie ? Déclara Vlad en souriant et en me prenant dans ses bras. – … Zenzen. C’est troooop craquant !! Déclara Ember en me prenant dans ses bras et en me faisant à son tour un gros câlin. J’ai cru que Melvin allait me tuer. – Bon retour parmi nous, murmura Tomoe, sans oser lever la tête. – Merci, sœurette. Bon, allons voir Maman, j’ai un cerveau à sonder. – Comment ça ? A demandé Vlad. – Bah. On va … – Je me suis arrêté et j’ai murmuré a Vlad – On va savoir qui est notre père, en gros. Celui-ci leva un sourcil, étonné.
Frederic, le père de Laura, nous attendait à l’entrée de la gare. Celui-ci était la clé pour entrer dans le subconscient de notre mère, et nous avions impérativement besoin de lui. De nouveaux bonjours fusèrent, et Frederic prit tendrement la main d’Ember pour l’embrasser. Un vrai gentleman, j’en convenais, et la jeune rouquine semblait apprécier. A son aise. La limousine – Parce que ouais – de Frederic nous attendait au parking de la gare de Bazzer, et nous sommes montés à l’intérieur. Si Laura devait etre habitué à ce luxe, ce n’était ni le cas de Vlad, ni le cas de Melvin, l’un cherchant le « bouton secret qui ouvre le mini bar » et l’autre se plaignant que ok, c’était confortable, mais vraiment serré. A l’avant avec Frederic, nous discutions de ce qui allait se passer, sans se douter une seule seconde de la descente aux enfers que nous allions subir.
– Comment se passent tes cours à l’académie, Jonathan ? – Très bien. C’est un peu complexe, mais il est évident que le vieux est un bon professeur. – Et Laura ? – Quoi, Laura ? – Je te l’ai confié. Va-t-elle bien ? – Ne vous en faites pas. Elle est en bonne compagnie, ai-je soupiré. – Je refuse d’en savoir plus, sinon je vais fortement m’énerver. – … Enervez-vous, pour voir ? ai-je dit en souriant, à la simple pensée que Jake soit foudroyé sur l’instant, mais il n’en fut rien.
Jeremy, majordome de la maison Jones, conduisait rapidement en direction de l’Hopital. Melvin, qui se tourna vers moi, me dit alors :
– Man Pumpkin Hill c’est trop la loose seriously. J’peux pas crécher à ton académie aussi ? Sérieux quoi. – J’aimerais vraiment … Mais non. Tu es un éthéré. Ce n’est pas autorisé. – Alleeeeeeez ! J’serai sage, promis. Pas trop de glisse, pas trop de drague … No problem, homie. So cool. – Désolée mon chou … Ce sont les règles, a rajouté Ember en souriant tendrement à Melvin.Ignacio resta silencieux. – Grmpf. C’est d’la discrimination raciale, vieux. Bref je te disais : Pumpkim Hill égale la dèche. C’est ouf. Au début ça allait, mais d’un seul coup, la classe ne s’entendait plus. Les gens se battaient entre eux, et je t’avouerais avoir eu envie d’en tanner quelques-uns. Mais tu m’connais homie, je suis un pacifiste. – … Non. En revanche je trouve ça certes étrange, mais pas bizarre. – Non, c’est bizarre, a ajouté Frederic, sans se retourner. Le phénomène s’étend progressivement dans la ville et dans la région, et nous n’en connaissons ni l’origine, ni la solution. Il ne faudra que quelques temps avant que Bazzer, ou même Rozenfield, soient prises dans ce mouvement de haine collectif. – T’as vu mec, j’l’avais bien dit, c’est pas groovy. Pas groovy du tout, a ajouté Melvin en faisant un signe de Hip hop vers le bas. – Nous sommes bientôt arrivés à l’Hopital Santa Maria, a déclaré le Majordome en tournant vers la droite.
Nous sommes sortis de la voiture, garée dans le parking de l’Hôpital, et l’immense bâtiment chromé s’étendait devant nous. L’Hôpital Santa Maria était un endroit quelque peu effrayant pour moi : Je n’avais jamais été à l’aise dans les hôpitaux, et la bâtisse n’était pas vraiment rassurante. En vérité, l’intérieur était moins beau que l’extérieur. Pas délabré, mais plutôt ancien. Les installations, elles, étaient à la pointe de la technologie, mais ce n’était pas encore suffisant pour soigner les plus grandes maladies, et quelques cas incurables subsistaient malheureusement. Les médecins composant Santa Maria étaient l’élite de Lotoff. Robots guérisseurs d’A.R.K, mages-médecins et scientifiques de renoms. Je savais Ember douée … Son père devait l’être tout autant. Ignacio regarda le bâtiment et déglutit. Pour quelle raison ? Je l’ignorais … Mais la vision de l’hôpital semblait clairement le déranger. Je n’approuvais pas qu’Ember le force à nous suivre et à y entrer mais je ne pouvais pas l’empêcher d’exercer son pouvoir sur quiconque se laissait faire … Bien que d’un point de vue éthique je trouvais ça … Pas très cool.
