Vouloir habiter dans la ville, c'était facile à dire. Seulement, il restait les paperasses à faire avant d'avoir officiellement un toit. Néanmoins, fini le camping ou les auberges où on partage les lits. Faust n'aurait pas trop à se soucier sur le toit dans son nouveau monde. Maintenant, il ne restait plus qu'à adapter ses connaissances par rapport à ceux de Next Wave et de trouver un emploi, de préférence à temps partiel, histoire qu'il puisse explorer le monde par la suite.
Sac bandoulière sur ses épaules, le cornérien était devant une des bibliothèques d'Horuna. Vu son architecture assez importante en taille ainsi que de nombreux transports en commun qui étaient autour, ce lieu devrait être assez prestigieux pour accueillir un grand monde. De l'extérieur, la façade rappelait l'époque victorienne. Mais une fois à l'intérieur, les équipements étaient à la pointe de la technologie et l'endroit accueillait de vieux ouvrages comme ceux qui sont sortis récemment.
L'anthropomorphe parcourut les étagères et examina quelques livres à l'aveugle. Même si les choses sur Nintendo World étaient à peu près similaire que ceux de Next Wave, Faust aurait encore du travail à faire, notamment sur l'histoire et la géographie de l'époque où il se trouvait actuellement. Le bouc prit un ouvrage au hasard qui semblait être un manuel de géographie. Les noms des territoires avaient changés et que les territoires étaient liés à des portails.
Seulement, à peine consulté le livre, une dame à la cinquantaine d'âge se dirigea vers le cornérien d'un air énervée. Cette femme était le profil cliché de la bibliothécaire aigre restant à la préhistoire. Elle n'était pas venu pour dire de se taire. Si le caractère de Faust lui était irréprochable, c'était son apparence qui la dérangeait au point à ce qu'elle ordonne de retirer le "déguisement". Même si quelques personnes étaient au courant de la présence des anciens de Nintendo World, il restait une majorité qui croyaient que Nintendo World, c'est de l'ancien temps. Cela se confirmait quand Faust avait essayé de sortir l'excuse du mutagène ou de dire qu'il s'agissait d'un ancien de Nintendo World. La bibliothécaire se fichait totalement de son histoire. Elle voulait que la personne ne traînait plus dans la bibliothèque en costume de chèvre. Plus le temps passait, plus la dispute s'intensifiait au point d'attirer de nombreux fans d'Hatsune Faust, un des célèbres compositeur de musique. Le rassemblement créa un énorme brouhaha dans ce lieu que la vieille dame avait du mal à exclure Faust du lieu sans l'aide de la sécurité. Le bouc n'insista plus. Il préférait sortir de la bibliothèque en mauvais termes plutôt que d'aggraver la situation si il utilisait sa magie en combat et de finir dans la liste noire d'Horuna.
Le cornérien sortit avec l'envie de tabasser quelqu'un. Au moins, il était parvenu à prendre quelques notes. Faust songea à aller dans une bibliothèque moins fréquenté. En parlant du loup, si la dame pouvait enfin lire tranquillement sans être dérangé par le moindre bruit ou la moindre perturbation visuelle, les étudiants dans ce lieu furent sur les réseaux sociaux en train de poster des photos de Faust. Les plus chanceux qui suivirent NextWaveGram tout près de la bibliothèque foncèrent voir le bouc. Une masse de gens entourèrent de nouveau Faust qui commençait à regretter son choix de s'adapter au nouveau monde. Le voilà à présent comme une bête de foire.
"Some legends are told, some turn to dust or to gold but you will remember me for centuries."
Je sortis du portail prudemment, me frayant un passage dans la foule s'étant créée à de l'autre côté. Depuis mon arrivée, j'étais demeurée au Nippon, car l'envie de découvrir ce nouveau monde ne me vint pas avant un bon moment. J'étais toujours en adaptation, cependant je me sentais moins engourdie psychologiquement.
