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Invité | Chapitre 1
Le soleil était à son apogée, et nul souffle de vent ne se faisait sentir. En ce mois de juillet, cette température était étouffante. Mais au milieu d’une foule de milliers de gens, c’était insupportable; même les habitués de la ville en souffraient. Alors, ce campagnard qu’était Thomas, habitué aux grandes plaines et à l’air frais du matin, se sentait comme un poisson hors de l’eau. Et le bruit, ou plutôt la cacophonie ambiante, ajoutait à cette atmosphère désagréable.
Ici, sur le sol de grandes dalles de pierres, les sabots des chevaux claquaient au même rythme que leurs hennissements frustrés tandis que des vendeurs ambulants criaient pour vanter leurs camelotes. Les passants se pressaient autour des estrades et des grands magasins tout en vociférant toujours plus fort que son voisin. Il semblait normal de se faire percuter par des cavaliers pressés, de devoir jouer des coudes pour avancer de quelques pas, de se faire arrêter par des clochards et de se rendre sourd à cause du bruit ambiant.
- Eh bien, mon garçon, tu le prends ce cheval?
Thomas sursauta. Il avait oublié qu’il se tenait devant un vendeur, tellement il était perdu dans ses pensés. Comme pour se donner une contenance, il jeta à nouveau un regard au cheval gris pommelé qui se tenait derrière le marchand. Puis son regard coula vers la main insistante de ce dernier, qui l’observait comme un chasseur s’apprête à sauter sur sa proie. Mais le jeune homme ne se laisserait pas avoir; son argent était durement gagné et il ne le perdrait pas si facilement. Comme s’il avait deviné ses pensées, le marchand aux petits yeux noirs reprit la parole.
- Écoute, trois sous d’argent, pour ce cheval, c’est un cadeau d’amis. Tu ne peux pas m’en demander moins.
Trois sous d’argent, pour Thomas, c’était beaucoup, et le vendeur le savait. Puis une idée jaillit dans la tête du campagnard et un petit sourire fit remonter des fossettes sur ses joues. Lentement, il tendit une main vers sa bourse et en défit le nœud, puis saisit les trois sous d’argent qu’elle contenait, laissant de cotés ceux de cuivres. Il posa ce butin dans sa paume et observa le marchand jeter un regard avide sur ce qui lui appartiendrait bientôt. Tout en faisant tinter les pièces dans sa main, Thomas prit finalement la parole.
- Mon bon messieurs, il serait stupide de ma part de passer à coté d’une si belle offre…
À ces mots, un grand sourire édenté apparut sur le visage de l’interpeller.
- C’est pourquoi j’accepte de vous acheter le cheval et la sellerie au prix de trois sous d’argent.
Sans laisser le temps au marchand de répondre, il déposa son argent dans la main du vendeur, qui s’apprêtait à la retirer, puis avança vers ses nouvelles possessions. Le marchand, complètement dépassé, balbutia.
- La sellerie… Mais…
Faisant mine d’être étonné, Thomas se retourna vivement vers le malheureux.
- La sellerie n’était pas comprise? Mais pour qui me prenez-vous, un nigaud? Si ces trois sous ne vous conviennes pas, redonnez moi les tout de suite que j’aille voir un vendeur plus compétent.
Il tendit donc sa paume ouverte vers le vendeur, qui ne fit que resserrer sa main sur les pièces d’argent. Désormais qu’il les avait, il ne voulait plus s’en séparer. Mécontent de s’être fait prendre, il grommela donc à l’intention de son client.
- Mais bien sûr que la sellerie était comprise…
Avec un sourire satisfait, Thomas franchit la distance qui le séparait encore du cheval, et commença à l’harnacher tout en pensant au chemin du retour. Bientôt, il serait revenu chez lui, loin de toutes ses gens désagréable. Laissant ses doigts glisser habilement le long de la sangle de cuir, il regarda une dernière fois les alentours. Non loin de là, il aperçu une jeune femme à moitié dissimulée dans l’ombre. Heureux, il lui sourit, et elle lui rendit son sourire… Qui lui fit froid dans le dos.
Avec son allure féline, ses grands cheveux noirs et sa peau basanée, elle était plutôt jolie. Mais ses yeux vairons étaient intriguant; l’un était doré comme de l’or, et le second était vert comme les feuilles du grand chêne devant chez lui. Lorsqu’elle le regardait, un sentiment étrange l’envahissait. Incapable de le supporter plus longtemps, il retourna à son travail et finit de seller son cheval en quelques instants. Juste avant d’enfourcher son nouvel achat, il jeta un regard où la jeune fille se tenait. Elle n’y était plus, et son cœur ce serra à cette pensée. Agitant la tête, il talonna son cheval et commença le chemin du retour.
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Link Feuille de personnage Objet(s):
Pièces : 17506 Nombre de messages : 58002 | Je suis pas un fan de chevaux ni de ce theme mais c'est particulièrement bien écris ^^. Après bon, ça m'accroche pas vraiment mais ça concerne mes goûts. |
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Invité | Hum Linkfan juste te préciser que c'est un mini-premier chapitre et que c'est pour introduire mes personnages, mon histoire ne tourne pas autour de ça XD
Chapitre 2
Dans le champ, de hautes herbes ondulaient inlassablement au gré de la brise. Au loin, le soleil se couchait paresseusement derrière de hautes montagnes, laissant derrière lui un ciel rouge sang avant la nuit. Les oiseaux nocturnes s’éveillaient lentement, commençant à parcourir le ciel en quête de rongeurs qui ne manquaient pas dans le champ de blé. Autour, ces derniers s’activaient déjà à chercher les grains dont ils auraient besoin pour l’hiver. Pour une oreille avertie, ces petits bruits étaient si faciles à percevoir…
Et pourtant, personne n’aurait pu entendre ou percevoir l’ombre qui se mouvait lentement entre les grandes herbes, même si il c’était tenu à un mètre d’elle. La voleuse, avec ses yeux de chats et ses mouvements fluides, n’était pas simplement imperceptible pour le commun des mortelles lorsqu’elle chassait. Elle était invisible. Aucune notion magique n’était impliquée dans cette histoire, loin de là. Mais de tout les brigands, c’était elle la meilleure, et de loin. Ce n’était pas de la vantardise, mais un fait.
Étrangement, ses exploits étaient respectés, mais tous les autres voleurs la craignaient, et elle n’avait aucun ami. Un sourire méprisant apparu sur ses lèvres charnues à cette pensée. Même si elle était respectée pour ses exploits, et qu’aucun de ses semblables ne lui arrivaient à la cheville dans son domaine, ils avaient tous été assez avisés pour ne pas la fréquenter. Une bonne chose pour eux, car la voleuse aguerris aurait vite fait de leur fausser compagnie avec leurs possessions. Égocentrique, la jeune fille ne suivait qu’une loi; chacun pour soi. Elle n’avait pas besoin des autres, et les autres avaient encore moins besoin d’elle.
Reportant son attention sur sa cible, elle chassa rapidement ses pensées et amena son regard perçant au loin. Bientôt, il ferait nuit, et à ce moment il serait temps pour elle d’agir. Elle continua donc à avancer comme une ombre dans le champ, se rapprochant le plus possible de sa cible. Ses grandes jambes à la peau basanée avalant la distance, elle atteignit rapidement la limite des hautes herbes, juste avant une clairière. Elle s’accroupit et plissa ses magnifiques yeux vairons; l’un était jaune doré, et le second d’un vert saisissant. Impatiemment, elle dégagea son front d’une grande mèche de cheveux noirs, et observa le spectacle qui s’offrait à elle.
Un jeune homme chantonnait gaiement dans la clairière près de son cheval récemment acheté. Avec enthousiasme, il brossait vigoureusement le pelage gris pommelé et soyeux de sa monture. Tout l’après-midi, elle l’avait suivit jusque chez lui après son achat du cheval au marché. Et bientôt, elle pourrait prendre possession de ce qui lui revenait légitimement. Car en fait, la voleuse considérait que tout ce qu’elle désirait lui appartenait. Il ne restait qu’à récolter le fruit du dur labeur d’autrui…
Elle jeta à nouveau un regard impatient au soleil. Et aurait voulut pouvoir appuyer dessus pour le faire disparaître à l’horizon et permettre à la lune et les étoiles de faire leur apparition nocturne. Malheureusement, ça ne faisait pas partie de ses capacités. Distraitement, elle observa le sol autour d’elle. Pour voler le cheval, elle aurait besoin d’une roche, assez lourde mais pas trop. Elle devait quand même être capable de la lever. Au bout de quelques minutes, elle trouva finalement un rocher d’une certaine grosseur, mais qu’elle pouvait aisément lancer dans les airs. De toute façon, le poids lui ferait prendre de la rapidité.
Elle retourna à son point d’observation et s’assura que le jeune homme était toujours dans la clairière. Près du champ débutait l’enclos du cheval, et un peu plus loin la jeune fille pouvait apercevoir une toute petite étable et une chaumière avec seulement deux fenêtres, desquelles se diffusait la lumière rassurante d’un foyer. Déposant son fardeau à ses pieds, elle continua d’observer la configuration des lieux en enregistrant mentalement différentes voies de sorties. Elle ne s’était jamais fait prendre, et ça ne commencerait sûrement pas aujourd’hui, avec un simple paysan.