– Où se trouve ta mère, Jonathan ? Demanda Frederic, alors que nous marchions sur un petit chemin fait de dalles. – Au huitième étage. – A la porte 43, ajouta Vlad. – Je lui ai apporté ses chansons préférées sur un disque … a murmuré Tomoe … Peut-être qu’elle sera contente … Là où elle est. – Mec, sérieux, pour des retrouvailles, l’ambiance est dramatique. Après on va aller faire du sport. – C’est encore plus dramatique, ai-je souligné. L’entrée de l’Hôpital était un immense couloir se déclinant en plusieurs sorties. Il y avait, en face, une buvette, et des guichets tout autour de nous. Ascenseurs et escaliers permettaient de rejoindre les étages sous-sol, étant majoritairement des blocs opératoires, ainsi que les étages au-dessus … Des chambres, répartissant plusieurs sortes de maladies et de groupes d’âges. Je savais les « phases terminales », autrement appelés « Hyper-protégés » aux derniers étages. Le système des guichets … Je ne le comprenais pas très bien. Cela marchait par « étiquettes ». Evidemment le terme paraissait abstrait dit comme ça, mais en vérité cela était tout autre : Les étiquettes étaient des autocollants traduisant par codes binaires les pathologies, prix et temps passé à l’hôpital pour chaque séance de chaque personne, et dont le décryptage permettait de rédiger des ordonnances précises et de déduire les montants des frais de médecine directement sur les compte en banque. Ce système, assez bien pensé, permettait d’éviter les fraudes liées aux aides financières que tout un chacun possédaient, à leur majorité ou même leur émancipation. Une fine pluie tomba, et elle était visible du plafond, en verre. Le ciel était couvert ce matin, mais bien plus maintenant. Un orage se préparait et cela se sentait. Ignacio, lui, allait de plus en plus mal. J’ai regardé Ember, mais celle-ci me sourit. Elle savait très bien ce qui se passait mais était bien trop heureuse de « jouer » avec les sentiments de Rex pour ne pas me sourire. Quel monstre était-ce là ? Fronçant les sourcils, je me suis concentré sur Frederic.
– Pour quelle raison, exactement, devons-nous sonder l’esprit de ta mère ? – Je vais vous raconter. Expliquant en détail l’apparition des jumeaux contre le substrat de Newark, ainsi que le catalyseur en forme de clé, Frederic en vint à la même conclusion que les autres.
– Tu dis ne pas connaître ton père ? – Vlad l’a un peu connu, mais il est … Enfin … – Je vis le visage de Tomoe s’enfoncer dans son chagrin perpétuel mais je dus continuer – Il est parti le jour de la naissance de Tomoe et n’est plus jamais revenu. Maman n’a jamais été triste, ou alors elle le cachait très bien. – Ah, si, si. Elle était triste, Zenzen … Mais elle s’efforçait de passer outre. Jusqu’à ce que le chagrin l’emmène ici. – … Je … Je pense que c’est parce qu’elle est une bonne personne qu’elle souffre autant. A murmuré Tomoe. Les gens mauvais vont toujours bien.
Je vis Ignacio retenir un sanglot et j’ai écarquillé les yeux, avant de lourdement les poser sur Ember, le regard froid. Celle-ci soupira mais ne fit rien. Laissant les autres passer devant, je pris la main d’Ember et la plaquant contre le mur. De prime abord surprise, elle ajouta en riant :
– Tu veux faire « ça » ici ? Voyons Zenychou … Je ne te pensais pas si entreprenant. – La ferme ! Ai-je murmuré. C’est quoi ton problème avec Rex ? Tu vois bien qu’il souffre, non !? – Bien sûr que je le sais. C’est bien pour ça que je vais si bien ! Me répondit-elle en souriant. – Quoi ? – J’ai balbutié – Attends … Quoi ? – … Vois-tu, Gozy, le prix de ma beauté et de mon éternel sourire est bien plus cher que ce que l’on pense. Et bien que ça ne me plaise pas, je dois me repaître du malheur des autres pour sembler belle aux yeux des … des gens normaux. – Qu’est-ce que tu racontes ?
Ember soupira.