Hyrule, devenu Horuna, avait bien changé. Sans surprise. Et pourtant je restai immobile, ébahie, devant une machine qui s'élevait vers les cieux. Celle-ci semblait être utilisée pour la construction d'un nouvel immeuble tellement haut qu'il me faisait mal au cou de regarder son sommet. Je finis par passer mon chemin, mon regard s'arrêtant un peu partout. On devait me prendre pour une touriste; ce qui était, en fait, pas tout à fait faux. Au loin, j'aperçus une tonne de personnes réunies au même endroit. Ne sachant ce qui se tramait, je passai à côté. Erreur.
Une jeune fille fonça vers moi et s'exclama « Flarrhen ! ». Ah merde... Aussitôt, d'autres remarquèrent ma présence et commencèrent à prendre des photos. Des situations similaires s'étaient également produites au Nippon. J'avais en effet appris, quelques jours suite à ma sortie de la Pandorica, qu'une espèce de chanteuse virtuelle avait été crée à mon effigie. Nous étions identiques à quelques différences près : ses oreilles à elle étaient faites de métal et elle n'avait pas de queue. Elle n'était même pas une vraie neko !
Je commençais à me demander si je ne devrais pas me costumer pour éviter d'être prise au piège comme ça. J'essayais d'expliquer à mes « fans » que je n'étais une cosplayeuse de Flarrhen quand on me demanda si je pouvais aller près d'Hatsune Faust pour nous photographier. Je me retournai et aperçut alors l'individu dont il était question. Un bouc qui m'était familier. Effectivement, nos routes s'étaient croisées à quelques reprises. Mais... pourquoi désirait-on une photo de nous deux ? Une seule explication me parut plausible.
— Ne me dites pas que c'est un Metacaloïd lui aussi ?!
On me regarda bizarrement et certains rirent comme s'ils pensaient que je blaguais. Oh, bon sang...
Depuis son arrivée au nouveau monde, impossible d'être tranquille si ce n'est pour quelques secondes. Faust aurait dû quitter cet endroit aussitôt que la bibliothécaire lui avait demandé de retirer son "horrible accoutrement", histoire de ne pas avoir ses admirateurs lui coller aux basques. Tandis qu'il essaya de refuser leurs demandes gentiment, le bouc fut intrigué par une voix demandant si il était un Métalcaloid. Le cornérien eut de le réflexe de se dire qu'il s'agissait d'une fan qui n'en croyait pas ses yeux. Mais, en tournant sa tête, des souvenirs lui montaient dans sa tête, notamment ceux du bal de Maiden ou encore de l'exécution de ce dernier. Oreilles de chat, grands yeux bleus et chevelure blonde, Faust semblait reconnaître la jeune femme.
-Je ne pensais pas que t'aurais des fans aussi.
Malgré son sourire nerveux, le cornérien voulait détendre l'atmosphère, même si cela ne lui ressemblait pas.
-Tu sembles être perdue aussi. Je suppose que tu dois être celle que je pense. T'es pas celle qui a eu l'idée d'avaler un micro en plein bal de Sebastian Maiden ?
Le cornérien fut conscient que ce n'était pas la bonne option pour s'échapper et de faire ami avec l'ancienne de Nintendo World en même temps. Entre la pression des fans et le mauvais souvenir au bal (pour Flare), le bélier s'attendait à recevoir une baffe de la part de la neko. Évidemment, il savait bien qu'elle ne s'était pas étouffée elle-même avec le micro. Si Faust se montrait insolent, c'était pour s'assurer si il s'agissait bien de la neko qu'il connaissait et non d'une cosplayeuse qui a connu Maiden dans des bouquins d'histoire. Faust attendait sa réaction avant de trouver un plan, dans le cas où il s'agissait bien, même si il avait déjà une petite idée.
"Some legends are told, some turn to dust or to gold but you will remember me for centuries."