Elle reprit finalement sa roche et longea la limite du champ sans quitter le garçon et sa jument des yeux. Elle s’arrêta, et jugea enfin sa position satisfaisante. Elle s’était approchée le plus possible de son futur bien sans se faire voir; mais tout de même, ce n’était pas vraiment un exploit car le garçon ne semblait pas particulièrement intelligent… De cet endroit, elle pourrait accéder au cheval en quelques rapides enjambées, et à l’extrémité opposée de la clairière se situait un fossé. Exactement ce qu’il lui fallait.
Elle jeta un dernier regard au soleil qui c’était définitivement éteint à l’horizon, tout en séchant ses mains sur ses pantalons de toile un peu large, avec de grandes bottes de cuir lui montant aux genoux. Comme haut, elle portait les épaules et les bras dégagés dans cette chaude saison, avec une simple camisole attachée par des lacets de cuir à l’avant. Ses grands cheveux noirs voletant dans la brise, elle saisit finalement à deux mains sa roche et la leva bien au dessus de sa tête. Dans la pénombre, il était impossible que le garçon l’aperçoive. D’un mouvement fluide, elle la projeta de toutes ses forces et la roche passa bien au dessus du cheval et de son propriétaire pour aller se jeter avec vacarme dans le fossé qu’elle avait aperçu un peu plus tôt.
Immédiatement, elle s’accroupit et observa attentivement la réaction du garçon quelque peu déconcerté. De toutes ses forces, elle espérait qu’il allait mordre à l’hameçon… Et c’est ce qu’il fit. Devant la nervosité grandissante de l’équidé à cause du bruit, il ne pu s’empêcher d’aller jeter un coup d’œil au fossé, au cas ou une bête y serait tapis. Sans demander son reste, la voleuse saisit sa chance et s’approcha du cheval à grandes enjambées dès que le malheureux eu le dos tourné.
Dès qu’elle fut près du cheval, elle le rassura de sa voix douce et mélodieuse, car il piétinait de nervosité à la vue du nouvel humain sortit de la pénombre. Le calme rassurant de sa future cavalière le fit taire, et la voleuse jeta un dernier coup d’œil au garçon qui battait les fourrées à la recherche d’une menace imaginaire. Elle ricana devant sa stupidité, puis sauta souplement sur le dos de l’équidé à la robe grise. Se penchant sur son encolure, elle avisa la sortie aperçue plus tôt et s’élança dans cette direction sans jeter un regard vers l’arrière. Le bruit des sabots martelant le sol à une cadence soutenu alerteraient sans aucun doute le jeune homme dans les plus brefs délais. Mais ombre parmi les ombres, le cheval et sa cavalière étaient désormais à peine perceptibles.
À toute vitesse, la végétation défilait autour de la voleuse de chevaux. Ayant lancé ce puissant équidé dans une folle cavalcade sans posséder de harnachement pour freiner sa course, elle ne pouvait qu’attendre le bon vouloir de sa monture pour ralentir. Mais celui-ci ne semblait pas prêt de s’arrêter, et la jeune fille du se résoudre à attendre que le cheval se fatigue par lui-même. Elle continua à ce train pendant un certain moment, puis sentit le cheval atteindre ses limites. Il ralentit graduellement, pour finalement trottiner puis marcher entre les arbres centenaires de cette forêt. Impressionnée, la cavalière quelque peu fatiguée observa ces grands arbres dont la cime restait invisible. Leurs troncs étaient si larges que cinq hommes auraient été incapables de se prendre les mains en entourant l’arbre.
Laissant son regard voleter sur ce qui l’entourait, elle se rendit compte qu’elle n’était jamais aller aussi loin dans cette forêt, qu’elle croyait pourtant connaître comme sa poche. Un long frisson glacée lui parcouru l’échine; le silence et l’obscurité, qu’elle appréciait habituellement, lui semblait ce soir pesant et dangereux à la fois. Sachant très bien que la peur était son pire ennemi, car elle pouvait pousser un homme pourtant sain d’esprit au bord du gouffre, elle décida de se changer les idées. Immédiatement, un sourire apparu sur ses lèvres en repensant à la naïveté de l’ancien propriétaire du cheval. En réalisant avec quelle facilité elle c’était approprié le cheval, elle faillit exploser de rire; mais ce rire mourut dans sa gorge, et elle ouvrit de grands yeux apeurés.
- Amélia...
Sa respiration s’accéléra tandis qu’elle jetait des regards désespérés aux alentours. Elle aurait voulu fuir, mais elle savait bien que c’était complètement inutile, car la voix résonnait à l’intérieur de sa tête. Instinctivement, elle appuya frénétiquement dans les flancs de sa monture, qui s’était désormais arrêté. Mais elle ne bougea pas d’un pouce, insensible aux commandes de sa cavalière. C’est à ce moment qu’elle l’aperçu; la fillette dans sa robe grise en lambeau, sa peau pâle et ses grands yeux turquoise qui l’imploraient silencieusement. Ses petites lèvres roses prononcèrent à nouveau son nom, mais aucun son audible n’en sortit.
- Amélia…
La cavalière se prit la tête à deux mains, incapables de supporter ces incursions mentales, comme si on lui volait son âme. Elle poussa un râle, faible et rauque. Que cette maudite fillette sorte de sa tête! Sous elle, elle sentit le cheval s’agiter, mais sans pour autant avancer, car l’enfant lui barrait le chemin. La pauvre bête semblait autant souffrir que sa cavalière. Cette dernière inspira profondément, comme si elle manquait d’air, puis soutint le regard déroutant de l’enfant, les yeux pleins d’eau.
- Qui es tu..?
La fillette la fixa encore un peu dans un silence pesant, puis ses lèvres bougèrent à nouveau tandis que la voleuse poussait un gémissement de souffrance. Sous elle, le cheval s’agitait de plus en plus. Si elle ne faisait rien, elle serait bientôt désarçonnée.
- Amélia… Nous avons besoin d’aide.
Avant d’avoir pleinement pris conscience des paroles de la fillette, le cheval roula de grands yeux effrayés et rua de toute ses forces, projetant sa cavalière comme un vulgaire sac de farine dans un petit bosquet. Sans attendre, il prit la fuite entre les arbres centenaires. La fillette se pencha vers la voleuse et bougea de nouveau ses minces lèvres. Mais celle-ci sombra dans l’inconscience bien avant d’avoir pu entendre les paroles incompréhensibles de l’enfant. Juste avant de sombrer, elle aperçu quelques étoiles briller dans le ciel, entre les branchages de grands arbres. Puis ce fut le noir complet.
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Invité | Chapitre 3
Les bras ballants, la mâchoire affaissée, le découragement envahis Thomas lorsqu’il aperçu la queue claire de son cheval disparaître entre deux bosquet. Trop concentré à repérer le danger tapis dans les fourrés, il n’avait pas vu comment son cheval s’était libéré du nœud qui le rattachait au poteau; mais ce qu’il pouvait voir, maintenant, c’était qu’il n’y était plus.
Il avait longuement économisé pour pouvoir se procurer cette bête; et il l’avait perdu avant même la fin de la journée. Mais comme le lui disait souvent son père, le découragement était inutile et empêchait toute réussite. Mettant de coté ses sentiments négatifs, il réfléchit à la solution plutôt qu’au problème. Habitué à la forêt, il serait aisé pour lui de suivre l’équidé, même dans l’obscurité. Les traces étant fraîches et claires, il pourrait peut-être même être rentrer avec son cheval avant le lever du soleil.
Plissant ses yeux d’ambres, il secoua la tête et partit en trottinant vers le dernier endroit où il avait vu l’animal, ses grandes enjambées avalant l’espace. Quelques secondes plus tard, il était disparu entre les grands arbres, tandis que les oiseaux de proies tournaient inlassablement autour de sa chaumière abandonnée, comme témoin muet de la scène.
Il courut longuement dans la forêt, suivant les traces marquées profondément dans le sol de terre. Au départ, elles étaient plutôt espacées, allant toujours à la même cadence. Il suivit longuement ces traces, les yeux fixés sur le sol; puis finalement, les foulés se firent plus petites, plus rapprochés, tout en gardant une certaine cadence. Il accéléra la sienne, certain de trouver bientôt son cheval perdu. Il arriva finalement dans un espace quelque peu dégagés, entourés d’arbres gigantesque.
Il s’accroupit au sol, puis effleura de ses doigts frêles les profondes empruntes. Ici, le cheval c’était arrêté. Pourquoi? Il ne saurait pas le dire. Relevant les yeux à la recherche de sa piste, il aperçu un peu plus loin des branches cassés, et les empreintes qui avaient repris de l’espace, démontrant avec quel rapidité le cheval avait bondit. Tout en soupirant, il reprit sa marche forcée dans la forêt, sans cesser de fixer la piste qu’il suivait. Ce qu’il ne vit pas, c’était la jeune fille effondrée dans un buisson, camouflée par l’obscurité. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’elle était la cause de tous ses malheurs… qui ne faisait que commencer.
Fidèle à son trajet, le soleil commençait à projeter ses pâles rayons à travers l’épaisse frondaison de la forêt d’arbres centenaires. Amélia, une main sur le crâne, gémit tandis qu’elle tentait de chasser les brumes insistantes du sommeil et de sa chute relativement brutale. Secouant doucement la tête, elle entrouvrit ses paupières tout en se redressant sur ses coudes. Autour d’elle, le monde était flou, mais se précisait rapidement. Se redressant complètement, mais sans pour autant se lever, elle chassa distraitement quelques mèches rebelles. Relevant son regard, c’est alors qu’elle les aperçu.