– Lorsque le dieu de l’Humanité disparut en Aether – du moins, c’est ce qu’il voulut faire croire – il laissa aux Hommes deux capacités. Celles-ci se nomment Empathie et Contre-Empathie. La deuxième est bien plus rare que la première. – Qu’est-ce que c’est que ça … ? – L’Empathie est une force rare. Elle permet à son utilisateur de ressentir et d’absorber les sentiments, ainsi que les émotions d’une personne ciblée pour les extraire ou les ressentir à sa place. Il s’agit là d’un intense pouvoir calmant. Beaucoup de guérisseurs souhaiteraient être Empathiques, car, même si cela peut sembler dur à vivre de siphonner les émotions des gens qui nous entourent pour les ressentir à leur place, puis les exhaler dans l’air sous forme biomiques, il n y a en vérité aucune forme de pouvoir plus pure en ce monde. Si ce n’est l’Animus. Et puis … Il y a la Contre-Empathie … Qui, certes, me permet de communiquer avec « lui » … Mais qui, selon moi, n’est rien d’autre qu’une malédiction. La Contre-Empathie … c’est … le fait d’aspirer l’émotion contraire à ce que l’on souhaite ressentir d’une personne ciblée. Je suis une fille chanceuse, dans le Cercle, car le perpétuel malheur de Light et Faust me permettent d’être heureuse en toute possibilité … Pleine d’énergie. Mais lorsque je suis en présence d’éternels gais comme ton frère ou ton ami Melvin … Je deviens lentement mauvaise et colérique. Alors … Alors je profite de la peine d’Ignacio … Pour sembler heureuse, car … Les souvenirs de son malheur … De l’époque où sa petite sœur se mourrait devant ses yeux … – Ember …
La jeune fille étouffa un sanglot.
– Je … Je suis un monstre. – Ember … Tu voudrais dire que lorsque tu es avec Percy, ou bien Light … Tu es si bien dans ta peau car tu … Car tu te nourris de leur malheur ? – … – Percy, Light … Tout le monde au Cercle … Vos problèmes, quels qu’ils soient, sont-ils inhérents à votre capacité … ? – A notre capacité à écouter les dieux, et à puiser dans leurs pouvoirs, oui. Et tu es dans le même cas que nous. – Je n’ai pas ce genre de « malédiction », ai-je répondu. – Ah, tu crois ? Tu es affilié à Shin et Lucio, dieux du bien et du mal. Anciennement Lucshin, dieu de l’équilibre. Equilibre rompu, car ces deux dieux sont en déséquilibre : Il leur manque un troisième élément naturel qu’ils ne retrouveront jamais, et ils le savent. Ta malédiction, Jonathan – Ce fut la première fois qu’elle fut assez sérieuse pour ne pas me surnommer – … Ne t’es-tu jamais étonné … de ne jamais rien ressentir ? De ne pouvoir exprimer tes émotions et tes sentiments convenablement, comme tout un chacun ? De passer pour un effroyable cynique, dur et implacable, et de voir que seule une personne ayant un trop plein d’énergie tel que Melvin puisse supporter cela ? Ne ressens-tu aucune peine à voir que la seule fille, Laura, s’étant intéressé à toi, s’éloigne naturellement pour un être, certes détestable, mais capable d’exprimer ses sentiments et sa gentillesse ?
J’ai écarquillé les yeux.
– Comment sais-tu … ? – « Il » me l’a dit. Et je le vois. Je vois comme il doit être dur pour toi de constater toujours plus que la moindre exultation d’un sentiment puissant t’emmène à l’évanouissement … Comme il a été difficile pour toi d’éprouver de la compassion pour Ignacio, au moment où tu m’as coincé contre ce mur … Et comme il est difficile pour toi d’affronter le regard de ta sœur en sachant très bien qu’au fond, l’état de ta mère ne te fait pas mal et qu’il est dur de faire semblant d’être triste … comme si … il te manquait la capacité à ressentir ces choses et les comprendre. Pourtant, de nombreux Hommes donneraient leur âme pour, comme toi, ne pas ressentir la tristesse, ou la peur, à défaut de ne plus ressentir la joie ou l’amour. Mais pourquoi suis-je si bien avec toi ? Parce que la torpeur de Light ou d’Ignacio … ou bien ma Contre-Empathie … n’est rien comparée à ce que tu ressens au plus profond de toi : Savoir si bien que tu es imparfait, car si tu as la beauté et l’intelligence pour plaire à n’importe qui en Aether, tu sais qu’il te manque à toi aussi un « troisième élément » … et lorsque tu te rends compte de cela, tu constates que tu n’es rien de plus qu’une … – Machine … sans sentiments ni émotions. Comme Laura … – J’ai murmuré – m’avait … dit.