L'air d'avoir entendu ma voix, le bouc se retourna vers moi et sembla réfléchir pendant un moment, chercher dans son esprit où il m'avait déjà vu. Finalement, il sembla trouver, car il m'interpella télépathiquement (ce qui me surprit, ayant oublié qu'il était muet) en me disant qu'il ne pensait pas que j'aurais des fans aussi. Cela me remémora ma carrière après le départ de Hwoarang. J'avais arrêté le combat pendant un moment et j'étais devenue chanteuse, ce qui m'amena à avoir de nombreux fans. Cependant, je ne m'attendais pas, moi non plus, à avoir des fans 1500 ans dans le futur. Un léger sourire s'étira sur mon visage exaspéré. En fait, ses gens n'étaient pas vraiment fan de moi mais d'un personnage inspiré de moi.
Puis, le bouc me posa une question plutôt surprenante. Je fronçai les sourcils, irritée par cette formulation. Le souvenir de ma mort lors du bal me revint en mémoire, me faisant frissonner. Je chassai ces images de mon esprit et m'approcha de l'animal, le dévisageant.
— Disons que ce n'était pas MON idée.
Je soupirai alors que la personne m'ayant demandé de me mettre près de Faust en profita pour nous photographier. Ça ne risquait pas d'être la meilleure des photos. Soudainement, un fan s'exclama que je m'étais trompée, que Flarrhen n'avait pas de queue. Je pivotai vers lui et fit bouger ma queue.
— Je ne me suis pas trompée puisque je ne suis pas costumée en Flarrhen. Comme vous pouvez le voir, ma queue est réelle, autant que mes oreilles. Vous n'en avez peut-être pas entendu parler, mais des héros qui ont existé il y a 1500 ans sont récemment sortis d'une boîte appelée Pandorica qui les a protégé de la fin du monde en ce temps-là. Faust et moi en faisons partie. Les Métacaloïds que vous connaissez sont des personnages inspirés de nous.
La plupart en resta bouche bée avant que des murmures se fassent progressivement entendre. J'ignorais si j'avais réussi à en convaincre quelques-uns.
Faust fut sûr d'une chose. Il était bien à côté de Flare. D'ailleurs, elle tentait de convaincre à ses fans que le duo venait de l'ancien monde via la Pandorica. Si certains restèrent sans voix, Faust eut un mauvais pressentiment qu'il commença à trembler légèrement. En effet, il avait peur que les habitants les prendraient par la suite pour des bêtes de foire. Dans tous les cas, il était hors de question pour lui d'apparaître dans les réseaux sociaux ou dans le journal. L'anthropomorphe attendait un moment d'autres réactions. Mais, des murmures commencèrent à se répandre que quelques secondes plus tard, Faust se mit à stresser.
D'un geste nerveux, ce dernier prit la main de la neko. Avec sa main libre, il matérialisa une sphère bleue dont sa surface ondulait, donnant l'impression qu'il maniait de l'eau qui lévitait. Puis, à la surprise de ses fans, le cornérien s'accroupit. Ceux qui étaient devant le bouc se rapprochèrent d'un air inquiet. En effet, ils se demandèrent si le cosplayeur avait un malaise. En réalité, le bouc frappa sa main avec l'orbe au sol. Celle-ci se mit à grandir suffisamment pour engloutir la foule. Excepté le bouc, ceux qui étaient dans la sphère eurent une sensation d'apesanteur, avec la gravité au sol. Il fallait imaginer cette sphère comme un énorme bassin d'eau où les personnes étaient en scaphandre.
Faust serra Flare rapidement dans ses bras puis chercha un endroit où il y avait des personnes qui ne faisaient pas attention à eux. Faust plissa ses yeux vers le lieu convoité et se téléporta vers l'endroit, emportant la neko au passage. Avant que la sphère se mit à disparaître, Faust se mit à courir en traînant Flare dans sa course. Il ne restait plus pour le bélier qu'à semer la foule.
-Je suis désolé de te faire courir et de t'avoir pris dans tes bras ! La foule m'insupporte. Dé Normal : Où est-ce que le duo va courir ? 1 : Station de métro 2 : Ruelle étroite 3 : Parc 4 : Centre commercial 5 : Quartier d'habitation (peuplé ou non) 6 : Faust rentre sur un passant
"Some legends are told, some turn to dust or to gold but you will remember me for centuries."