Autour d’elle, une meute de loup se rapprochait inexorablement, tout en émettant un long grognement, grave et bas. Lentement, sans faire le moindre geste brusque, la voleuse se releva sur ses pieds. Un loup grogna un peu plus fort sans la quitter des yeux, avançant encore d’un autre pas. Rapidement, les autres firent de même.
Une vague d’adrénaline la submergea alors, tandis qu’elle jetait des regards frénétiques et désespérés vers une voie d’échappement. Sa respiration s’accéléra; elle ne voulait pas mourir. Les loups resserraient encore leur cercle mortel, et le temps jouait contre elle. Sans plus hésiter, elle fonça à toute allure dans une brèche qu’elle avait repérée quelques secondes plus tôt. La même qu’avait empruntée Thomas, quelques heures auparavant…
La vie de voleuse étant dure, elle avait appris à courir vite pour échapper aux malheureux qu’elle allégeait de leurs biens. Pour elle, les arbres et buissons étaient comme des gens ou des étals à éviter; les racines, les inégalités des pavés en ville. Mais elle avait beau courir vite, au point de voler entre les arbres, ce n’était pas la même chose de se faire poursuivre par un gros boulanger que par une meute de loups affamés. Si elle ne trouvait pas rapidement une solution, elle se ferait inévitablement rattraper.
Le garçon, un peu avant le lever du soleil, avait perdu la trace de son cheval. Complètement épuisé, découragé et perdu, il avait décidé de revenir sur ses pas. Mais trop fatigué pour faire le chemin en entier, il s’était finalement arrêté… dans un arbre. Il prévoyait donc faire une sieste, puis finir le chemin du retour. Assis sur la branche la plus basse des arbres géants, il appuya confortablement sa nuque contre le tronc, puis ferma ses yeux. Son visage étant en plein dans un rayon de soleil, une douce chaleur se diffusa en lui, tandis qu’un mince sourire apparaissait sur son visage. Autour de lui, seul les bruits de la nature se faisaient entendre; les oiseaux chantaient, les feuilles des arbres bruissaient alors qu’au lointain, un écureuil couinait de frustration…
La respiration haletante, la sueur ruisselant sur ses tempes, une main plaquée contre son point de coté, Amélia courait toujours pour sa vie. Derrière elle, elle pouvait entendre les lourdes pattes des loups s’affaisser sur le sol de terre. Même si elle ne les voyait pas, elle savait que leurs longues griffes laissaient des sillons dans le sol. Elle frissonna, imaginant les loups lui labourer le ventre, après l’avoir fait tomber au sol. Il ne suffirait que le chef de meute puisse saisir sa cheville, et s’en serait finit d’elle. Rapidement, elle chassa cette pensée de son esprit.
Et pourtant, elle pouvait sentir le souffle chaud et humide du loup contre sa jambe…
Complètement désespérée, prête à abandonner, elle vit soudainement une main jaillir d’un des grands arbres un quelques pas devant elle. Sans hésiter, elle mis toutes ses forces dans ce dernier saut, puis saisit la main qui se tendait vers elle. Avec habileté, l’adrénaline parcourant ses veines, elle escalada le tronc de l’arbre avec ses puissants mollets tout en s’appuyant sur la main qui l’aidait toujours. Sans remords, elle y mit quasiment tout son poids; si elle tombait, son sauveteur la suivrait. Sous l’effort, elle l’entendit grogner et un sourire apparut sur ses lèvres, même dans sa situation plus que périlleuse.
Au prix de ses dernière forces, elle réussit finalement à s’asseoir sur la branche, puis jeta un coup d’œil aux loups, qui grondaient et démontraient leurs frustrations devant la perte de leur proie. Ils arpentaient le sol, levant les yeux vers les deux humains camouflés par des feuillages. Au fond, son sauveur ne lui avait offert qu’un sursis, car elle ne voyait pas comment elle pourrait se sortir de là… À cette pensée, elle se retourna pour le voir et son cœur manqua un battement.
C’était le stupide garçon d’étable à qui elle avait volé le cheval!
Et pourtant, il affichait un petit sourire qui ne semblait pas bien méchant. Se reprenant immédiatement, la voleuse referma sa mâchoire, qui s’était affaissée quelques instants plus tôt. Elle afficha un petit air de dédain supérieur, comme à son habitude. Le garçon, pour sa part, la regardait toujours, incapable de parler. Puis il balbutia un peu, et réussit à s’adresser à la jeune fille. Mais ce qu’il dit n’était pas pour autant d’une très grande perspicacité…
- Je t’ai vu, aujourd’hui… - Quelle évidence… Moi aussi, je te vois. - Euh, non, hier… Au marché.
Amélia cacha bien son soulagement. Au moins, le garçon n’avait pas dit « Je t’ai vu, hier, voler mon cheval… » Son problème aurait alors été d’une toute autre envergure. Le garçon ne semblait pas spécialement dangereux, mais il fallait toujours se méfier. Un éclair de lucidité passa dans le regard du garçon.
- Mais que fait tu dans le fin fond de cette forêt, poursuivis par une meute de loup?
Comme pour mettre du poids à sa déclaration, il désigna du menton les canins qui s’agitaient bruyamment à leurs pieds. Mais immédiatement, la voleuse reprit son regard agressif et lui cracha sa réponse comme une chatte en furie.
- Ce que je fais ne te regarde en aucun point. Et de toute façon, je pourrais te retourner aisément la question.
Le garçon sembla mal à l’aise quelques secondes, mais se reprit rapidement.
- Je cherche mon cheval… Il s’est échappé, puis j’ai perdu sa trace. J’étais en route pour revenir chez moi.
Amélia soupira. Même si ce n’était pas sa première préoccupation, en ce moment, elle aurait aimé retrouver ce cheval. Mais si un garçon des bois n’avait pas été capable, elle n’aurait aucune chance. Elle ramena sa pensée au présent, le garçon la regardant comme si il attendait une réponse. Elle grommela une réponse à son intention.
- Je ne te dirais jamais ce que je fais ici… - Puis je au moins savoir ton nom?
Elle ouvrit la bouche, prête à répondre par la négative. Puis elle se ravisa, puisque de toute façon elle aurait besoin de lui pour trouver une façon de partir d’ici. Mais elle détestait l’idée d’avoir besoin de quelqu’un.
- Je m’appelle Amélia. - Moi, c’est… - Je ne veux même pas savoir! « Gamin », c’est très bien pour toi!
Se disant, elle recula brusquement sur sa branche, en manque d’espace. Ce qu’elle ne vit pas, c’était que derrière elle, c’était le vide. En attente, les loups levèrent les yeux tout en jappant d’excitation, tandis qu’Amélia ouvrait la bouche pour pousser un petit cri de surprise. Immédiatement, le « gamin » se pencha vers l’avant et attrapa habilement son poignet, se retenant de l’autre main sur une branche précaire. Au lieu de la remonter immédiatement, il plongea son regard dans celui d’Amélia, et parla avec une voix claire.
- C’est la deuxième fois que je te sauve la vie. Et tu ne veux même pas savoir mon nom?
Devant les grondements frustrés des loups, il remonta souplement la jeune fille sur la branche, puis se détourna d’elle tout en grimpant plus haut sur les branches, se déplaçant habilement et sans hésitation. Le cœur de la jeune fille battait plus fort. Elle ne voulait pas être toute seule! Elle se redressa, se maintenant en équilibre en agrippant d’autres branches, puis lança un appel au jeune homme.
- Comment t’appelles tu?
Il s’arrêta, puis pencha la tête vers elle.
- Thomas.
Sans attendre, il reprit son ascension.
- Thomas, j’ai besoin de ton aide! Que fais tu?
Il se retourna, un sourire lumineux sur le visage. Pour la première fois de sa vie, Amélia assuma qu’elle avait besoin de quelqu’un. Étrangement, ça ne la dérangeait pas plus que ça…
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Invité | Chapitre 4
L’adolescente jura entre ses dents. La voix de la voleuse s’éloignait progressivement de leur point de départ. Sans le garçon, la fille serait morte depuis un bon moment, rattraper par ses loups. Mais le garçon l’avait fait monter dans son arbre, lui faisant penser qu’il venait de lui offrir un simple sursis qui les condamnerait tout les deux. Mais finalement, ce foutu fermier avait décider de monter plus haut dans l’arbre, ou des branches d’autres arbres se rejoignaient, leur permettant ainsi de voyager d’arbres en arbres pour se débarrasser des loups. Tandis qu’elle réfléchissait, il s’éloignait lentement mais inexorablement.
Elle jura puis passa rapidement une main dans ses cheveux. Elle inspira profondément pour se calmer; elle finirait bien par trouver un moyen de tuer cette fille, ou plutôt cette nuisance. Mais c’était une frustration indescriptible d’entendre cette fille s’éloigner joyeusement avec son compagnon, plutôt que d’entendre ses cris d’agonies tandis que ses loups déchireraient sa chair comme un jouet…
De sa voix chantante et mélodieuse elle rassura l’équidé, puis caressa à nouveau l’encolure du cheval gris pommelé. Elle l’avait trouvé un peu plus tôt dans la forêt, juste avant le garçon. Même si ses bêtes ne le méritaient pas, ils avaient besoin de manger pour rester en forme. Le cheval renâcla de nouveau. Les jappements des loups l’inquiétaient visiblement. À nouveau, elle le calma de sa douce voix, puis ricana intérieurement.