Je voulais pleurer à mon tour, mais quelque chose m’en empêchait. Je sentais l’émotion gonfler dans ma poitrine, sans pouvoir s’échapper, et avais l’impression d’être un ballon trop plein d’air, mais qui jamais n’explosera. Ember m’observa et alla bien mieux. Les traces de ses sanglots s’effacèrent naturellement et son sourire rayonnant revint. La Contre-Empathie avait été nourrie de l’effroyable peine que j’avais ressentie à ce moment précis, mais qui rapidement se canalisa et disparut. Je pardonnai sur l’instant le comportement d’Ember ainsi que ses paroles : Me prouvant que cette révélation n’eut que l’effet de me démontrer que je ne ressentais pas un mal qui aurait terrassé n’importe qui, je ne pus plus jamais voir en le sadisme de la jeune fille à l’égard de ses « cibles » un comportement monstrueux … Mais plutôt une lutte désespérée pour paraître normale, dans ce monde où plus rien ne semblait l’être.
Mettant un terme à cette discussion pour le moins gênante, car ce n’était ni l’endroit ni le moment pour parler de tout cela, nous avons rattrapé les autres et les avons rejoints devant la porte de ma mère. Seuls Frederic, moi, mon frère et ma sœur sommes entrés dans la chambre, ce qui faisait déjà pas mal de monde. Ember voulut entrer mais s’abstint de le demander, par respect.
Fermant la porte derrière mes amis, je me suis approché du corps de ma mère. Celle-ci ne respirait pas, ou peu. Une grande machine l’alimentait et l’oxygénait, et presque tous ses cheveux étaient tombés. Le teint blême et le corps affreusement squelettique, elle luttait contre sa maladie, mais nous ne pouvions le voir. Frederic garda son calme et Vlad prit la main de la femme. Tomoe détourna le regard pour éviter de pleurer et alla près du poste de musique qu’elle avait apportée et y mit un disque. Une très douce musique en sortit : Des violons, ainsi qu’une trompette. Une guitare sèche jouait aussi et une très faible batterie frappait la mesure. Une voix d’homme sortit alors de nulle part et chanta un air doux dans une autre langue. M’asseyant à côté du corps, je dis alors à Frederic :
– Comme vous pouvez le constater, elle ne parlera pas. – Nul besoin de parler, nous allons explorer son subconscient. Je l’ai déjà fait plusieurs fois … Mais ici, la frontière est instable. – Qu’entendez-vous par « instable » ? Demanda Vlad. – Une personne en pleine santé voit ses barrières subconscientes stables. Fortes. Comme vous pouvez vous en douter, le psyché fait en majeure partie le travail de guérison d’un corps. Plus une personne est forte, plus sa volonté l’est. Plus la volonté d’une personne est grande, moins le corps se désagrège. Evidemment ce n’est qu’une vérité générale … Il y a des exceptions. Mais en ce qui concerne une femme cancéreuse en phase quasi-terminale … Intégrer son subconscient s’avère dangereux. Comprenez bien qu’éternuer au visage de cette femme pourrait la tuer, à cause de ses défenses immunitaires tombées à nulles … Alors attaquer directement son cerveau, qui est une zone non protégée en cas de coma … – J’aurais eu tendance à penser le contraire, ai-je rétorqué. – Moi aussi, ajouta Vlad, le cerveau n’est-il pas mieux protégé en cas de coma ? Vous savez, comme une protection supplémentaire. Un cadenas naturel. C’est ce qu’il est écrit dans les livres. – Et c’est exact. En cas de coma « standard », répondit Frederic, mais cette femme est à l’article de la mort, donc le cadenas n’a pas pu être généré. S’il l’a été, alors il sera très facile à briser. En tant qu’archi-mage, je vous promets que les risques de morts de cette femme seront faibles … Mais ils ne seront pas nuls. – Ça suffit ! Cria Tomoe, avant de balbutier et de se calmer. – Qui y a-t-il, jeune fille ? Demanda Frederic. – Ne … Ne … Avec tout le respect que je vous dois … Je … Ne parlez pas de ma mère comme si elle n’était qu’un cobaye ! – Tomoe … Ai-je murmuré. – Vlad ! Jonathan ! Comment pouvez-vous accepter cela !? Cria Tomoe, en étouffant un sanglot. – Tomoe, ça suffit. Ça ne m’enchante pas non plus, mais c’est un mal pour un bien. J’ai confiance en Frederic, et si cela peut nous aider à retrouver notre père, alors c’est surement nécessaire. – Non ! Nous ne sommes pas obligés de retrouver notre père ! Il nous a abandonné, et a abandonné maman dans la maladie ! Comment pouvez-vous accorder la moindre importance à ce type, quitte à sacrifier maman !? – Elle ne sera PAS sacrifiée, tais-toi ! Cria Vlad, en levant sa main en signe de menace.
Tomoe, visiblement choquée, se renferma sur elle-même et s’assit, baissant la tête et sanglotant. J’observai Vlad, qui, prit de remords, se tut et trembla. Je soupirai et alla à la fenêtre.
J’aurais aimé dire à Ember que Vlad n’était pas si heureux qu’il le prétendait, et que ma sœur avait déjà essayé de se suicider. J’aurais aimé lui expliquer que même si je suis en apparence le plus malheureux, je suis le seul en mesure de relier les derniers bouts des fragments brisés de cette famille « Staÿlis » maudite jusqu’aux ongles.
