Héros = Introduction
Sang….
L’odeur du sang….
La sensation du liquide poisseux glissant lentement sur sa joue….
Jonathan ouvrit lentement son œil gauche, puis son œil droit. Il flottait dans une sorte de carcan, immobile. Le poids de l’acier maintenait son corps immobile, comme un bouclier, ou une prison.
Pourquoi était-il ici ?
Jonathan se força à réfléchir, luttant contre le mal de tête qui s’amplifiait depuis son réveil. Mais rien, rien ne venais à son esprit.
Il était telle une coquille vide, balloté dans un lieu qu'il ne connaissait pas. Entouré d’obscurité.
L’esprit perturbé, les idées s’accumulant sans suite logique, il tenta de tourner la tête. Une petite lumière orange clignotait doucement à sa gauche, et il tenta de la toucher.
Il se rendit soudain compte qu’il ne sentait plus sa main gauche. Non, il n’avait plus de bras gauche ! Tout son corps lui envoyait des signaux de douleurs, mais rien, non rien ne venait de son épaule gauche. D’un geste nerveux, il bougea son bras droit, avant de laisser échapper un soupir de soulagement. Il pouvait sentir son bras bouger. De quelques millimètres, certes, car le bras restait bloqué dans son carcan métallique, mais cela lui faisait du bien qu’il lui restait sa partie droite.
Pendant un instant, il sentit une furtive explosion de douleur du côté gauche de son corps. Etait-ce un souvenir de la raison de la perte de son bras ? Il ne pouvait pas savoir. Il ne tenait pas à le faire. Il fallait déjà savoir pourquoi il était enfermé, et où il était.
En observant plus en détail la lumière qui pulsait devant ses yeux, il découvrit qu’il s’agissait d’un écran, composé d’une multitude de carré qui composait… Quoi déjà ? Il ne savait pas. C’était comme si il cherchait à trouver une solution dans sa tête qu’il n’avait pas.
Prudemment, il appuya sur le bouton orange avec son nez, vu qu’il s’agissait de la seule partie de son corps qu’il pouvait bouger, et quelque chose s’anima.
Un écran minuscule apparu devant les yeux de Jonathan, laissant au jeune homme plus d’interrogations qu’avant. Il n’avait rien pour l’aider, rien pour répondre aux questions s’amassant dans sa tête. Et surtout La Question.
La Question qu’il ne pouvait pas répondre.
Qui était-il ?
Qui était cet homme, abandonné dans l’espace, bercés par un vent venant de nulle part, entre des titans de pierre capable de l’écraser d’un seul geste ?
Cet homme, laisser dans l’obscurité, entouré de chair et de métal ?
Cet homme, entouré de tout, et de rien à la fois ?
Cet homme abandonné dans la déchetterie sans fin qu’on appellerait l’espace.
Seul, abandonné…
Jonathan laissa son corps retombé en arrière, dépité. Il était seul, avec ces questions dans sa tête. Allait-il devenir fou ? Il ne savait pas. Il ne savait rien. Juste son matricule.
Jonathan Hunter. Jaeger 1. Le Jager. Le Hunter. Le chasseur.
Jonathan resta immobile, inactif, broyant du noir, quand une petite lumière apparut dans cette océan de tristesse. Une petite lumière, dans son champ de vision, au loin. Puis elle se rapprocha, devenant soudain la lumière d’un projecteur.
Jonathan leva la tête, tenta d’agiter la main qui lui restait, de bouger, de crier, d’attirer l’attention de cette lumière qui s’annonçait comme sa porte de salut.
Mais rien ne bougea. Rien ne résonna. Seul le silence répondit aux oreilles de Jonathan, un silence simplement troublé par sa respiration sifflante.
Mais la lumière le repéra, et commença à s’approcher de lui. C’était un appareil de métal, il connaissait le nom, il en était sûr, mais rien ne venait afin de qualifier cette chose de métal dont les flancs étaient marqués d’impacts importants.
Une pince métallique s’échappa du corps de la chose, et percuta le corps de Jonathan déclenchant tellement de signaux de douleurs que Jonathan perdit connaissance.
Il ne sentit alors pas la traction qui s’opérait, le tirant, lui et sa prison, dans la gueule qui s’était ouverte. Dans la gueule du loup…
Chapitre 1
« La mémoire… C’est ce qui importe le plus… »
Jonathan Hunter 23/03/69
« … Code de déverrouillage Mayem Tango 1 Alpha Charlie.