Étant aveugle, elle n’avait jamais pu se voir. Mais souvent, les gens lui avaient dit que son allure était comparable à sa voix; d’une beauté envoûtante. Même si il n’était pas possible pour elle de le vérifier, elle voulait bien les croire. Sous ses doigts fins, elle sentait glisser de longs cheveux lisses et doux. On lui avait déjà dit qu’ils étaient d’un blanc pâle, tout comme sa peau. Et ses yeux aveugles d’un bleu translucide, même si il ne montrait à la fillette que du noir.
Et pourtant, son âme n’était pas aussi pure et belle que pouvait le laisser croire son physique. Elle avait un penchant pour le sadisme; la souffrance d’autrui était son bonheur; les cries d’agonies n’étaient qu’une douce musique à ses oreilles. Une telle perversité pour une adolescente était des plus rare. Mais peut-être était ce la compensation exigée en échange de son apparence.
À nouveau, elle écouta autour d’elle; sauf les bruits habituels de la nature, aucun son ne se faisait entendre. Les jeunes gens s’étaient assez éloignés. Agrippant fermement le cheval par la crinière, elle plaça deux doigts dans sa bouche et émit un sifflement long et bas, imitant le chant des oiseaux. Puis elle s’éloigna souplement du cheval pour se retirer un peu plus loin. Quelques secondes s’écoulèrent, puis on entendit les lourdes pattes des loups s’abattre sur le sol avec rapidité. Le cheval hennit de terreur, puis il se retourna pour détaler entre les arbres. Sa course fut rapide, mais brève; l’adolescente entendit un lourd corps s’abattre sur le sol avec un hennissement déchiré accompagné de ceux, plus excités, des loups.
Intérieurement, elle sourit. Souvent, elle imaginait être un loup; courir entre les arbres, en quête de sang, avec ses semblables… Faute de pouvoir se transformer, elle les avait placé sous son joug. Elle écouta un moment les bruits que produisaient les chasseurs et la proie. Ces sons dégoûtants pour le commun des mortels étaient d’une toute autre douceur à ses oreilles. Mais rapidement, elle se lassa de ce spectacle auditif et laissa son esprit vagabonder entre diverses idées. Sa priorité était d’abattre la fille, tout simplement. Et avec sa meute, pas besoin d’avoir un grand sens de l’originalité; la suivre puis laisser fondre sur elle des loups affamés était une idée simple et efficace.
Ravie, elle saisit une feuille d’arbre pour la faire rouler entre ses doigts. Elle patienta quelques secondes encore, puis émit un sifflement court et direct. Les loups grognèrent, mais ça ne dura pas bien longtemps. Comme des bons chiens, ils s’assirent devant elle et patientèrent, les oreilles dressées dans sa direction. Elle sourit. Tout simplement, elle se trouvait d’une intelligence remarquable. Soupirant d’aise, elle planta ses ongles dans la feuille pour en faire sortir la sève, puis déchira d’un coup sec la feuille en deux parties distinctes.
Elle entendit deux claquements secs de mâchoire non loin d’elle. Ses loups s’assuraient que tout ce qu’elle voulait détruire l’était pour de bon. Avec un rire de gorge, elle s’éloigna en sautillant entre les arbres, les loups à sa suite. Littéralement, elle ne ferait qu’une bouchée de cette fille.
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Invité | Donc voici la suite, même si je doutes que quelqu'un la lise en entier (parait que c'est pas winner, les chevaux en début d'histoire XD) mais bon au moins je le fais aussi pour un travail d'école donc ce n'est pas (complètement) du temps perdu. Bonne lecture aux courageux qui n'ont pas peur des mots... Chapitre 5
- Maëda Sans Voix, tu es d’une stupidité, c’est tout simplement incroyable!
Rougissant de plus en plus, la fillette aux cheveux blonds baissa piteusement la tête en entendant son nom au complet. Habituellement, ça n’augurait rien de bon…
- Comment peux tu penser que… Argh! N’oublie pas que tu es la future représentante d’un peuple. Alors s’il te plaît, arrête immédiatement avec tes idées farfelues, et écoute moi, Bon Dieu!
Aux confins d’une forêt aux arbres plusieurs fois centenaire, un vieil homme s’arrachait de frustration les quelques cheveux d’un blanc immaculés qui résistait encore sur son crâne. Non loin de lui, une enfant, aussi rouge qu’une pivoine, subissait les assauts répétés de cet homme quelque peu sénile. Assise sur le sol dure et glacé d’une caverne, elle tremblait, mais non pas de froid; les contradictions qui sévissaient en elle était sur le point de la rendre dans un état proche de celui de son maître. Elle releva honteusement les yeux vers lui et tenta vainement de s’expliquer.
- Mais, je pensais que… - Je sais, Maë, je sais! Tu penses sans cesse, et ce n’est pas toujours pour ton bien.
Elle se tut un instant, mais revint vite à l’assaut.
- Peut-être que c’est vous qui êtes dans l’erreur, maître. Vous êtes un humain, comme tous ici. Commettre une faute est autant à votre portée que moi.
Le centenaire, qui avait tourné le dos à la fillette pour se masser les tempes et réfléchir un instant, fit volte face, rouge à son tour, mais pour une toute autre raison; il était insulté de l’affront que pouvait faire preuve cette enfant. Il inspira profondément, et parla avec une lenteur calculée et à peine contrôlée.
- Maë, cette fille ne vaut rien… Ce n’est pas celle que la prophétie cherche. Sort ça tout de suite de ta tête, sinon… - Sinon quoi?
De plus en plus ébahi, le vieil homme la regarda sans dire un mot. Puis il marmonna dans sa barbe, le regard perdu vers quelque chose que lui seul pouvait voir.
- Et si je m’étais trompé…
Un éclair passa dans les yeux de la fillette, pensant que son vieux maître changeait tranquillement d’avis pour se rallier à la cause de son apprentie.
- Vous comprenez, maintenant? Celle au regard perdu, ce n’est pas… - Assez, assez! J’ai déjà entendu ta théorie trop souvent. Et tu t’en vas sur le mauvais chemin… Non, je me demandais si je ne m’étais pas trompé lors du choix de mon apprenti. On dirait bien que oui…
L’homme releva les yeux, un sourire cruel sur le visage. L’apprentie, terrassée, ne put omettre d’objections. Son menton tremblota sous l’insulte, mais elle se ressaisit rapidement. Elle ne donnerait pas l’occasion à ce vieux fou de la voir pleurer. Devant son silence éloquent, le vieil homme continua.
- De toute façon, court après ces jeunes gens si l’envie te tiraille. Pendant ce temps, je trouverais la vraie solution, et tu ne ferais que me ralentir avec ta stupidité et tes questions de gamin.
D’un geste dédaigneux de la main, il chassa la fillette sans lui jeter un regard. Fulminante de rage, elle se leva dans le silence complet qui siégeait dans la grotte. Lentement, elle marcha jusqu’à un petit corridor ou elle seule pouvait passer, à cause de son étroitesse. De l’autre côté, son antre, petit mais confortable, l’attendait. C’était son lieu de paix; personne ne pouvait venir la déranger, pas même le vieux maître. En son centre, un petit bassin d’eau limpide attendait le bon vouloir de l’enfant.
Elle s’agenouilla sur le sol, puis saisit en sa main deux cailloux de la grosseur de son poing. Elle les serra un instant contre son cœur, puis les jeta avec habileté et douceur dans l’eau. Une onde parcourue la surface, qui se brouilla encore et devint opaque. Puis, différents tons de couleurs apparurent lentement sur la surface du bassin. Tranquillement, les couleurs se transformèrent pour donner naissance à des formes, puis à des images. Le processus, quoi que complexe, se déroula en quelques secondes.
La fillette se pencha un peu, laissant ses cheveux d’un blond miel venir effleurer la surface de l’eau. Elle observa l’image apparut sur l’eau un moment, puis ses lèvres d’un rose pâle bougèrent tandis qu’elle prononçaient des paroles. Mais aucun son ne résonna en son antre; la fillette était muette…
- Celle au regard perdu sauvera le peuple sans voix de son contraire…
Chapitre 6
- Celle au regard perdu sauvera le peuple sans voix de son contraire…
Amélia s’arrêta net, le souffle coupé. Serrant les dents, elle appuya ses mains contre ses tempes, comme pour empêcher les mots de résonner dans sa tête; en vain. Aussi douloureuse cette expérience fut elle, la fille aux yeux bicolore aurait pu la reconnaître entre milles. Étrangement, elle n’avait pas repensé à l’épisode qu’elle avait vécu avec la fillette blonde. Elle l’avait mis sur le fait que le coup l’avait sonné, et qu’elle ne se rappelait plus ce qui était vraiment arrivé… Mais ces nouvelles paroles confirmaient ses craintes.
Elle inspira à fond, puis releva les yeux pour observer les alentours; l’enfant n’était pas là, comme lors de leur première rencontre. Et pourtant, elle l’entendait tout aussi clairement. Tranquillement, la douleur se dissipait. Reprenant le contrôle de son esprit, elle répéta la phrase sans queue ni tête qu’elle venait d’entendre : ‘Celle au regard perdu sauvera le peuple sans voix de son contraire…’ Non, vraiment, elle n’y comprenait rien.
- Hum… Tu vas bien, Amélia?
Reprenant contact avec la réalité, elle réalisa que Thomas venait de lui poser une question. Comme pour le rassurer, elle lui sourit, et sincèrement. Une expérience nouvelle, de sourire pour quelqu’un sans avoir comme but de mieux le tromper par la suite. Mais même si elle avait appris à apprécier Thomas, elle n’avait aucune envie de lui parler de ses ‘malaises’.
