Rappel du premier message :
Dans la vie, il y a ceux qui prennent soin de leur compagnon, ceux qui prennent du temps pour s'entrainer avec lui, ceux qui ont autant à apprendre de lui que lui d'eux. Ensuite il y a Chrystian. Ce n'est pas un mauvais dresseur, pas mal de monde le trouvent même bon, mais à mon avis il y a certaines personnes qui ne devraient jamais avoir de pokémon avec eux. Il n'est pas foncièrement méchant, cependant il est beaucoup trop logique et rationnel pour croire en l'amour. Qui n'a jamais eu l'impression d'avoir été choisi par une personne pour finalement s'apercevoir que les deux égos sont en parfait accord, qu'ils sont parfaitement synchro ? Eh bien là c'était pas du tout ça. Chrystian se croyait un peu dans un jeu où il suffisait d'appuyer sur un bouton pour sélectionner l'attaque et d'espérer sur la chance pour frapper un coup critique. C'est un peu dingue de penser que nous sommes juste des petites créatures qui bougent sur un écran et qu'on stocke dans un PC pour ne les entrainer que quand on le sent. Pourtant on ne sentait clairement pas d'amour en lui, sauf pour le combat.
Il habitait à Joliberges une ville au sud-ouest de Sinnoh, dans une maison près du canal d'où partaient les bâteaux. Ce n'était pas du tout une ville agitée, il n'y avait que quand un dresseur venait pour provoquer ouvertement Charles, le champion d'arène, que les gens chahutaient un peu. Chrystian n'avait encore jamais eu de pokémon, il trainait avec des dresseurs afin de ne pas faire l'effort de combattre dans les hautes herbes. Les navires, d'ici, partaient soit vers l'Île Pleine Lune, soit vers l'Île de Fer, où se trouvaient de nombreux pokémon Roche et Sol, voire quelques Steelix. Sur cette même île se trouvait une immense grotte qui recelait de nombreux pokémon tous plus puissants les uns que les autre. Malgré cette véritable épreuve, un dresseur du nom d'Armand ne pouvait pas s'empêcher de rester parmi eux. Bien entendu je ne l'ai jamais connu de mon vivant, mais Chrystian m'avait cité une partie d'article de journal qui contait le combat épique d'Armand et son fabuleux Lucario.
Un jour, alors que Chrystian et Bell, un ami à six badges, parcouraient la grotte de cette Île de Fer, ils croisèrent Armand ; il fallait bien qu'un jour leur chemin convergent, c'était inéluctable. Je ne connais pas les détails exacts, mais Bell m'avait raconté qu'il lui avait proposé un oeuf de pokémon rare. Par réflexe, Bell l'avait pris avec lui, mais Chrystian voulait que son premier pokémon soit...différent...rare...particulier...en bref il voulait marquer le coup.
Sans attendre plus longtemps, Chrystian ouvrit la cloche de verre et serra l'oeuf contre son torse afin de le réchauffer. Il ne fallait que cela pour le faire éclore, de la chaleur humaine. Lucio, un membre du conseil de Sinnoh croqueur de livres, lui en apprenait beaucoup sur la vie de dresseur, une aubaine pour ce pur débutant. Par exemple selon lui, les pokémon entraient dans une pokéball parce que celle-ci était conçue pour reproduire le geste instinctif qu'ils exécutaient pour se protéger du danger en se roulant en boule comme un Feurisson.
Après seulement une semaine, l'oeuf arriva à son stade final et éclot. Depuis mon petit cocon je pouvais voir tout autour de moi, du moins je le pressentais, que ce soit les paroles ou les personnes qui me touchaient à travers la coquille. J'étais dans une sorte d'état second, comme comateux, et c'est en voyant le visage de Chrystian que je sortis enfin de ce coma. Un peu ébloui par la lumière, je mis ma patte devant mes yeux et plongea ceux-ci dans les mirettes de mon dresseur. Comme un Poussifeu voyait le visage de sa maman pour ne jamais la quitter, j'appartenais désormais à ce grand humain. Clyde, un jeune dresseur ami de Chrystian, avait assisté à l'éclosion, et avait pris son pokédex pour m'identifier. Riolu, pokémon Émanation, une vingtaine de kilos, environ septante centimètres de haut, sexe masculin, capable de ressentir les éléments autour de lui avec son aura. Dans l'instant, je me sentais vraiment un super héros, vu comment Chrystian et Clyde me regardaient. Ainsi je faisais partie de la famille, désormais.