Vlad était un raté, et il était le premier à le savoir. Sa grande intelligence n’avait jamais pu être mise à profit et sa fainéantise fit que toutes ses chances furent gâchées. Vlad savait éperdument que si je ne sacrifiais pas mon temps libre pour travailler en sa compagnie, nous serions à la rue et notre mère dans la tombe. Tomoe, du plus loin que je me souvenais, ne nous a jamais témoigné son amour. Toujours attachée à Maman, son hospitalisation fut pour elle la pire des choses qui pouvait arriver, et nul doute que si elle en avait l’âge, elle serait déjà partie. Elle était gentille … Mais méprisait bien trop l’Humanité pour le montrer. Je ne pouvais expliquer à Ember à quel point la vie n’était pas rose pour le monde qui l’entourait. Pourquoi ? Car j’avais la « chance » d’être une machine vivante, et de ne pas être dégouté par le comportement de mon frère, ou choqué par celui de ma sœur. Non, je ne pouvais que les observer et les tenir par la main, en attendant de meilleurs jours.
Frederic rompit le silence :
– Je sens une violente énergie. Elle me perturbe. – De qui provient-elle ? Maman ? Ai-je demandé, curieux. – Non, de la jeune fille que vous avez emmené ici : Ember, je crois. Il me semblait qu’elle désirait entrer. – Je lui ai fermé la porte au nez, en fait. C’est une affaire familiale, ai-je soupiré. – Fais là entrer s’il te plait. – D’accord, ai-je répondu, ouvrant la porte.
L’observant, je lui ai fait signe d’entrer. La jeune fille ne dit rien et entra. Le regard qu’elle posa sur ma mère fut étrange. Elle semblait la connaître et laissa échapper un petit cri qui mit tout le monde plus mal à l’aise encore. Une énergie étrange s’échappait de son corps. A part Frederic et moi, personne ne semblait la voir. Etait-ce parce que je m’étais habitué à la magie ? Non, ça allait plus loin que ça. Ember se plaça près de ma mère et la regarda intensément. Je voyais à son visage qu’elle n’allait pas bien, et l’aura autour d’elle devenait légèrement plus forte. Multicolore, celle-ci dansait autour d’elle et j’ai cru apercevoir l’espace d’un instant la silhouette spectrale d’un homme regardant dans la même direction que la rouquine. Frederic soupira :
– Pouvons-nous commencer ? – Je crois, oui, ai-je répondu. – Jonathan, j’ai besoin de prendre ta main pour établir un contact.
Frederic plaça ses doigts contre les phalanges des miens et deux doigts sur le front de ma mère. Parcouru d’une violente énergie, je sentis que quelque chose partit de mon cerveau directement dans mon bras et finit son chemin dans la main de Frederic qui, instantanément, cria. Retirant violemment ses mains, je constatai au bout de ses doigts des traces de brûlures multicolores. Ember changea d’expression et sembla gênée.
– Ember, pourquoi m’empêchez-vous d’établir ce lien ? – Ce n’est pas moi, murmura la jeune fille, c’est « lui ». – Qui diable ? Ai-je rétorqué, irrité par ce « lui » « il » incessant.
D’un seul coup, Ember se leva, et nous l’avons tous remarqué : Son regard était vide.
Frederic fronça les sourcils, quand une puissance magique hors du commun le souffla contre le mur. Dans un craquement d’os désagréable à l’écoute, Frederic se releva péniblement et écarquilla les yeux. Ember n’était plus la même, et je fus le premier à le remarquer. Celle-ci posa ses yeux sur moi, et je sentais non pas le danger mais la détresse dans son regard. Ou alors la détresse d’une tierce personne … Ember commença à parler, mais sa voix semblait déformée. Lorsque la rouquine ouvrait la bouche, la voix qui en sortait était telle que deux personnes parlaient à l’unisson, et la claire voix d’Ember se mélangea avec une voix grave et paniquée. L’aura arc en ciel qui se dégageait de la jeune fille était si puissante qu’elle se matérialisa et s’infiltra dans les machines et les pores de la peau de notre mère, dont le corps entier trembla.
– Ember ! Que se passe-t-il ?! ai-je crié, m’approchant d’elle et prenant son bras pour la secouer. – Rendez-moi … – Quoi !? – Rendez-moi … MA FEMME !
Ember s’accrocha à son tour à mon bras et me dégagea contre Tomoe, qui n’arriva pas à freiner ma course. Maintenant il était clair qu’Ember était possédée.