- Oui, j’ai juste un peu chaud…
Même si ce n’était pas la raison pour laquelle elle c’était arrêtée, elle réalisa que c’était bien vrai. Ils avançaient à une vitesse soutenue, passant d’arbres en arbres pour s’éloigner des loups sans avoir à fouler le sol. Même si il ne les voyait plus, Thomas avait insisté pour continuer un peu dans les arbres, pour s’assurer qu’ils étaient bien partis. Ne trouvant aucune raison de refuser, Amélia l’avait suivit sans poser de question. Mais maintenant, les échardes pleins les mains, ses vêtements déchirés par endroits, avec des morceaux d’écorces dans les cheveux, la voleuse attendait avec impatience de pouvoir à nouveau poser pied sur la terre ferme. Comme pour répondre à sa demande muette, Thomas continua.
- Près du sol, il fait sûrement plus frais. Je pense qu’il est sécuritaire de continuer notre chemin à pied maintenant, les loups ont arrêté de nous suivre depuis un bon moment. - Enfin…
Soupirant de soulagement, Amélia allait commencer sa descente, mais son compagnon l’arrêta d’un geste de la main.
- Je vais aller voir en premier, je t’appellerais si c’est dégagé…
La voleuse réprima mal son sourire devant la galanterie de son compagnon. Elle était habituée à s’occuper elle-même de sa sécurité, mais si le garçon voulait le faire… Moqueusement, elle lui répondit en tentant de garder son sérieux.
- Merci de ce geste, Ô grand guide forestier…
Thomas lui sourit simplement, et amorça sa descente. Ils étaient montés haut dans les arbres, et elle savait que ça lui prendrait un moment à atteindre le sol, puis ‘inspecter’ l’environnement. Elle s’assit plus confortablement sur sa branche et appuya sa tête contre l’arbre tout en fermant les yeux. Si ils n’étaient pas perdus en pleine forêt, elle aurait quasiment pu apprécier cet instant. Inspirant à fond l’air de la nature, elle laissa le chant des oiseaux et la brise fraîche l’envelopper. Par paresse mentale, elle n’avait pas envie de réfléchir à ce que la voix pouvait bien lui vouloir.
- Amélia…
Le corps entier de la jeune fille fut parcourut d’un frisson. Elle se refusait à ouvrir les yeux, comme pour fuir une réalité inévitable. Et pourtant, elle n’avait pas vraiment le choix… Elle entrouvrit les paupières, et aperçut une enfant, aux immenses yeux bleus et aux jolis cheveux blonds, la regarder avec une détresse palpable. À nouveau, ses petites lèvres bougèrent pour former des mots inaudibles.
- Amélia… Écoute moi.
À ce moment, Amélia réalisa qu’elle ne ressentait plus de douleur lorsque la fillette lui parlait; un malaise la parcourait devant ces incursions mentales, mais rien de plus. Au fond, elle ne lui voulait peut-être aucun mal… Ou sinon elle voulait gagner son amitié pour mieux la tromper par après. Le regard de la voleuse aguerrie se durcit, détaillant encore l’enfant blonde. Ses vêtements, que l’on pourrait plutôt qualifier de haillons, laissaient entrevoir un corps fragile, et faible. Mais le regard déroutant de l’enfant démontrait une force de volonté, un courage et une détermination peu commune. Tandis qu’elle s’apprêtait à répondre à l’enfant, un son la dérangea, et elle tourna vivement la tête.
- Amélia, t’as fini de dormir? Les loups sont partis, si tu veux savoir…
C’était simplement Thomas. Il pourrait bien attendre quelques instants. Entrouvrant sa bouche pour parler, elle ramena son regard vers son interlocutrice… Qui brillait par son absence. La fillette était partit. Jurant entre ses dents, Amélia amorça sa descente tout en se promettant de ne plus la laisser filer comme ça. Elle désirait savoir ce que lui voulait l’enfant. Mais si elle continuait à se défiler de cette manière, elle n’aboutirait pas à grand-chose. Au prix de nouvelle écharde, elle atteignit finalement le pied de l’arbre. Thomas l’attendait, un sourire malicieux sur les lèvres.
- Eh bien, ce n’est pas trop tôt… - Oh, arrête de te plaindre… As-tu au moins une idée de l’endroit ou nous sommes? Parce que disons que, j’ai autres choses à faire que gambader dans une forêt avec une meute de loups non loin.
Amélia pinça ses lèvres. Ce qu’elle n’avait pas dit, c’était qu’elle avait en fait d’autres gens à voler après la perte du cheval. Pendant un instant, elle se sentit honteuse de ses gestes, mais ce sentiment fugace partit aussi vite qu’il était venu; elle était ce qu’elle était, et ce garçon avait beau être sympathique, il n’y changerait rien.
- Hélas, non. Je connais cette forêt comme ma poche, mais voyager d’arbres en arbres nous a éloigné de la ville, j’en ai bien peur.
Comme pour mettre du poids à ses paroles, il écarta théâtralement les bras et tourna lentement sur lui-même pour désigner la nature environnante. Amélia soupira d’agacement. Elle était frustrée, perdue, se faisait poursuivre par une enfant fantôme, et… Son ventre gronda. Elle avait tellement faim! Devant sa mine déconfite, Thomas éclata d’un rire franc qui résonna entre les arbres.
- Si jamais tu as trop faim, je pourrais toujours te préparer des grenouilles… - Des grenouilles?!
Indignée, Amélia ne vit pas immédiatement la lueur malicieuse dans le regard de son compagnon, puis finit par rire à son tour. Au moins, elle était bien accompagnée…
Tandis qu’il s’éloignait joyeusement entre les arbres, Amélia rata un détail plus subtil que l’humour de son ami. Non loin d’eux, une adolescente, les lèvres pincées, une main passée distraitement dans ses cheveux, l’autre sur la tête d’un loup, les observait avec fureur. Elle avait voulut lancer sur eux ses loups; mais étrangement, quelque chose l’avait retenu. Cette fille, cette inconnue qu’elle avait pourtant l’impression de connaître comme sa soeur… Elle ne pouvait pas mourir si simplement. Il fallait qu’elle sache. Rageusement, elle se retourna, une meute de loups déçus à sa suite. |
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Pièces : 17506 Nombre de messages : 58002 | Je viens de lire les deux dernier chapitres, et mon avis et le même : c'est très bien écrit, aéré, etc. mais je suis pas vraiment fan du theme ><. Quoi qu'il en soit, tu as du avoir une bonne appréciation à l'école avec ce travail, car l'écriture est remarquable. |
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Invité | Merci, Linkfan. Pour moi, c'est vraiment important d'avoir une belle écriture et de l'améliorer. Mais par curiosité, que considère tu comme mon thème?
Chapitre 7
Maë soupira de soulagement, et étendit un de ses petits bras vers l’avant. Elle le plongea dans l’eau fraîche, et à nouveau limpide, de son bassin. De ses doigts experts, elle saisit les deux roches qui reposaient au fond de ce dernier. Lorsqu’elle les sentit, bien calé dans le creux de sa main, elle les remonta puis les replaça au bord de l’eau. Un autre jour, bientôt, elle aurait à nouveau besoin d’eux. Repensant à ce qui serait arrivé si elle ne les avait pas utilisés aujourd’hui, elle frissonna de tout son petit corps.
Elle avait vainement tenté de parler à Amélia; mais l’autre, le garçon, l’avait déconcentrée et l’enfant n’avait pas pu garder la connexion. Elle était donc retournée dans sa caverne, qu’elle n’avait quitté que d’esprit tout en projetant une image d’elle-même sur l’arbre. Revenu près du point d’eau, elle allait retirer les roches lorsqu’elle aperçut, au dernier instant, l’adolescente aveugle qui s’apprêtait à lancer sur sa protégée une meute de loups. L’influencer psychologiquement dans son choix avait été très dure; sa décision était déjà prise et réfléchie. Mais elle avait finalement réussit, offrant ainsi à sa protégée un sursis pour accomplir la prophétie.
La fillette s’étira, comme sortie d’un profond sommeil. Elle se leva finalement, puis se dirigea vers le minuscule tunnel qui reliait son antre à la caverne principal de son maître. Habituée, elle se plaqua contre le sol et se hissa à l’aide de ses coudes sur la courte distance qui séparait les deux alcôves. Arriver sur le seuil de la caverne, elle s’arrêta sans bruit pour respirer un peu avant d’affronter la terrible personne que pouvait être le vieil homme. Se faisant, elle pencha l’oreille sur les bruits et paroles qu’elle entendit. N’étant que deux dans la caverne et ses dédales, elle ne voyait pas avec qui l’ancêtre pouvait converser.
- Regard Perdu, je suis si content de te trouver, finalement! - Vieil homme, j’ai un nom. Je m’appelle Dakaï. - Bien sûr, je le sais… Mais ton nom de prophétie est Regard Perdu, alors… - Vos prophéties ne font pas montre de beaucoup d’originalité.
Le vieil homme ricana, mais se ressaisit aussitôt, se rappelant à qui il parlait. Son apprentie, pour sa part, était cachée dans l’ombre, désireuse de savoir les enjeux de cette conversation à l’insu de ceux qui parlaient.
- Bien sûr, Dakaï… Mais les prophéties sont ainsi faites pour les personnes stupides, comme mon apprentie, qui ne savent pas bien les déchiffrer.
Sur ces mots, il s’esclaffa d’un rire gras, et continua.
- Et pourtant, elle réussit quand même à mal comprendre ce qui saute aux yeux!