Les jours se suivaient et se ressemblaient beaucoup, contrairement au dicton ; Chrystian se baladait dans Joliberges, allait se baigner dans la rivière, ou accompagnait Bell et/ou Clyde dans la grotte au nord de la ville en empruntant le bateau qui les y menait. Malgré ce quotidien, je me sentais bien, je rencontrais de bien étranges personnages comme Charles, Lucio, et pratiquement tous les habitants ainsi que cette jeune fille qui faisait souvent des cauchemars.
Il ne fallut pas grand chose pour que Chrystian se rende chez le professeur Sorbier qui avait son laboratoire à Littorella, une ville une dizaine de kilomètres à l'est de Joliberges. Celui-ci, de son air sérieux, le briefa sur le "métier" de dresseur avant de lui demander si il voulait toujours le devenir. D'un opinement du chef, il confirma son envie et reçut son premier pokédex. Étrangement je me sentis l'envie de sauter de joie en criant quand il brandit son appareil dans les airs, comme pour confirmer son acquisition.
Le lendemain, sans plus de préliminaires, il annonça à ses parents qu'il partait conquérir son premier badge à Charbourg. En réponse à sa demande, ceux-ci lui donnèrent une brassée de baies Oran pour se nourrir, qu'il mit dans son sac à dos. Heureusement il avait un vélo, ce ne fut qu'une question d'heures avant qu'il ne relie Littorella à Charbourg. Il allait un peu vite, je trouve, mais après tout il avait capturé plusieurs pokémon grâce à moi, il ne fallut pas grand chose pour que j'atteigne le niveau minimum syndical. Fort de mon expérience, je me disais que vaincre ce champion serait facile, en plus il avait des pokémon de type Roche, mon petit plaisir personnel.
Malheureusement il ne connaissait absolument rien en types de pokémon, avec son Rosélia il pensait tous les vaincre parce qu'il avait un haut niveau, et il avait raison. Les dresseurs de l'arène semblaient une simple formalité comparé à ce petit pokémon fleuri. Par chance il n'avait pas trop souffert des attaques des autres pokémon, Rosélia avait confiance en lui. Pierrick, le champion de la ville, se dressait encore devant lui et devant son badge.
Il n'avait clairement pas le niveau des autres dresseurs, Rosélia peinait beaucoup à les toucher, du fait qu'il étaient sur un terrain de leur élément. Par chance il arrivait à tous les vaincre avec persévérance, mais Pierrick gardait dans sa manche un atout dangereux : Kranidos. Ce pokémon connu pour sa cruelle puissance d'attaque, malmenait le pauvre Rosélia, j'avais vraiment mal pour lui. Malgré tout, Chrystian gardait confiance en lui et ses pokémon, bien trop confiance. Alors qu'il leur criait dessus, j'essayais de le calmer afin de le rapprocher de la victoire, mais il ne m'écoutait pas. Finalement il m'ordonna sèchement de passer au combat, sous le regard sérieux et sévère du champion. Combattre Kranidos sur une étendue de sable ou d'herbe serait facile, mais il savait se cacher derrière les rochers et attaquer par surprise. Alors que je me sentais perdu, et que je contrais encore et encore ses coups de boule fracassants, je le projetai dans les airs et le fit retomber avec force sur le sol. Malheureusement il ne souffrit pas beaucoup du choc et ne tarda pas à me porter le coup de grâce en plein air. Je pouvais presque sentir mon dresseur fulminer tel un Volcaropod, mais heureusement il se contenta de me porter dans ses bras sans rien dire.
-Dresseur venu pour me vaincre, tu as perdu, le match est terminé. Tu sembles débutant, tu as de nombreuses choses à apprendre, notamment que se reposer sur un seul pokémon et délaisser les autres est une grave erreur. Tu dois tous les entrainer au même prix. Ton Rosélia méritait bien une Super Potion, avant de venir m'affronter, et ton Riolu n'est pas assez fort, avec quelques séances d'entrainement il aurait pu apprendre Forte-Paume et nous aurions sans doute perdu. Navré de te dire ça, mais tu es encore inapte à m'affronter, néanmoins de nombreux Machoc vivent dans la Mine Charbourg, tu pourrais essayer avec lui plutôt que certains pokémon qui te sont inutiles contre moi.