– Possédée par un dieu, murmura Frederic. – Pardon ? Ai-je rajouté. Voulez-vous dire le dieu auquel elle est affiliée ? – Zenzen c’est quoi ce cirque !? A crié Vlad, visiblement effrayé par la situation. – Il semblerait que nous n’ayons eu besoin de sonder le cerveau de ta mère pour répondre à notre question, ajouta Frederic en fronçant les sourcils.
Aux côtés d’Ember se matérialisa une demi¬-seconde un homme, éthéré, ressemblant à Vlad. L’écharpe de celui-ci semblait comme flotter au vent. L’homme disparut et j’ai compris. Tremblant, j’ai murmuré :
– … Papa ?
Vlad et Tomoe, effrayé, ont lentement tourné la tête vers moi. Ce que je venais de dire, sorti de son contexte, semblait réellement absurde, mais j’en étais persuadé désormais : Mon prénom n’était pas une coïncidence … Jonathan Staÿlis premier, dieu de l’Humanité en Aether, se tenait devant nous, ayant pris possession d’Ember, et visiblement à côté de la plaque, puisqu’il semblait ne pas savoir que son ex-femme était mourante.
Ember tourna lentement la tête vers maman et murmura :
– Je dois … sauver ma femme. – Ne la touche PAS ! ai-je crié, fonçant une fois de plus sur Ember. J’ai chargé en mana mon sceau, mais la jeune fille m’arrêta sans même me toucher. Bloqué par une force supérieure, je vis l’hésitation sur le visage de la possédée, puis elle déclara : – Je ne peux pas modifier tes émotions … Tu es toujours scellé, fils, c’est une bonne chose. Ton rôle de porteur de la clé temporelle … tu en as pris connaissance. Ne reste pas là, tu as une mission importante … Moi je m’occupe de ta mère. – Que … Qu’est-ce que tu vas faire !? ai-je crié. – Ne crie PAS ! – Sa voix résonna – … Tu ne dois rien ressentir. Jamais ! Si ton sceau divin se brise, tout ce pourquoi j’aurai lutté n’aura servi à rien. – Tu nous as abandonnés !! ai-je crié de plus belle. – Je n’avais pas le choix, déclara Jonathan premier, je vous aime, mes enfants. J’aurai simplement voulu être un meilleur père. – … Tu … Tu … Tu aurais dû être un père, simplement, rétorqua Tomoe d’une voix faible. – Papa … se contenta d’ajouter Vlad, dont les larmes montaient.
Observant la scène, j’ai écarquillé les yeux : Melvin et Rex sont entrés à ce moment-là et ne purent parler. L’exhalation de l’aura fut si puissante, tant la tristesse de notre père était grande, qu’elle provoqua un arrêt cardiaque à notre mère, dont la poitrine sauta d’un bond. Ses yeux se révulsèrent et Tomoe étouffa un cri. Les machines s’affolèrent et le cœur de maman s’emballa une dernière fois, avant de s’arrêter définitivement. Un grave silence pesa sur nous. Nous nous sommes tous regardés, ne pouvant rien ajouter à la situation, et ce fut Jonathan Premier qui rompit le silence. Criant de toutes ses forces, le Dieu, perdant le contrôle de lui-même, plongea sa main dans le corps de maman, arrachant sa peau et ses tripes, criant « NE MEURS PAS ! » Je me suis jeté sur Ember, qui, possédée, arrachait de ses mains les organes vitaux de ma mère, sans aucun scrupule, provoquant un véritable carnage, suivi d’un atroce bain de sang. Jonathan Premier criait toujours plus fort et au bout du compte, dans un geste de rage et de désespoir élancé, arracha précisément l’endroit où se trouvait la tumeur de maman, la sortant violemment de son corps et criant « JE TE SOIGNERAI. JE TE PROTEGERAI MON AMOUR ! »
Tout se passa par la suite très vite.
Levant la tumeur comme un trophée, Ember, les mains ensanglantées, se mit à pleurer. J’ai violemment prit sa main à ce moment-là, et une violente douleur au cœur s’empara de moi. La colère, une colère noire, prit le dessus, et un vieil ennemi que je pensais avoir terrassé ressortit. L’aura autour de moi devint noire, d’un noir intense qui fit frémir Frederic. Cette aura se mélangea avec celle du dieu de l’Humanité et entra dans le corps sans vie de ma mère. Nous nous sommes stoppés à ce moment précis : Maman se redressa sur le lit, les tripes à l’air et les yeux fermés.
Ses yeux s’ouvrirent brutalement. L’un était totalement noir, l’autre était rose fuchsia. A l’intérieur de celui-ci, des bactéries et des globules grouillaient et se bousculaient. Un cri strident, puis une explosion. Nous fûmes tous éjectés de la chambre, détruite, le corps de maman en première position.