Maë serra les dents pour s’empêcher de crier au vieil homme que c’était lui qui avait faux sur toute la ligne. Et à cause de son aveuglement, il y avait une inconnue dans sa caverne. Et si l’apprentie ne se trompait pas, ce n’était pas n’importe qui; la maîtresse aveugle, celle qui dirige les loups, était sur son territoire. L’enfant déglutit péniblement. Les enjeux étaient trop importants pour qu’un vieux fou gâche le travail de ses ancêtres. Son maître croyait avoir sous les yeux Regard Perdu; mais ce n’était qu’un imposteur, Maë le savait bien. Pendant ce temps, la véritable était dehors, à courir tout les dangers…
Et pourtant, elle s’interrogea; pourquoi cette adolescente tentait ainsi de se faire passer pour Regard Perdu? Les gens détestaient habituellement être la clé d’une prophétie, car cela mettait sur leurs épaules un nouveau poids, puisqu’il leur était interdit d’échouer. D’une certaine façon, Maë détestait les prophéties; il empêchaient le libre arbitre et laissait croire au gens qu’il n’avait aucune influence sur leurs destins. Selon le vieux, c’était vrai; selon Maë, c’était faux. Réalisant qu’ils continuaient leurs discussions, elle mis de coté ses pensées complexes et reporta toute son attention sur eux.
- Mais vieil homme, si je dois sauver ton peuple, comment pourrais je y avoir accès?
Même si cette Dakaï parlait habituellement avec un ton neutre et légèrement dédaigneux, la fillette pu ressentir dans sa question relativement banale une pointe d’excitation. Son interlocuteur, pour sa part, semblait un peu déstabilisé.
- Eh bien, je… En fait c’est que… La menace prédite par les prophéties n’est pas encore apparut, donc tu ne peux pas vraiment sauver le peuple lorsqu’il ne souffre d’aucunes menaces…
Même dans cette situation délicate, Maë eut toute la misère du monde à ne pas éclater de rire, tout simplement. La ‘perspicacité’ du vieil homme était des plus… surprenante. D’un ton froid, Dakaï émit une réplique cinglante.
- Vous n’êtes pas mieux que votre apprentie en matière de prophétie. Vous venez me voir en implorant mon aide, l’aide de Regard Perdu, pour sauver ton peuple… d’une menace imaginaire. Sincèrement, vous m’épatez par votre stupidité.
L’adolescente semblait des plus frustrés. Non pas parce qu’elle ne pourrait pas aider autrui; elle ne l’aurait sûrement jamais fait. Mais pour une raison qui échappait encore à Maë, cette maîtresse des loups voulait avoir affaire avec son peuple. Et l’apprentie n’aimait pas du tout cela… Considérant qu’elle en avait assez entendu, elle rebroussa silencieusement chemin jusqu’à son antre personnel. Arrivée devant son bassin, elle saisit ses deux pierres blanches polies pour les faire rouler entre ses doigts tout en réfléchissant. Dakaï était une menace, ça devenait évident. Le stupide maître de Maë, en sautant aux conclusions trop rapidement, pensait que c’était Regard Perdu à cause de sa cécité. Mais la prophétie ne pouvait pas être aussi évidente.
Ensuite, il y avait Amélia. Même si elle ne pouvait pas encore dire pourquoi, Maë savait que c’était elle, la véritable Regard Perdu. Et d’une certaine façon, elle était liée à Dakaï. Le plus rapidement possible, elle devait entrer en contact avec elle, pour l’avoir à ses cotés lorsque la menace se présenterait. La menace…
La respiration de Maë s’accéléra, et elle mordit fébrilement sa lèvre inférieure. La menace! Elle était déjà présente! Comment Maë avait elle pu passer à coté sans le voir plus tôt? Elle saisit ses pierres, prêtes à les utiliser. Mais soudainement, elle entendit d’étranges bruits provenant de la caverne principale. Lâchant ses pierres, elle s’élança vers la sortie et se tortilla jusqu’à l’autre extrémité de son tunnel. Sur son seuil, elle freina puis recula quelque peu pour rester dans l’ombre. La bouche entrouverte, les yeux ronds, elle observa avec un certain détachement la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Son maître, un personnage très respecté parmi les siens car son rôle était de protéger l’entrée menant accès à son peuple, et ce toute sa vie, se retrouvait allongé au sol, les membres écartelés. Chacune de ses chevilles et de ses poignets était retenu dans la puissante mâchoire d’un loup gris, qui attendait patiemment pour broyer ses os. Finalement, un dernier loup s’avança pour saisir doucement dans sa gueule le cou du vieillard, pour ensuite resserrer sa prise. Du sang perla au cou de l’ancêtre, qui gémit comme un enfant. La maîtresse des loups se tenait non loin, avec un petit sourire satisfait sur le visage. Elle ne voulait pas que son prisonnier meure tout de suite, compris Maë. Mais la fin de son maître était d’une sanglante évidence…
- Vieil homme, comment avoir accès à ton peuple?
Comme un vipère, Dakaï, l’adolescente aveugle, siffla sa première question. Le vieux maître roulait de grands yeux effrayés, incapable de formuler une réponse compréhensible.
- Je… Je ne veux pas mourir! - Alors réponds à mes questions, stupide vieillard! - Je ne peux pas…
Contrairement à ce que Maë pensait, Dakaï n’éclata pas de rage devant le refus du vieil homme. Au contraire, elle flatta la tête du loup qui maintenait la gorge de son prisonnier et s’agenouilla auprès de ce dernier. Elle plongea son regard dans le sien, et parla de sa douce voix mélodieuse.
- Si tu veux vivre, tu dois me dire comment avoir accès à ton peuple. Chacun doit remplir sa part du marché. - J’ai promis de ne jamais le révéler…
Le regard de Dakaï se durcit, et elle se releva. Maë pour sa part, pria que son maître meurt avant d’avoir pu lui révéler l’entrée de son peuple. C’était un lâche, et il n’hésiterait pas à révéler la vérité si il se sentait trop menacé. Comme si sa tortionnaire l’avait sentit, elle continua.
- Bien entendu. Mais tu as le choix; tu peux me dire comment me rendre jusqu’à ton peuple, et tu auras la vie sauve. Si tu refuses de collaborer, tes souffrances seront pires que ce que tu peux imaginer. Mes loups sont bien éduqués… Ils te dévoreront lentement, en commençant par les extrémités pour te garder le plus longtemps en vie. Tu me supplieras de te tuer; à la fin de ton calvaire, dans quelques jours si tu es chanceux, j’accéderai à ta demande. Et après notre rencontre, même ta propre mère ne pourrait pas te reconnaître…
Le centenaire tremblait violement et de tout son corps, mais il ne répondit pas. Dakaï claqua des doigts, et les loups resserrèrent un peu leur prise; le vieillard gémit de terreur. Puis elle lui siffla son dernier avertissement.
- Ta réponse, vieillard! Sinon, notre séance commencera immédiatement.
Sa respiration s’accéléra. Tous, dans la caverne, savaient que l’aveugle n’hésiterait pas à mettre ses menaces à exécutions. Le prisonnier, à bout de forces, pleura et commença à révéler à Dakaï le secret le plus précieux de leur peuple, qui vivait en parfaite sécurité… Jusqu’à aujourd’hui. L’adolescente, fascinée, se pencha vers le vieillard pour ne manquer aucune miette de sa confession. Elle enregistra chacune des informations, puis s’assura que ce dernier avait tout dit. Les larmes aux yeux, ce dernier acquiesça. Avec un sourire satisfait, Dakaï claqua une deuxième fois des doigts. Maë, terrorisée, ferma violemment les yeux et rebroussa chemin tout en étouffant ses sanglots. Arrivée dans sa caverne, elle se roula en boule dans un recoin et laissa couler silencieusement ses larmes. Longtemps encore, les cris d’agonies de son ancien maître résonnèrent dans la caverne, et dans l’esprit de Maë.
Mais ce qui marqua le plus Maë, ce fut le rire cruel de Dakaï qui résonna longuement dans l’atmosphère. La menace, c’était elle.
Chapitre 8
Frustré, Thomas observa à nouveau le soleil, qui était désormais à son apogée. Il n’était plus simplement question de retrouver un cheval; lui et Amélia était désormais perdu en pleine forêt, et plus le temps passait, plus il semblait s’éloigner de son objectif. Si ça continuait, il se perdrait définitivement dans cette forêt. Son ventre gargouilla… Ce qui l’avait faim, en plus! L’idée de manger des grenouilles, que l’on entendait croasser des lieux à la ronde, n’était plus si dégoûtante… Tournant la tête vers Amélia, il croisa son regard et l’observa un instant.
- Toi aussi, Thomas, tu penses aux grenouilles?
Le garçon sourit devant la franchise de son amie. Parfois, il avait l’impression qu’elle pouvait lire ses pensées…
- J’ai vu un point d’eau, non loin. On pourra boire un peu… Et si j’ai de la chance, je pourrais t’attraper quelques grenouilles.
Amélia l’observa un instant, incapable de définir si il était sérieux ou non.
- D’accord, si tu veux. De toute façon, qu’on aille dans une direction ou l’autre, on reste toujours aussi perdu.
Maë se réveilla en sursaut. Après avoir pleuré, elle avait du s’endormir quelques instants. Elle se leva précipitamment, et un terrible tournis s’empara d’elle. Appuyant une main contre les murs lisses de sa caverne et l’autre sur son front, elle s’accorda quelques secondes pour reprendre le contrôle d’elle-même. Son maître était mort. Dakaï la Menace avait accès à son peuple. Amélia Regard Perdu ignorait tout de son destin. Et elle, la petite Maëda Sans Voix, devait trouver la solution. Se stabilisant à nouveau, elle approcha prudemment de son petit bassin, et s’agenouilla à ses cotés.