Le poing serré, Chrystian se retira avec une colère presque palpable, si je ne le connaissais pas aussi bien, je craindrais des coups. Il m'emporta alors, moi et ses cinq autres pokémon, au centre le plus proche. Après un soin rapide, Chrystian quitta l'établissement sans dire un seul mot, et prit un chemin un peu plus au nord, la route 207. Bizarrement, la mine se trouvait dans la direction opposée, sans doute voulait-il se changer les idées. Malheureusement son calme n'avait pas l'impression de l'avoir vraiment apaisé, je sentais encore une sorte de tension dans l'air.
Alors que nous avancions à pied sous la piste cyclable, Chrystian cessa de marcher et fouilla dans son sac à la recherche d'un objet qu'il avait sans doute reçu ou acheté. Avec moi il avait gagné quelques matches, je ne faisais pas attention à ses achats. Alors qu'il m'ordonnait de se retourner et de tendre mes bras en arrière, je lui obéis, sans vraiment comprendre, mais je lui faisais confiance. À ce moment-là, il sortit une Corde Sortie de son sac et le passa autour de mes pattes avant de monter jusqu'aux épaules et de relier le tout à mon torse en allant vers le bas. Une fois cela fait, il me poussa pour me faire m'asseoir, et fit de même pour le reste de mes pattes libres. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il faisait ou si il voulait m'apprendre quelque chose, l'inquiétude était présente en moi, mais la confiance l'atténuait. Il n'était pas du genre à faire des coups foireux en faisant passer ses pokémon pour des victimes afin d'en attirer d'autres facilement. Pendant que je me débattais pour essayer de me libérer, Chrystian sortit un bandana de son sac à dos et me l'enfila autour de la bouche en serrant le plus fort possible, me coupant ainsi la parole. Je ne pouvais plus bouger ni appeler de l'aide, j'espérais au plus profond de moi qu'il ait l'intention de me détacher d'ici quelques secondes. Je voulais lui dire que j'avais compris la leçon, mais il ne comprenait même pas quand je le mettais en garde, même sans la bâillon, je n'avais pas la moindre chance de le faire revenir en arrière. Une fois les liens serrés par la force de sa colère contre moi, il se leva et me plaqua contre l'arbre afin de m'y attacher solidement, de mon entrejambes à mon torse, comme si je n'étais déjà pas assez immobilisé comme ça. Il est vrai que j'étais débrouillard, mais là je n'avais aucune idée de comment m'en sortir, autant pour me détacher que pour me déplacer, Chrystian avait bien trop serré.
Ensuite il se leva une nouvelle fois et me tourna le dos en fronçant les sourcils, les poings serrés et vibrants de contrariété. J'aurais aimé m'améliorer pour lui faire plaisir, mais il semblait ne pas aimer son pokémon, surtout celui sur lequel il avait fondé tous ses espoirs en l'envoyant combattre Kranidos en dernier, et qui a perdu à cause de son manque d'entrainement. Moi. Après un moment, il se retourna vers moi et me fixa dans les yeux avec un air un peu moins colérique mais plutôt désolé, sans doute allait-il me délivrer comme attendu, mais je savais au fond de moi que j'étais trop naïf.
-Riolu. Je sais que tu es un pokémon rare, je sais qu'Armand est un dresseur de qualité et qu'il pensait bien faire en me léguant cet oeuf. Cependant je pense plutôt qu'il m'a refilé un canard boiteux car l'entrainement de son Lucario fut bien trop éprouvant pour qu'il ait envie de remettre ça. Je vais plutôt suivre le conseil de ce champion d'arène orgueilleux et prendre un ou deux Machoc dans la mine Charbourg, cela me fera un bon atout, je pense. En plus selon le pokédex il évolue deux fois et toi une, ce qui le rend par conséquent plus fort. Je ne t'en veux pas seulement à cause de ta faiblesse, mais parce que tu as perdu contre un pokémon de type Roche déjà entamé par Rosélia, tu es la honte du type Combat. Je ne veux même plus réessayer de combattre avec toi, tu vas encore perdre, alors que tu ne connais encore aucune attaque Combat. Quel genre de pokémon n'apprend même pas des attaques de son type ? Que cela te serve de leçon. Si tu arrives à te délivrer tout seul, je reconsidèrerai ton intégration parmi nous, mais dans le cas contraire, adieu. Peut-être trouveras-tu un dresseur plus patient et plus laxiste que moi, mais ce n'est pas mon cas, je veux gagner, je veux de la force, et toi tu n'es simplement pas assez fort, voilà tout.