Vlad cria et prit Tomoe dans ses bras, s’attendant à la fatale chute. Observant le sol, je ne dis rien. Ember se trouvait à mes côtés, les mains ensanglantées et le visage éteint. Le lien avait été rompu, et ma colère s’était immédiatement apaisée. Cette aura noire était celle du faux Newark qui, visiblement, n’avait pas été détruit comme nous le pensions, mais était juste sorti prendre l’air pour se balader dans la chambre des rêves. Melvin, partiellement blessé, utilisa sa maîtrise du vent pour me rattraper, et Frederic, qui chutait en même temps que nous, activa ses pouvoirs pour tous nous téléporter sur le toit d’un immeuble proche de l’Hôpital. Tous … Sauf le corps de notre mère, brûlé et disgracieux, s’éclatant sur le sol Bazzerien et répandant tout ce qu’il y avait de plus gore autour d’elle. Tomoe fondit instantanément en larmes, criant « MAMAAAAN !!! », et Vlad la prit dans ses bras, m’adressant un regard paniqué, mais se contenant du mieux qu’il pouvait. Tournant la tête vers Frederic, celui-ci s’approcha et dit alors :
– … Je m’attendais à tout. Absolument tout. A tout, sauf ça.
Ember se réveilla doucement, et vit ses mains. Criant, son cœur se mit à battre rapidement, le stress s’empara d’elle et la rouquine hoqueta, luttant pour ne pas pleurer. Rapidement des voitures de police se placèrent autour du cadavre et un attroupement de badauds observèrent le corps, dans un murmure désagréable. Descendant du bâtiment où Frederic nous avait posés, nous nous sommes insérés dans le groupe. Vlad ne vint pas, gardant Tomoe auprès de lui. Ignacio et Melvin, silencieux, me suivirent. Près du corps se trouvait Marvick, le type baraqué que j’avais rencontré dans la forêt de Neolia. Celui-ci tenait un carnet électronique dans une main et donnait des ordres aux androïdes autour de lui. Lorsqu’il me vit, son sourcil se leva et il me répondit :
– Tiens, c’est toi ? Que fais-tu ici ? L’accès est réglementé, du balai. – Vieux, c’est ma mère, ai-je déclaré, soutenant son regard. – … Vraiment ? C’est une mort affreuse. Et cela n’a même pas l’air de t’affecter. – Yo, dude, c’pas comme ça qu’on parle à un orphelin, see ? Sinon j’te gnole ta reum, rétorqua Melvin, adressant à Marvick un regard noir. – Gozen … tenta de dire Rex, plaçant une main se voulant amicale sur mon épaule, mais rien de plus ne sortit de sa part. Je pensais qu’il était tant choqué que les autres, et cela était compréhensible. – Bon, ecoutez les gosses, je n’ai pas que ça à faire, allez jouer ailleurs, déclara l’homme. – Marvick, je vous dis que c’est ma mère qui se trouve là, alors lâchez moi et laissez-moi lui dire au revoir … S’il vous plait.
Marvick se recula de quelques pas et Frederic vint me rejoindre, observant le cadavre. C’était juste dégueu, et voir ma mère dans cet état me troublait. Marvick profita du silence général pour demander :
– Quelles sont les circonstances de sa mort ? – C’est long à expliquer, ai-je dit, mais … C’est l’explosion de l’étage. – Je n’allais évidemment pas dire que c’était Ember – – Comment le savez-vous ? A répondu Marvick, levant un sourcil. – C’est une supposition, ai-je dit en détournant le regard.
Observant Frederic, J’ai écarquillé les yeux et me suis instinctivement reculé. Marvick me regarda et Frederic fit plusieurs pas en arrière, écartant violemment les bras et criant :
– MAESTRA Crystal Defense !
Un immense mur de cristal se fermant comme un dôme entoura le cadavre. Silence total, suivi d’une explosion. Le corps – Présupposé sans vie – de maman fit un immense bond, détruisant le bouclier de Frederic, dont les cristaux fusèrent dans tous les sens, et s’accrocha à un immeuble comme une araignée. Ses tripes pendantes, la tête, brûlée, de ma mère, se raffermit, et ses traits devinrent plus lisses, avant que sa peau ne s’effrite. Ses yeux étaient de nouveau noirs et indigos, de ce que je voyais, et des mandibules faites d’os poussèrent autour de sa bouche dans un bruit effroyable. De longs cheveux noirs et gris poussèrent et tombèrent dans son dos déformé par sa position étrange, comme si sa colonne vertébrale avait gagnée en souplesse, et le corps ouvrit la bouche lentement. Dans un cri strident, une fine langue sortit à la vitesse du son et frappa un bouclier généré par Frederic. Marvick m’observa et dit :
– Sacré caractère, ta mère. – C’est de famille, ai-je répondu, observant le cadavre marcher comme un gecko sur l’immeuble en face de l’attroupement de citoyens.