Saisissant les roches blanches dans sa petite main d’enfant, elle les serra comme à l’habitude contre son cœur. Elle les lança dans l’eau, créant de petites vagues. Les yeux ronds, elle attendit quelques secondes que l’image se stabilise. Se penchant au dessus de l’eau, elle observa Regard Perdu et son Protecteur. Il était près d’un autre point d’eau, à battre les jonquilles à la recherche de quelque chose. Maë s’accorda un petit sourire. Si il était près d’un autre bassin, ça lui faciliterait énormément la tâche. Elle plongea ses bras dans l’eau, mais non pas pour se saisir des roches; elle rentra tout entier dans le bassin qui occupait le centre de son antre. Les yeux grands ouverts, les bras croisés contre sa poitrine, elle inspira à fond l’eau du bassin.
Quelques instants plus tard, il n’y avait plus personne dans la caverne.
- Amélia, j’ai une grenouille!
Thomas éclata de rire, et son amie se joignit bientôt à lui. Les jambes enfoncées jusqu’à mi-cuisse dans l’eau, il tenait dans ses mains jointes une petite grenouille visqueuse qui se débattait sans cesse. Il sortit péniblement de l’eau pour rejoindre son amie assise sur le sable aux bords de l’étang. S’agenouillant près d’elle, il écarta doucement les mains pour lui montrer sa ‘trouvaille’. Amélia observa tristement le petit batracien, et en vint à la conclusion que tuer cette petite créature pour si peu de viande était complètement inutile. Relevant les yeux, elle croisa le regard de Thomas, qui sourit.
- Moi aussi, c’est ce que je pense…
Il se releva lentement pour rejoindre le bord de l’étang et libérer la grenouille, qui repartit avec un grand bond dans l’eau. Le garçon revint sur ses pas et s’assit près de sa compagne, qui ne put s’empêcher d’émettre une remarque quelque peu sarcastique à son intention.
- Si tu ne peux même pas tuer une grenouille, je pense qu’on ne survivra pas bien longtemps dans cette forêt.
Thomas la regarda, un éclat malicieux dans ses yeux d’ambres. Tandis qu’il allait émettre une objection, Amélia posa une main sur son épaule, et ses lèvres tremblèrent. Elle pointa de son autre main l’étang.
- Thomas…
Une fillette, qu’elle avait appris à reconnaître, sortait de l’eau en frissonnant, les bras croisés sur sa poitrine, tandis qu’elle observait les alentours. Comme si elle jugeait qu’il n’y avait pas de danger, elle reporta son attention vers Thomas et Amélia, et avança vers eu d’un bon pas. Thomas, complètement déboussolé, l’observait arriver, la bouche grande ouverte. La fillette s’assit devant eux, et les observa tour à tour. Un silence oppressant s’installa, seulement brisé par le croassement des grenouilles et le sifflement du vent entre les roseaux. Les lèvres de la fillette bougèrent, mais le silence était toujours présent.
- Regard Perdu, Protecteur, je me nomme Maëda Sans Voix et j’ai besoin de votre aide. - Regard Perdu..? Protecteur? Je pense que tu te trompes de personnes…
Thomas, complètement perdu, tentait vainement de mettre de l’ordre dans ses pensées. Amélia, pour sa part, était plutôt résignée; elle avait l’impression que la fillette ne se trompait pas, et sa curiosité avait pris le dessus sur sa réserve naturelle.
- Non Thomas, je ne me trompe pas. Tu es le Protecteur de Regard Perdu. La prophétie vous appelle, ne la reniez pas, par pitié. - Nous ne t’aiderons pas par pitié… C’est moi, Regard Perdu? - Oui Amélia, tu es la représentante de Regard Perdu. Je ne saurais encore dire pourquoi, mais c’est toi, j’en suis certaine.
Amélia soupira de lassitude. Si seulement elle pouvait se débarrasser de tout cela. Habituée à fuir ses problèmes lorsqu’ils se présentaient, devoir les affronter de face était une expérience inédite pour elle. Thomas avait pour sa part cesser d’avoir son stupide air incrédule, et fixait maintenant la fillette sans sourciller.
- Et comment pouvons nous t’aider?
Amélia et Thomas se regardèrent, gênés. Ils avaient posé la même question, au même instant. Devant leur question unanime, Maë ne put que sourire.
- La Menace est arrivé.
La réponse courte et directe de Maë fit froid dans le dos à Amélia… ‘La Menace’…
- Quelle menace? - Elle s’appelle Dakaï. Elle menace mon peuple, et je crois qu’elle est déjà là-bas. Selon la prophétie, c’est Regard Perdu qui nous sauvera. Vous devez venir avec moi.
Mal à l’aise, Thomas regarda tour à tour Amélia et Maë. Elle avait plusieurs fois mentionnés une prophétie, et il n’y comprenait rien.
- Maëda… De quelle prophétie parles tu? - Celle au regard perdu sauvera le peuple sans voix de son contraire. - Oh…
Visiblement, savoir la prophétie ne l’avait pas avancé. Amélia, plus rapide que lui, se tapotait la lèvre inférieure tandis qu’elle réfléchissait.
- Logiquement, je suis ‘Celle au regard perdu’. Est-ce que ton peuple en entier parle dans la tête des gens, sans pouvoir prononcer de paroles? - Non. Mais je les représente. - Donc, je dois sauver ton peuple… De mon contraire? - Oui. Certains anciens pensent qu’en te tuant, nous mettrons aussi fin à ton contraire. Ils veulent donc te sacrifier pour nous sauver.
Amélia frissonna. Dans quelle aventure se retrouvait elle donc? La gorge serrée, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres.
- Et… Tu penses comme eux? - Non. Je pense que c’est en vie que tu dois nous sauver. Te tuer, c’est mettre un terme à l’existence de mon peuple. Mais si tu tardes trop à trouver une solution, certaines personnes voudront te tuer. - Qu’est ce qui m’oblige à vous aidez? - Tu ne sortiras jamais de cette forêt si tu ne m’aides pas. - Pourquoi? - Je suis la seule à en connaître la sortie. Si tu veux que je te l’indique, tu dois m’aider.
Amélia passa une main sur sa figure tout en soupirant. Elle avait faim, elle était fatiguée, et son esprit refusait de réfléchir. Relevant la tête, elle regarda Thomas. Ils n’avaient pas vraiment le choix. Le visage de Thomas, qui était plutôt morose, s’illumina soudain d’un franc sourire.
- Dites moi, Maëda, il y a de la nourriture, chez votre peuple?
Maë ne pu s’empêcher de sourire à son tour.
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Pièces : 17506 Nombre de messages : 58002 | Je voulais dire le contexte de l'histoire, ce qui entoure le personnage principal etc. Parce que c'est plus difficile de faire connaissance avec le personnage plutôt qu'une fan fic qui est dérivé d'un manga/jeu et d'où l'on connait déjà les protagonistes ^^. Très belle plume en tout cas. |
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Invité | Chapitre 9
Battant frénétiquement des jambes, Dakaï sortit finalement sa tête de l’eau et aspira l’air frais à pleins poumons. En faisant du surplace à l’aide de ses bras et de ses jambes, elle observa rageusement les ondes de l’eau autour d’elle, puis jura. Même si elle doutait fortement que ses loups la suive à travers le bassin, elle avait espéré jusqu’au dernier instant. Malheureusement, ils ne seraient pas avec elle dans ce nouvel environnement.
Sa plongée ayant duré longtemps, elle resta quelques instants dans cette position pour reprendre son souffle, puis commença à nager droit devant elle. Bientôt, elle sentit sous ses pieds du sable, et continua à avancer tandis que l’eau descendait lentement le long de son torse, puis de ses jambes. Sincèrement, elle n’avait aucune idée d’où elle était.
Peu de temps auparavant, elle avait… parlé… avec un vieil homme, qui était en fait le prophète et protecteur du peuple qu’elle voulait atteindre. Avant de rendre l’âme, il lui avait révélé comme un lâche la façon d’accéder à son peuple. Sans perdre de temps, Dakaï avait suivit les instructions du vieillard, se promenant pendant un moment dans les dédales de la grotte. Habituée à n’y voir que du noir, elle n’avait eu aucun problème à repérer la petite caverne que lui avait désigné le vieillard.
Elle s’y était rendu, et après une dernière hésitation, était entré dans le bassin qui siégeait au centre de la caverne. Le prophète lui avait dit d’entrer dans l’eau, et de respirer celle-ci. Lui riant d’abord au nez, elle avait compris qu’on lui désignait la seule solution et qu’elle devait s’y résoudre. Étrangement, l’expérience ne lui avait pas fait bien mal, et désormais, elle était chez le peuple qu’elle avait tant cherché.
Atteignant finalement le sable entourant l’étang d’où elle venait, elle s’assit en tailleur pour réfléchir. Le peuple Kiba… Elle l’avait atteint! Un long frisson de délice la parcouru tandis qu’elle pensait à tout ce que cela signifiait pour elle. Distraitement, elle tordit ses longs cheveux blancs pour les faire sécher plus rapidement. Ce qu’elle savait de ce peuple, c’était qu’il habitait dans un environnement plutôt restreint, comme dans une cuve; de grandes falaises entouraient leur village, ainsi que divers champs et forêts environnantes. Et aux dernières nouvelles, aucun moyen d’y accéder n’existait. Les falaises étaient bien trop hautes, on y mourait à coup sûr. Mais Dakaï avait pousser ses recherches plus loin, pour découvrir qu’un prophète résidait dans une caverne protégeant l’entrée de son peuple, comme un avant-garde. Immédiatement, l’adolescente c’était mis à sa recherche.