La tête tournée vers lui, j'écoutais ses paroles pleines de rancune et de frustration d'avoir perdu contre un champion. C'était le premier sur la route du dresseur, ce qui devait sans nul doute le frustrer encore plus, car il avait perdu à six contre trois. Je ne pouvais pas croire qu'il veuille m'abandonner, ça ne pouvait qu'être pour me faire peur et me faire le supplier de changer d'avis. Cependant il n'avait pas l'air de retourner sa veste, il s'en alla alors d'un pas rapide et régulier, quittant cette route si peu empruntée. Par réflexe, je l'appelais encore et encore en criant derrière mon bâillon, mais il ne s'éloignait que plus loin sans freiner. Je suis de ceux qui croient que l'oreille humaine n'est pas prête à entendre des pleurs de pokémon pleins de peur et de regrets. Les larmes coulaient de plus en plus sur mes joues, alors que le point noir se faisait de plus en plus petit à l'horizon, jusqu'à disparaitre. Je me débattais comme une bête enragée pour sortir de cette étreinte et retrouver mon dresseur, mais je ne pouvais même pas me pencher en avant, sauf la tête, je n'avais pas assez......de force. Il avait raison, au final, un vrai pokémon Combat romprait ses liens, ou utiliserait Gonflette pour devenir plus puissant et se délivrerait tout aussi facilement. Malheureusement je ne connaissait que Vive-Attaque d'offensif, contre un pokémon Roche ça le chatouillait à peine, surtout que ce n'était pas une attaque de mon type.
Alors que je pleurais à fendre l'âme de tous les humains qui passeraient par là, mon dresseur avait disparu, me laissant sur ces mots blessants. Je ne pouvais pas croire qu'il m'avait laissé comme une vieille chaussette, après tous ces moments vécus ensemble, alors que je lui vouait une obéissance presque aveugle et que je le protégeais au péril de ma vie... Mais il fallait se rendre à l'évidence, les pokémon faibles n'avaient pas leur place dans ce monde, soit ils étaient abandonnés, soit revendus par une bande de malfrats cupides. J'avais au moins la pensée rassurante d'avoir pu prendre du plaisir avec lui pendant ces deux années de quotidien, d'avoir pu le faire sourire, de lui avoir fait reprendre confiance dans les coups durs, mais apparemment il avait beaucoup réfléchi. Je n'étais pas bon à combattre, juste comme ami, mais il préférait Bell et Clyde qui avaient au moins un badge minimum chacun. Je n'étais pas un gagnant, mais un perdant, aucune chance d'un jour devenir fort. J'avais chaque seconde l'impression que mes liens et mon bâillon ne m'autorisaient pas à bouger et à parler parce que je ne le méritait pas. Malgré tout je pouvais quand même bouger la tête et remuer les pattes arrière par deux, mais je ne pouvais même plus parler, juste gémir de douleur et de regrets, selon ce morceau de tissu je n'avais plus le droit à la parole. Cela ne me dérangeait pas vraiment en fait, c'était le moins pénible des maux, de toute façon mon dresseur ne comprenait jamais rien à mon langage, cela ne servait à rien de me casser la tête à prononcer des "Rio-Riolu-Riolu !" dans le but de me faire comprendre. Peut-être que le destin ne voulait tout simplement pas que je parle, que je reste une simple ombre à l'arrière de mon dresseur, sans don de parole, sans pouvoir de converser avec les pokémon, il ne me restait plus que les gestes. Ainsi je décidai de faire plaisir à la vie et de ne plus parler, sans doute le mime était-il le meilleur moyen de me faire comprendre, vu que je ne pouvais que remuer, en ce moment. En admettant que monsieur destin me laisse la vie sauve, je promis alors de devenir plus fort sans même parler avec des mots. De devenir assez puissant pour un jour vaincre mon ancien dresseur et lui dire "Ton équipe est au tapis, tu as perdu tout ce que tu avais, maintenant que je t'ai fait souffrir mille maux en battant tes pokémon les uns après les autres, nous sommes quittes, adieu".