-Erreur système, l’armure ne peut pas être déverrouillée.
-Damnit ! "
Le coup de poing acheva de réveiller Jonathan. Il était vivant. Et il y avait quelqu’un. Il fallait qu’il manifeste sa présence. Que la personne sache qu’il était là, enfermé dans cette prison de fer. Il ferma les yeux, sentant le spectre de la douleur penchée sur son épaule, et tenta de dire quelque chose.
« …. Hey…. »
Aucune réaction. La personne continuait de se déplacer dans la pièce où il était, il pouvait suivre les bruits de ses pas allant de droite à gauche, s’arrêtant parfois pour pianoter nerveusement sur son clavier, ou fouiller dans des … tiroirs ?
Il fallait qu’il recommence. Il ne pouvait pas voir ce que la personne faisait, car l’écran était vide, désactivé face à ses yeux. Il devait y arriver. Pour savoir. Pour comprendre.
« Hey ! »
Son cri était faible, moins que celui qu’il avait fait auparavant, mais toujours faible. Les pas s’arrêtèrent. Avant de se rapprocher d’un pas précipité en direction de Jonathan.
- Me dit pas que… non… impossible… comment ? A moins que…."
La voie féminine s’éloigna, parut fouiller dans un tiroir, avant de revenir et d’apposer quelque chose au niveau de son torse.
-Et c’est partit » l’entendit-il dire avant d’entendre les bruits de pas reculer. Jonathan leva un sourcil avant de recevoir une décharge. Et de tomber au sol.
« John ? John ? Bon sang ça va ?
- Arrr…. »
Les yeux de Jonathan brulaient, tellement qu’ils étaient habitués à la pénombre qui l’avait accompagné, et il resta quelques secondes silencieux, le temps qu’ils s’habituèrent à la lumière.
Sa gorge lui faisait mal lorsqu’il tentait de contracter ses cordes vocales, et elle était sèche… Aussi sèche qu’un désert.
Il tira la langue, avant de pointer lentement sa gorge, afin de lui demander de l’eau. Les mots ne venaient pas, et il sentait que même émettre un son lui causerait de la douleur…
La jeune femme compris immédiatement, et elle se leva avant de s’éloigner, revenant quelques instants avec une bouteille d’eau en plastique. Elle le mit doucement sur le dos, avant de lui caller la tête avec un de ses genou. Ses mains étaient douces, comme de la soie, et la jeune femme laissa couler le liquide doucement, gorgée par gorgée.
« Bon sang, il t’est arrivé quoi la bas ? J’ai paniqué quand tu as disparut.
- e….. »
Le silence qui suivit était pesant. Elle attendant une réponse, lui, la cherchant désespérément.
« John? Ca va? »
Allez bien ? Si Jonathan en avait eu la force, il en aurait ri. Mais pourquoi aurait-il rit. Son regard était perdu, tentant de retrouver un élément, un lien, qui pourrait l’aider à tenir.
Quelque chose…
Petit à petit, il commença à reconnaitre des détails du visage de sa sauveuse. Des cheveux bruns…non… blond vénitiens... Ainsi que des yeux vert, vert émeraude. Tellement…. Hypnotisant….
Ce regard en miroir dura un instant, un simple instant. Et pendant un instant, Jonathan eu l’impression qu’elle avait compris, qu’elle avait lu dans son être son état de perdition. Tel un frêle radeau sur une mer d’huile….
Le visage de la jeune femme devint soucieux. Ses yeux eurent un moment de panique, avant de revenir normal.
« Il faut que t’y plonge… On a pas le choix… Il va falloir que tu y aille…. »
La jeune femme le tira du sol avant de l’allonger sur une banquette incrusté contre un mur. Comment pouvait-elle rester aussi calme, aussi détendue ? Comme si elle était habituée à le voir, qu’elle savait ce qu’il lui arrivait juste en regardant à travers lui avec ces yeux de verdure… Ces yeux…
La jeune femme sortit de la pièce, avant de revenir avec un petit appareil carré, qu’elle posa sur son torse. Elle pianota un instant dessus.
« J’espère que ça va marcher… J’espère que ça va marcher… Et le pire, il n’y a jamais de mode d’emploi avec ces trucs… Comme ce mode d’emploi en suédois pour monter l’imprimante 3D…. Tellement compliqué… »
Elle lâcha un sourire crispé, avant d’appuyer sur le bouton, et Jonathan perdit connaissance.
« Bonne chance… »
Ce fut tout ce qu’il entendit avant que tout devienne noir.