Mais sur son chemin, Dakaï avait rencontré une personne qu’elle n’aurait jamais cru voir. Selon toutes probabilités, les chances de la croiser étaient infimes. Alors de la voir, dans une forêt que nul ne visitait jamais! Elle avait voulut la tuer, étant sa rivale. Mais elle ne l’avait pas fait… Passant une main dans ses cheveux, elle se demanda soudain pourquoi elle lui avait épargnée la vie. Elle ne savait plus. Mais peu importe. Elle était chez le peuple Kiba, et pas elle. Elle avait une avance considérable, personne ne pouvait le nier. Mais elle se demandait ce qu’Amélia pouvait bien faire dans les environs…
Repenser à cette fille la rendait toujours un peu hors de ses gonds. Elle se leva, la chassant hors de ses pensées. Sa priorité était de trouver les Kibans. Par la suite, si ça lui chantait, elle pourrait bien la tuer. Tandis qu’elle allait commencer à marcher, espérant rapidement tomber sur un village, elle entendit des buissons bouger imperceptiblement non loin d’elle. Elle cacha bien son sourire, et resta exactement où elle était. Rapidement, les Kibans se rapprochaient. Même si elle ne les voyait pas, elle se doutait qu’ils pointaient sur elle des armes mortelles. En un clin d’œil, les bruits de pas arrêtèrent. Désormais, elle pouvait entendre leurs respirations longues et profondes.
- Qui es tu?
Ses magnifiques yeux bleus d’aveugles observant un point que nul ne pouvait voir, Dakaï sourit. Finalement, trouver des Kibans n’avaient pas été bien dure.
- Une amie…
Chapitre 10
Un jeune homme était assis au sommet de plusieurs bottes de foin. Dans la grange, un silence omniprésent régnait, seulement brisé par la respiration saccadée de son occupant, et celle, plus aigue et stridente, d’un rat… Le garçon le tenait, la tête bien enfermée dans l’une de ses grosses mains. De l’autre main, il tenait l’une des pattes arrière du rat. Avec un détachement morbide, il observait le rongeur couiner de tout son soul à différent degré, dépendant avec quelle force il tirait sur sa patte. Il était complètement fasciné par la douleur, un sourire béat sur le visage.
Il voulut savoir jusqu’à quel point le rat pouvait supporter la douleur. Il relâcha la tension qu’il pratiquait sur la petite patte, et le rat se calma un peu. D’un coup sec, il tira. Plus fort que jamais, le rat poussa un couinement de mort. Dans une main, le garçon tenait toujours le rat; de l’autre, il observait de plus près le petit membre qu’il venait d’arracher. Le jugeant inutile et sans intérêt, il le jeta au loin. Alors qu’il allait se saisir de la seconde patte arrière de la bestiole, quelqu’un ouvrit la porte de la grange avec fracas. Immédiatement, il jeta comme un déchet le petit rat amputé.
- Jawaki, descend ici, immédiatement!
C’était sa mère. Il baissa les yeux, rouge de honte. On avait sûrement entendu les couinements, et maintenant, le rat l’avait mis dans de beaux draps. Jetant un regard noir vers l’endroit ou le rongeur avait fuit, il descendit lentement vers sa mère en furie. Elle ne le laissait pas un instant en paix…
- Jawaki, pourrais tu, je t’en prie, me dire ce qui provoquait tout ce vacarme?
L’interpeller leva les yeux et osa finalement regarder sa mère en face. Malgré la colère qui faisait trembler sa voix, c’était plutôt de la tristesse et du désespoir que l’on pouvait lire dans ses yeux. Par compassion, Jaw aurait voulut la serrer dans ses bras; mais le moment était quelque peu mal choisi. Sachant très bien que sa mère était au courant qu’il avait ‘joué’ avec une bestiole, il ne prit pas la peine de répondre à sa question et baissa à nouveau les yeux pour observer la pointe de ses bottes de cuir. Même si il était quasiment un homme, il agissait toujours comme un gamin.
Étrangement, il ne reçut pas de sa mère un long discours emplis de frustration comme à l’habitude après l’une de ses écartades. Elle le dépassa pour s’asseoir sur une balle de foin, et cacha son visage de ses mains. Après quelques secondes, un soubresaut parcouru ses épaules et son dos tandis qu’elle commençait à pleurer, et son fils, de plus en plus mal à l’aise, sautillait d’un pied à l’autre, les mains jointes dans le dos. Sa mère pleura un instant, et il se décida finalement à s’asseoir à ses cotés. Il patienta un peu, puis posa une main mal assurée sur son épaule. Immédiatement, sa mère se leva d’un bond, en furie.
- Toi, ne me touche pas! Jaw, tu n’as pas encore reçu ton nom complet car les Anciens considèrent que tu ne le mérites pas. Mais un jour, ils devront se résoudre à te nommer. Sinon, ce serait une honte pour notre famille. Mais dis moi, as-tu envie de te faire nommer Jawaki le Cruel? Ou Jawaki le Pervers? On te nommera par tes actes. Et pour le moment, tes actes, c’est ce qu’ils valent!
La respiration de la femme était rapide, et ses lèvres tremblèrent. Son fils avait tellement changé…
- Jaw, s’il te plait, redevient celui que tu étais… Je t’en prie, je n’en peux plus de ton comportement. - Je vais essayer, maman…
La mère éplorée ravala un dernier sanglot en s’en alla. Chacun d’eux savaient très bien que Jawaki ne changerait pas. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de rêver à cet espoir fugace. Le garçon resta encore quelques instants dans la grange, puis se décida à sortir. Il retournerait chez lui. Avec un peu de chance, il pourrait s’excuser et sa mère se calmerait, pour un moment…
Tandis qu’il franchissait la porte de la cabane à foin, il entendit un lointain brouhaha. Au centre du village, sûrement. Il leva un sourcil, et s’arrêta. Au village, un calme constant était de mise; les évènements spéciaux étaient d’une rareté... Il se décida finalement à reprendre sa marche. Peu importe ce que c’était, il le découvrirait bien assez tôt. Il marcha d’un pas vif entre les maisons, évitant les petits groupes de gens. Mais plus il avançait, moins ils étaient nombreux. Le village en entier semblait être rassemblé. Sa curiosité étant grandissante, il finit le trajet au pas de course, et se fraya un chemin dans la foule rassemblé autour d’un point central. Avec sa taille imposante, il arriva rapidement à la première ligne.
Le souffle soupé, il observait désormais la même chose que tout le monde.
Au centre du village, un petit groupe de chasseur ramenait une étrangère. De toutes les histoires que les Anciens racontaient, il n’avait jamais entendu parler d’un événement pareil. Seul le prophète pouvait venir du Monde, pour ensuite repartir avec son apprenti, qu’il choisissait parmi les enfants du peuple. Lorsque la mort se faisait sentir, cet enfant devenu vieillard revenait à nouveau choisir le prochain prophète et ainsi de suite. Mais jamais un étranger du Monde n’était entré dans leur village. Et ce n’était pas un banal étranger…
Étrangère, plutôt. La fille, d’une quinzaine d’année, se tenait au centre des chasseurs sans sourciller. La peur ne semblait pas être un sentiment qu’elle connaissait. Elle était plutôt grande, et mince. De longs cheveux blancs cascadaient dans son dos, et sa peau, quasiment aussi pâle, ressortait d’une étrange façon entre les guerriers à la peau tannée par le soleil. Ses yeux, d’un bleu pâle, regardaient sans voir. Immédiatement, Jawaki comprit que l’étrangère était aveugle. Mais elle se tenait, fière et droite. Le cœur du garçon se serra.
Souvent, il regardait les filles du village. Il les trouvait jolie, désirable; mais seulement comme des objets. Il ne leur accordait jamais bien longtemps son attention. Mais cette fille, cette inconnue qu’il avait pourtant l’impression de connaître, avait quelque chose de complètement différent. Et elle était d’une beauté…
Jaw remarqua alors quelque chose. Les chasseurs ne la ramenaient pas comme une prisonnière; ils agissaient comme si ils l’escortaient. Mais qui était t’elle donc pour faire un effet pareil aux féroces guerriers de son peuple? Il ne comprenait pas. Autour de lui, les gens jacassaient comme des pies devant l’inconnue. Puis cette dernière avança d’un pas, et le silence fut complet. Le garçon fixa son regard sur les lèvres rouge sang de la fille, qui contrastaient férocement avec la pâleur de sa peau.
- Bonjour, peuple Kiba.
Ce qu’elle venait de dire était d’une désarmante simplicité. Mais la force qui émanait de ses paroles, malgré sa voix douce et mélodieuse, était tout simplement enivrante.
- Je me nomme Dakaï. Dakaï Regard Perdu.
Un murmure parcourus comme une vague la foule de gens qui buvait ses paroles. Quelques uns touchèrent de leur index leur front, signe de soumission. Tout le monde, dans le peuple, connaissait la prophétie. Enfin, Regard Perdu était parmi eux… Reportant son regard vers Dakaï, le garçon observa le mince sourire étirer ses lèvres rouge.
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Invité | Pareil que Link, c'est vachement bien écrit mais j'adhère pas :/
Sinon ta un don pour les fics |
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