Dans la vie, il y a ceux qui prennent soin de leur compagnon, ceux qui prennent du temps pour s'entrainer avec lui, ceux qui ont autant à apprendre de lui que lui d'eux. Ensuite il y a Chrystian. Ce n'est pas un mauvais dresseur, pas mal de monde le trouvent même bon, mais à mon avis il y a certaines personnes qui ne devraient jamais avoir de pokémon avec eux. Il n'est pas foncièrement méchant, cependant il est beaucoup trop logique et rationnel pour croire en l'amour. Qui n'a jamais eu l'impression d'avoir été choisi par une personne pour finalement s'apercevoir que les deux égos sont en parfait accord, qu'ils sont parfaitement synchro ? Eh bien là c'était pas du tout ça. Chrystian se croyait un peu dans un jeu où il suffisait d'appuyer sur un bouton pour sélectionner l'attaque et d'espérer sur la chance pour frapper un coup critique. C'est un peu dingue de penser que nous sommes juste des petites créatures qui bougent sur un écran et qu'on stocke dans un PC pour ne les entrainer que quand on le sent. Pourtant on ne sentait clairement pas d'amour en lui, sauf pour le combat.
Il habitait à Joliberges une ville au sud-ouest de Sinnoh, dans une maison près du canal d'où partaient les bâteaux. Ce n'était pas du tout une ville agitée, il n'y avait que quand un dresseur venait pour provoquer ouvertement Charles, le champion d'arène, que les gens chahutaient un peu. Chrystian n'avait encore jamais eu de pokémon, il trainait avec des dresseurs afin de ne pas faire l'effort de combattre dans les hautes herbes. Les navires, d'ici, partaient soit vers l'Île Pleine Lune, soit vers l'Île de Fer, où se trouvaient de nombreux pokémon Roche et Sol, voire quelques Steelix. Sur cette même île se trouvait une immense grotte qui recelait de nombreux pokémon tous plus puissants les uns que les autre. Malgré cette véritable épreuve, un dresseur du nom d'Armand ne pouvait pas s'empêcher de rester parmi eux. Bien entendu je ne l'ai jamais connu de mon vivant, mais Chrystian m'avait cité une partie d'article de journal qui contait le combat épique d'Armand et son fabuleux Lucario.
Un jour, alors que Chrystian et Bell, un ami à six badges, parcouraient la grotte de cette Île de Fer, ils croisèrent Armand ; il fallait bien qu'un jour leur chemin convergent, c'était inéluctable. Je ne connais pas les détails exacts, mais Bell m'avait raconté qu'il lui avait proposé un oeuf de pokémon rare. Par réflexe, Bell l'avait pris avec lui, mais Chrystian voulait que son premier pokémon soit...différent...rare...particulier...en bref il voulait marquer le coup.
Sans attendre plus longtemps, Chrystian ouvrit la cloche de verre et serra l'oeuf contre son torse afin de le réchauffer. Il ne fallait que cela pour le faire éclore, de la chaleur humaine. Lucio, un membre du conseil de Sinnoh croqueur de livres, lui en apprenait beaucoup sur la vie de dresseur, une aubaine pour ce pur débutant. Par exemple selon lui, les pokémon entraient dans une pokéball parce que celle-ci était conçue pour reproduire le geste instinctif qu'ils exécutaient pour se protéger du danger en se roulant en boule comme un Feurisson.
Après seulement une semaine, l'oeuf arriva à son stade final et éclot. Depuis mon petit cocon je pouvais voir tout autour de moi, du moins je le pressentais, que ce soit les paroles ou les personnes qui me touchaient à travers la coquille. J'étais dans une sorte d'état second, comme comateux, et c'est en voyant le visage de Chrystian que je sortis enfin de ce coma. Un peu ébloui par la lumière, je mis ma patte devant mes yeux et plongea ceux-ci dans les mirettes de mon dresseur. Comme un Poussifeu voyait le visage de sa maman pour ne jamais la quitter, j'appartenais désormais à ce grand humain. Clyde, un jeune dresseur ami de Chrystian, avait assisté à l'éclosion, et avait pris son pokédex pour m'identifier. Riolu, pokémon Émanation, une vingtaine de kilos, environ septante centimètres de haut, sexe masculin, capable de ressentir les éléments autour de lui avec son aura. Dans l'instant, je me sentais vraiment un super héros, vu comment Chrystian et Clyde me regardaient. Ainsi je faisais partie de la famille, désormais.