Je regardai la foule d'un regard sévère, franchement fatiguée par cette histoire de Métacaloïds. Soudainement, je sentis qu'on me saisissait la main. Je me retournai vers Faust; il semblait plutôt anxieux à voir son visage. Sans prévenir, il fit apparaître une sphère d'eau qui engloutit nos « fans ». Ceux-ci et moi-même étions toujours contraints par la gravité, ce qui ne semblait pas être le cas pour Faust. Je fus d'ailleurs surprise de pouvoir respirer malgré le fait que je me trouve dans de l'eau.
Je me demandai pourquoi il agissait de la sorte. Lorsqu'il me prit dans ses bras et commença à s'éloigner, je compris qu'il souhaitait fuir. Puis, il nous téléporta dans un quartier d'habitation légèrement éloignés de la foule. Je courrai à ses côtés, alors qu'il s'excusait, toujours aussi dubitative. Je me retournai, voyant qu'un certain groupe de personnes avait décidé de nous poursuivre, nous criant de revenir.
— Tu veux bien m'expliquer pourquoi on les fuit ? C'est des gens normaux, que veux-tu qu'ils nous fassent ? On aurait peut-être pu les raisonner quant à notre identité.
Je continuais ma course jusqu'à ce qu'on me saisisse la queue, ce qui me fit pousser un cri de douleur et qui m'arrêta brusquement. Je pivotai alors vers une petite fille qui ne devait pas avoir plus de quatre ans.
— Regarde maman ! Elle a une queue de chat ! — Je vois ça oui, mais tu devrais la lâcher, ce n'est vraiment pas poli ce que tu as fait. — Pardon... s'exclama la fillette en baissant la tête. — Ça va ça va, mais maintenant il faudrait vraiment que tu me laisses partir. — Seulement si je peux toucher tes oreilles aussi ! — ...
Je m'agenouillai rapidement et penchai ma tête vers elle pour qu'elle puisse caresser mes oreilles. Puis je me relevai quand je vis que nos poursuivants se rapprochaient de plus en plus.
— Je dois partir maintenant !
Ainsi, je repris ma course, pas toujours certaine de la raison de cette fuite.
Il ne manquait plus que ça. Voilà que le groupe de fans se mirent à la poursuite de Faust et de Flare. D'ailleurs, cette dernière lui demanda pourquoi les fuir alors que c'étaient juste des personnes banales. Le bouc était en train d'y réfléchir à la manière d'y répondre. Cependant, courir à grande vitesse et penser en même temps fut une grande épreuve pour le cornérien. Si ce dernier voulait parler à Flare, il fallait déjà semer la foule, si ce n'était que pour quelques secondes.
Durant sa course, le cornérien s'arrêta en même temps que la neko sentit qu'on lui tirait sa queue. Il s'agissait d'une petite qui voulait toucher aux oreilles de le jeune femme. Faust l'envie de son courage. En effet, si il était à sa place, il aurait largement hésité. Bref, la foule s'approcha. Le duo continuait à fuir. En apercevant une sorte de ruelle étroite, Faust se sentit soulagé. C'était la planque idéale contre ses fans. Sans hésiter, Faust observa les bennes à ordures avant de se téléporter derrière eux avec Flare. Le duo qui courait dans la grande rue ne devinrent plus qu'une hallucination par le groupe. Le bouc épiait la grande rue avant de pousser un soupir.
Faust regarda Flare avant de dévier son regard. Elle pouvait voir malgré son absence d'expression faciale, un sentiment d'anxiété. En effet, le bouc tremblait légèrement.
-Te voir avec la fille était plutôt mignon. Enfin... bref. Tu sais, parfois, j'envie de ton aisance face à la foule qui peuvent brandir leurs appareils. Seulement, j'ai l'impression d'être une bête dans un zoo. Ils filment mais, je ne sais pas si on nous dira du bien ou du mal. Ca me fait vraiment peur... Peut-être que c'est une situation dont je ne suis pas habitué, ou peut-être que c'est le nouveau monde. Je t'aurai demandé plus tôt si tu voulais rester avec la foule avant de partir. Si tu souhaites convaincre la foule, dans ce cas, je ne te forcerai plus à me suivre. Désolé...