Melvin ajouta :
– Yo man, elle nous fait un numéro de funambule ou quoi ? Elle est pas censé être morte ta reum ? Avec toutes mes condoléances, quoi. – … Elle a perdue toute Humanité. Je ne ressens plus rien de vivant en elle, murmura Ember en tremblant.
Mes yeux se posèrent sur Vlad et Tomoe. Vlad ne pouvait détacher son regard de la créature insectoïde, couvrant la tête de Tomoe, tremblante, contre son torse. Marvick déclara :
– Il faut arrêter cette chose. L’homme sortit un cube de sa poche et le jeta par terre : Ses deux gants se matérialisèrent. Se penchant pour faire entrer ses poings, les deux gants de titane, dont les rainures d’énergie pure s’activaient doucement, dans un bruit lourd, crachèrent une intense fumée et s’adaptèrent à la taille des mains de l’homme. Marvick tapa son talon contre l’autre et deux réacteurs s’allumèrent. Fonçant sur la bête à toute vitesse, il cria :
– HARVEST !
La créature sauta elle-même du bâtiment, à la même vitesse, et ses jambes doublèrent de volume, se détachant du torse et se transformant rapidement en pattes de marsupial. Un double coup fut donné mais ce fut Marvick qui fut ejecté à la même vitesse. Frederic le rattrapa de justesse grâce à sa maîtrise psychique et se jeta dans le combat. Les tripes du cadavre se nouèrent et doublèrent de taille … Triplèrent, et se détachèrent. Un immonde tas de chair tomba au sol, grandissant progressivement, de manière à faire la taille de l’immeuble. Le corps tomba lourdement au sol, provoquant un cratère et se dandinant lentement, observant la foule du regard. Ouvrant la bouche, la putréfaction cracha à nouveau sa langue et attrapa deux personnes, qui fondirent instantanément. Rex, Melvin … tout le monde écarquilla les yeux. Les squelettes des deux pauvres personnes furent réduits en poussière et avalés par le zombie, dont le corps se déformait de plus en plus, et la foule se précipita en sens inverse, hurlant et déclanchant un mouvement de panique générale dans tout le secteur. Vlad commença à partir mais Tomoe se dégagea de son emprise, fonçant vers moi en pleurant. Elle criait et suffoquait :
– Maman !! Maman !!! Marvick la prit par le col et l’empêcha d’aller plus loin :
– Reste en retrait ! Cria-t-il. – Qu’allons-nous faire contre cette chose, Marvick ? Demanda Frederic, sortant un magnifique sceptre fait en bronze. – Le patron ne va pas tarder … Je l’ai prévenu. Nous allons évacuer la ville avant que cette chose n’engloutisse plus de civils.
Le monstre se propulsa dans notre direction, donnant un puissant coup de ses jambes, et un long combat démarra.
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Invité | Non.
Bordel de merde, je dis non. Je peux juste pas critiquer ça.
Merde quoi! T'as tué mes deux personnages préféré avec un twist scénariste complètement improbable et sans explications!
Bordel quoi! Rex et Melvin! Mais non!
Je vais m'abstenir parce que sinon je vais m'énerver.
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Shimizu Nobunaga Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 35854 Nombre de messages : 3919 | ... Y'aurait quelqu'un pour expliquer ce que veut dire le post au dessus, là? :o |
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Invité | Moi. Moi je peux expliquer.
Si le premier chapitre est assez... J'dirais normal, le second... Bah, comment dire...
On commence sur de superbes révélations, de l'émotions vraiment palpable, un background de ouf, pour finir sur... Bah un cadavre qui se transforme en insecte mutant et qui fou le dawa dans Bazzer, sans raison. Yah une rupture de rythme et d'émotion gigantesque, une putain de cassure baveuse et dégueulasse sur un truc qui n'a aucun sens part rapport au début du chapitre.
S'aurait été mieux amené, on aurait compris pourquoi tout un coup ce putain de cadavre se transforme en insecte géant et butte deux des persos les plus intéressants (j'parle surtout pour Rex à vrai dire), sans que ce soit amené d'une manière ou d'une autres, et juste pour le plaisir de tuer deux types de la manière la plus incohérente qui soit (parce que rappel: ils savent tout les deux se battre, se défendre et éventuellement esquiver une tentacule)....
C'est affreusement gênant.
Bref, j'attend de voir comment tu vas modifier au mieux, ou tourner cette histoire stupide au pire... Parce que je suis extrêmement dubitatif. |
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Shimizu Nobunaga Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 35854 Nombre de messages : 3919 | Ni l'un ni l'autre ne sont mort, hein. Et en réalité, c'est amené, hein. C'est Gozen Senior qui veut pas qu'on touche à sa femme, et Newark profite de la confusion pour s'introduire dans le cadavre de ladite femme.
D'autant plus que si avant, c'était la partie 1, on passe à la partie 2, où ce sera davantage expliqué... |
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