Les jours se suivaient et se ressemblaient beaucoup, contrairement au dicton ; Chrystian se baladait dans Joliberges, allait se baigner dans la rivière, ou accompagnait Bell et/ou Clyde dans la grotte au nord de la ville en empruntant le bateau qui les y menait. Malgré ce quotidien, je me sentais bien, je rencontrais de bien étranges personnages comme Charles, Lucio, et pratiquement tous les habitants ainsi que cette jeune fille qui faisait souvent des cauchemars.
Il ne fallut pas grand chose pour que Chrystian se rende chez le professeur Sorbier qui avait son laboratoire à Littorella, une ville une dizaine de kilomètres à l'est de Joliberges. Celui-ci, de son air sérieux, le briefa sur le "métier" de dresseur avant de lui demander si il voulait toujours le devenir. D'un opinement du chef, il confirma son envie et reçut son premier pokédex. Étrangement je me sentis l'envie de sauter de joie en criant quand il brandit son appareil dans les airs, comme pour confirmer son acquisition.
Le lendemain, sans plus de préliminaires, il annonça à ses parents qu'il partait conquérir son premier badge à Charbourg. En réponse à sa demande, ceux-ci lui donnèrent une brassée de baies Oran pour se nourrir, qu'il mit dans son sac à dos. Heureusement il avait un vélo, ce ne fut qu'une question d'heures avant qu'il ne relie Littorella à Charbourg. Il allait un peu vite, je trouve, mais après tout il avait capturé plusieurs pokémon grâce à moi, il ne fallut pas grand chose pour que j'atteigne le niveau minimum syndical. Fort de mon expérience, je me disais que vaincre ce champion serait facile, en plus il avait des pokémon de type Roche, mon petit plaisir personnel.
Malheureusement il ne connaissait absolument rien en types de pokémon, avec son Rosélia il pensait tous les vaincre parce qu'il avait un haut niveau, et il avait raison. Les dresseurs de l'arène semblaient une simple formalité comparé à ce petit pokémon fleuri. Par chance il n'avait pas trop souffert des attaques des autres pokémon, Rosélia avait confiance en lui. Pierrick, le champion de la ville, se dressait encore devant lui et devant son badge.
Il n'avait clairement pas le niveau des autres dresseurs, Rosélia peinait beaucoup à les toucher, du fait qu'il étaient sur un terrain de leur élément. Par chance il arrivait à tous les vaincre avec persévérance, mais Pierrick gardait dans sa manche un atout dangereux : Kranidos. Ce pokémon connu pour sa cruelle puissance d'attaque, malmenait le pauvre Rosélia, j'avais vraiment mal pour lui. Malgré tout, Chrystian gardait confiance en lui et ses pokémon, bien trop confiance. Alors qu'il leur criait dessus, j'essayais de le calmer afin de le rapprocher de la victoire, mais il ne m'écoutait pas. Finalement il m'ordonna sèchement de passer au combat, sous le regard sérieux et sévère du champion. Combattre Kranidos sur une étendue de sable ou d'herbe serait facile, mais il savait se cacher derrière les rochers et attaquer par surprise. Alors que je me sentais perdu, et que je contrais encore et encore ses coups de boule fracassants, je le projetai dans les airs et le fit retomber avec force sur le sol. Malheureusement il ne souffrit pas beaucoup du choc et ne tarda pas à me porter le coup de grâce en plein air. Je pouvais presque sentir mon dresseur fulminer tel un Volcaropod, mais heureusement il se contenta de me porter dans ses bras sans rien dire.
-Dresseur venu pour me vaincre, tu as perdu, le match est terminé. Tu sembles débutant, tu as de nombreuses choses à apprendre, notamment que se reposer sur un seul pokémon et délaisser les autres est une grave erreur. Tu dois tous les entrainer au même prix. Ton Rosélia méritait bien une Super Potion, avant de venir m'affronter, et ton Riolu n'est pas assez fort, avec quelques séances d'entrainement il aurait pu apprendre Forte-Paume et nous aurions sans doute perdu. Navré de te dire ça, mais tu es encore inapte à m'affronter, néanmoins de nombreux Machoc vivent dans la Mine Charbourg, tu pourrais essayer avec lui plutôt que certains pokémon qui te sont inutiles contre moi.
Le poing serré, Chrystian se retira avec une colère presque palpable, si je ne le connaissais pas aussi bien, je craindrais des coups. Il m'emporta alors, moi et ses cinq autres pokémon, au centre le plus proche. Après un soin rapide, Chrystian quitta l'établissement sans dire un seul mot, et prit un chemin un peu plus au nord, la route 207. Bizarrement, la mine se trouvait dans la direction opposée, sans doute voulait-il se changer les idées. Malheureusement son calme n'avait pas l'impression de l'avoir vraiment apaisé, je sentais encore une sorte de tension dans l'air.
Alors que nous avancions à pied sous la piste cyclable, Chrystian cessa de marcher et fouilla dans son sac à la recherche d'un objet qu'il avait sans doute reçu ou acheté. Avec moi il avait gagné quelques matches, je ne faisais pas attention à ses achats. Alors qu'il m'ordonnait de se retourner et de tendre mes bras en arrière, je lui obéis, sans vraiment comprendre, mais je lui faisais confiance. À ce moment-là, il sortit une Corde Sortie de son sac et le passa autour de mes pattes avant de monter jusqu'aux épaules et de relier le tout à mon torse en allant vers le bas. Une fois cela fait, il me poussa pour me faire m'asseoir, et fit de même pour le reste de mes pattes libres. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il faisait ou si il voulait m'apprendre quelque chose, l'inquiétude était présente en moi, mais la confiance l'atténuait. Il n'était pas du genre à faire des coups foireux en faisant passer ses pokémon pour des victimes afin d'en attirer d'autres facilement. Pendant que je me débattais pour essayer de me libérer, Chrystian sortit un bandana de son sac à dos et me l'enfila autour de la bouche en serrant le plus fort possible, me coupant ainsi la parole. Je ne pouvais plus bouger ni appeler de l'aide, j'espérais au plus profond de moi qu'il ait l'intention de me détacher d'ici quelques secondes. Je voulais lui dire que j'avais compris la leçon, mais il ne comprenait même pas quand je le mettais en garde, même sans la bâillon, je n'avais pas la moindre chance de le faire revenir en arrière. Une fois les liens serrés par la force de sa colère contre moi, il se leva et me plaqua contre l'arbre afin de m'y attacher solidement, de mon entrejambes à mon torse, comme si je n'étais déjà pas assez immobilisé comme ça. Il est vrai que j'étais débrouillard, mais là je n'avais aucune idée de comment m'en sortir, autant pour me détacher que pour me déplacer, Chrystian avait bien trop serré.
Ensuite il se leva une nouvelle fois et me tourna le dos en fronçant les sourcils, les poings serrés et vibrants de contrariété. J'aurais aimé m'améliorer pour lui faire plaisir, mais il semblait ne pas aimer son pokémon, surtout celui sur lequel il avait fondé tous ses espoirs en l'envoyant combattre Kranidos en dernier, et qui a perdu à cause de son manque d'entrainement. Moi. Après un moment, il se retourna vers moi et me fixa dans les yeux avec un air un peu moins colérique mais plutôt désolé, sans doute allait-il me délivrer comme attendu, mais je savais au fond de moi que j'étais trop naïf.
-Riolu. Je sais que tu es un pokémon rare, je sais qu'Armand est un dresseur de qualité et qu'il pensait bien faire en me léguant cet oeuf. Cependant je pense plutôt qu'il m'a refilé un canard boiteux car l'entrainement de son Lucario fut bien trop éprouvant pour qu'il ait envie de remettre ça. Je vais plutôt suivre le conseil de ce champion d'arène orgueilleux et prendre un ou deux Machoc dans la mine Charbourg, cela me fera un bon atout, je pense. En plus selon le pokédex il évolue deux fois et toi une, ce qui le rend par conséquent plus fort. Je ne t'en veux pas seulement à cause de ta faiblesse, mais parce que tu as perdu contre un pokémon de type Roche déjà entamé par Rosélia, tu es la honte du type Combat. Je ne veux même plus réessayer de combattre avec toi, tu vas encore perdre, alors que tu ne connais encore aucune attaque Combat. Quel genre de pokémon n'apprend même pas des attaques de son type ? Que cela te serve de leçon. Si tu arrives à te délivrer tout seul, je reconsidèrerai ton intégration parmi nous, mais dans le cas contraire, adieu. Peut-être trouveras-tu un dresseur plus patient et plus laxiste que moi, mais ce n'est pas mon cas, je veux gagner, je veux de la force, et toi tu n'es simplement pas assez fort, voilà tout.
La tête tournée vers lui, j'écoutais ses paroles pleines de rancune et de frustration d'avoir perdu contre un champion. C'était le premier sur la route du dresseur, ce qui devait sans nul doute le frustrer encore plus, car il avait perdu à six contre trois. Je ne pouvais pas croire qu'il veuille m'abandonner, ça ne pouvait qu'être pour me faire peur et me faire le supplier de changer d'avis. Cependant il n'avait pas l'air de retourner sa veste, il s'en alla alors d'un pas rapide et régulier, quittant cette route si peu empruntée. Par réflexe, je l'appelais encore et encore en criant derrière mon bâillon, mais il ne s'éloignait que plus loin sans freiner. Je suis de ceux qui croient que l'oreille humaine n'est pas prête à entendre des pleurs de pokémon pleins de peur et de regrets. Les larmes coulaient de plus en plus sur mes joues, alors que le point noir se faisait de plus en plus petit à l'horizon, jusqu'à disparaitre. Je me débattais comme une bête enragée pour sortir de cette étreinte et retrouver mon dresseur, mais je ne pouvais même pas me pencher en avant, sauf la tête, je n'avais pas assez......de force. Il avait raison, au final, un vrai pokémon Combat romprait ses liens, ou utiliserait Gonflette pour devenir plus puissant et se délivrerait tout aussi facilement. Malheureusement je ne connaissait que Vive-Attaque d'offensif, contre un pokémon Roche ça le chatouillait à peine, surtout que ce n'était pas une attaque de mon type.
Alors que je pleurais à fendre l'âme de tous les humains qui passeraient par là, mon dresseur avait disparu, me laissant sur ces mots blessants. Je ne pouvais pas croire qu'il m'avait laissé comme une vieille chaussette, après tous ces moments vécus ensemble, alors que je lui vouait une obéissance presque aveugle et que je le protégeais au péril de ma vie... Mais il fallait se rendre à l'évidence, les pokémon faibles n'avaient pas leur place dans ce monde, soit ils étaient abandonnés, soit revendus par une bande de malfrats cupides. J'avais au moins la pensée rassurante d'avoir pu prendre du plaisir avec lui pendant ces deux années de quotidien, d'avoir pu le faire sourire, de lui avoir fait reprendre confiance dans les coups durs, mais apparemment il avait beaucoup réfléchi. Je n'étais pas bon à combattre, juste comme ami, mais il préférait Bell et Clyde qui avaient au moins un badge minimum chacun. Je n'étais pas un gagnant, mais un perdant, aucune chance d'un jour devenir fort. J'avais chaque seconde l'impression que mes liens et mon bâillon ne m'autorisaient pas à bouger et à parler parce que je ne le méritait pas. Malgré tout je pouvais quand même bouger la tête et remuer les pattes arrière par deux, mais je ne pouvais même plus parler, juste gémir de douleur et de regrets, selon ce morceau de tissu je n'avais plus le droit à la parole. Cela ne me dérangeait pas vraiment en fait, c'était le moins pénible des maux, de toute façon mon dresseur ne comprenait jamais rien à mon langage, cela ne servait à rien de me casser la tête à prononcer des "Rio-Riolu-Riolu !" dans le but de me faire comprendre. Peut-être que le destin ne voulait tout simplement pas que je parle, que je reste une simple ombre à l'arrière de mon dresseur, sans don de parole, sans pouvoir de converser avec les pokémon, il ne me restait plus que les gestes. Ainsi je décidai de faire plaisir à la vie et de ne plus parler, sans doute le mime était-il le meilleur moyen de me faire comprendre, vu que je ne pouvais que remuer, en ce moment. En admettant que monsieur destin me laisse la vie sauve, je promis alors de devenir plus fort sans même parler avec des mots. De devenir assez puissant pour un jour vaincre mon ancien dresseur et lui dire "Ton équipe est au tapis, tu as perdu tout ce que tu avais, maintenant que je t'ai fait souffrir mille maux en battant tes pokémon les uns après les autres, nous sommes quittes, adieu".